ON considère d’une manière consensuelle que le vieillissement correspond à l’ensemble des processus physiologiques et psychologiques qui modifient les structures et les fonctions de l’organisme à partir de l’âge mûr que l’OMS fixe à 65 ans le seuil de la vieillesse.
Mais il faut bien distinguer entre vieillissement normal et pathologique, car une bonne connaissance du vieillissement normal est indispensable afin de différencier entre les effets du vieillissement et ceux des maladies survenant avec une plus grande fréquence avec l’avancée en âge ; auquel cas cela peut conduire à une prise en charge insuffisante voire même à une absence de traitement comme on le constate encore trop souvent !
En fait, il ne faut jamais perdre de vue qu’il existe une très grande hétérogénéité dans la population générale d’ordre très certainement génétique au départ, sur laquelle se surajoute le parcours individuel de chacun.
Le petit inventaire de la situation auquel nous nous essayons explore les effets de l’âge sur les différents organes et fonctions. Il n’a pas vocation à l’exhaustivité.
Les effets de l’âge sur l’organisme considéré dans sa globalité
Le poids varie peu en général lors de l’avancement en âge, sauf en cas de restriction calorique volontaire, mais la composition corporelle se modifie très significativement avec une augmentation de la masse grasse et une diminution de la masse maigre, comprenant au premier chef les muscles, ce qui est potentiellement néfaste à une bonne activité physique, essentielle à un vieillissement harmonieux.
Le métabolisme des glucides se modifie (la tolérance glucidique diminue) et une insulinorésistance se développe.
La capacité de l’organisme à s’adapter aux situations de stress se réduit.
À savoir : les besoins alimentaires, qualitatifs et quantitatifs, des personnes âgées sont sensiblement les mêmes que ceux d’adultes plus jeunes à niveau d’activité physique identique.
Les effets de l’âge sur le tube digestif
On peut observer des anomalies au niveau du pharynx et de l’œsophage, comme une hyposensibilité pharyngée à l’origine de l’altération des boucles réflexes susceptibles de favoriser des troubles de la déglutition. Si la vidange gastrique est globalement peu modifiée avec l’âge, du fait du vieillissement de l’estomac lui-même, celle-ci peut être, en revanche, fortement ralentie, via des boucles réflexes, du fait d’une constipation.
Le fonctionnement de l’intestin est, au contraire de l’estomac, fortement influencé par l’âge et on sait la fréquence élevée de la constipation. Au niveau du grêle, on note une réponse motrice diminuée à la prise alimentaire, et un appauvrissement des plexus myentériques (système nerveux intrinsèque) au sein du côlon. On connaît d’ailleurs la fréquence très élevée de la constipation terminale, souvent associée à une incontinence fécale.
Les effets de l’âge sur les fonctions sensorielles
Le vieillissement oculaire s’accompagne vers 50 ans d’une nette réduction des possibilités d’accommodation (presbytie), associée plus tardivement à une opacification progressive du cristallin (cataracte).
Celui de l’appareil cochléovestibulaire entraîne une perte auditive progressive, surtout dans les sons aigus (presbyacousie).
Enfin, on constate aussi au cours du vieillissement, une modification de la sensation de soif (il faut une plus forte augmentation de l’osmolarité plasmatique pour déclencher une sensation de soif que chez les personnes plus jeunes) ainsi qu’une altération de la régulation thermique corporelle.
Les effets de l’âge sur le système locomoteur
Le vieillissement du système locomoteur se traduit par une diminution de la densité des fibres musculaires et de la masse musculaire (sarcopénie) provoquant une baisse de la force musculaire, une réduction de la densité minérale osseuse (ostéopénie, ostéoporose) avec un risque de fractures, et par des modifications du cartilage articulaire (baisse de la teneur en eau, du nombre des chondrocytes, modification de la composition en glycosaminoglycanes) entraînant son amincissement et une altération de ses propriétés mécaniques.
Les effets de l’âge sur le système immunitaire
La réponse humorale est globalement préservée, mais ce n’est pas le cas des réponses immunitaires cellulaires, notamment celles impliquant les lymphocytes T. Les sécrétions de diverses interleukines, qui jouent un rôle essentiel dans la coopération des cellules immunitaires, sont fortement modifiées.
À savoir : l’état nutritionnel conditionne en partie la réponse immunitaire.
Les effets de l’âge sur le système cardiovasculaire
Le vieillissement provoque une rigidification progressive des artères, entraînant (via une réduction de la compliance artérielle) une augmentation de la pression artérielle systolique et aussi de la masse cardiaque. Avec le temps, le cœur perd peu à peu sa capacité à augmenter son rythme en réponse à la stimulation du système nerveux autonome.
Les effets de l’âge sur l’appareil respiratoire
On observe une diminution de la capacité ventilatoire, des compliances pulmonaires et thoraciques (capacité du poumon à s'expandre en réponse à une augmentation de pression) ainsi que de la perméabilité à l’oxygène de la membrane alvéolocapillaire entraînant une baisse de l’oxygénation du sang.
Les effets de l’âge sur la fonction urinaire
Le vieillissement (compliqué d’une accumulation d’impacts de processus pathologiques tout au long de la vie) s’accompagne d’une diminution du nombre de néphrons fonctionnels, conduisant à une baisse des capacités d’élimination du rein.
La clairance de la créatinine représente à 80 ans, en moyenne, la moitié de celle existant à 20 ans.
Les effets de l’âge sur la peau et les phanères
Un amincissement (par perte de fibres élastiques et modifications du collagène) et une sécheresse cutanées (réduction d’activité des glandes sébacées et sudoripares) sont observés, accompagnés d’un épaississement fibreux du derme. Quant aux phanères, leur vitesse de croissance décroît.
Les effets de l’âge sur le système nerveux central et les fonctions cognitives
Si on observe une diminution du nombre de neurones corticaux, une raréfaction de la substance blanche et une baisse de certains neurotransmetteurs (comme l’acétylcholine), bien que les capacités d’apprentissages soient un peu diminuées, les fonctions motrices, sensitives et cognitives sont globalement bien conservées. Cela étant, la capacité à réaliser des doubles tâches est altérée.
Le sommeil est très modifié au cours du grand âge, avec une diminution de sa quantité, une fragmentation et des modifications de sa structure qualitative. Il existe également une dérégulation des rythmes biologiques.
À savoir : les troubles du sommeil sont un symptôme annonciateur de maladies neurodégénératives.
DIDIER RODDE
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