Les fonctions cognitives ont pour finalité de faire agir l’individu par rapport au monde extérieur, son entourage, son environnement, son milieu. L’une d’elles est centrale : la mémoire, qui va permettre d’acquérir, stocker ou utiliser les différentes informations récoltées. Les autres fonctions complémentaires sont l’attention, le langage, la création, le raisonnement et aussi les fonctions visuospatiales qui vont compléter l’action de la mémoire et permettre de se localiser dans l’espace et dans le temps. Elles reposent sur l’activité de structures anatomiques bien définies. Une fonction ne marche pas sans l’autre Par exemple, lorsque la MA s’installe, la fonction mnésique n’est pas seule à être touchée. Les troubles affectent aussi le langage, le repérage dans l’espace et le temps, le comportement.
Une fois traitée par la mémoire à court terme, l’information va être stockée dans la mémoire à long terme. Ce qui a été vu, entendu, senti, touché, goûté va y être installé de manière permanente. La création de cette mémoire à long terme dépend des points de départ des processus d’enregistrement. Si le point de départ est composé de connaissances culturelles ou générales, la mémoire à long terme qui lui correspond est la mémoire sémantique. Tout un champ de connaissance est fixé de manière permanente dans le cerveau. Si le point de départ est composé de souvenirs datés et localisés, la mémoire permanente à long terme qui lui correspond est la mémoire épisodique. Comme le nom l’indique, elle se rapporte à un épisode précis de la vie d’un individu fixé à jamais dans son cerveau. Ces deux mémoires sont déclaratives et explicites. Pour aller puiser dans leur stock, le rappel de l’information est toujours conscient et intentionnel. Lorsqu’on questionne ces mémoires, on peut verbaliser la réponse.
Parcours d’un souvenir.
Quatre étapes jalonnent le parcours d’un souvenir : l’encodage, le stockage intimement lié à la consolidation et enfin la restitution ou récupération. Cette segmentation en plusieurs étapes a été particulièrement étudiée pour la mémoire épisodique
Première étape : l’encodage. Toute nouvelle information arrive au cerveau par l’intermédiaire des organes sensoriels. Elle est traitée, codée et transformée en une trace mnésique potentiellement apte à être stockée.
Seconde étape : le stockage. Une fois codée, l’information est stockée définitivement. Cette rétention de l’information se réalise dans le néocortex et n’est efficace que si l’étape de consolidation fonctionne correctement.
Entre en scène l’hippocampe. Zone de transit, il organise les informations du cerveau et fait d’une copie temporaire, une copie définitive qu’il projette sur l’ensemble du cerveau.
Quatrième étape : la restitution. À chaque instant de la vie, l’individu va vouloir et pouvoir puiser dans sa mémoire afin de restituer le souvenir. Lorsque le souvenir est récupéré de façon automatique, la tâche incombe à l’hippocampe. Lorsque la récupération demande des efforts mentaux, c’est le cortex frontal droit qui travaille. Pour que la mémoire soit performante, tous les éléments constitutifs du souvenir doivent être « réassemblés ». Plus les informations ont été correctement stockées, bien codées, bien structurées, bien organisées, plus il sera facile d’aller chercher ces différents éléments et restituer le souvenir dans sa plus grande intégralité possible.
Les amnésies.
a) les amnésies organiques :
Centrées sur un déficit sévère de la mémoire avec une amnésie antérograde (perte de la capacité de mémoriser des informations nouvelles) et rétrograde (perte des souvenirs enregistrés avant le début des troubles), elles sont consécutives à une lésion du système limbique (ensemble de structures impliquées dans les émotions et la formation de la mémoire dont hippocampe, amygdale, fornix et hypothalamus).
b) amnésies fonctionnelles :
Les amnésies fonctionnelles se définissent comme une perte de mémoire, le plus souvent temporaire, en l’absence de lésions cérébrales détectables (peut être y a-t-il lésions mais elles ne sont pas connues). Elles surviennent brutalement du fait d’un traumatisme psychologique, d’un stress émotionnel (=amnésies psychogènes).
L’amnésie d’identité : amnésie rétrograde de début brutal avec une perte d’identité personnelle (incapacité à évoquer des souvenirs personnels importants) et une période d’errance (patients retrouvés dans les gares, aéroports).
c) amnésies transitoires :
L’ictus amnésique idiopathique sans cause identifiée : trouble transitoire massif et isolé de la mémoire chez un individu de 60 ans et plus. Durée : 4 à 6 heures. Incapacité à mémoriser des informations nouvelles. Pendant l’ictus : anxiété, pas de troubles de la vigilance ni du raisonnement, questions itératives. Préservation de l’identité personnelle, activité adaptée. Pronostic favorable sans séquelles
À citer également, l’accident ischémique transitoire des artères cérébrales postérieures, les amnésies commotionnelles transitoires et les amnésies médicamenteuses (benzodiazépines).
d) amnésies dans un contexte pathologique :
L’état de stress post-traumatique : exposition initiale de la personne à un événement traumatique avec menace sur la vie ou l’intégrité physique provoquant peur, détresse, horreur (combats, actes de terrorisme, accidents de la circulation, viols, agressions, abus sexuel pendant l’enfance).
Autisme infantile et syndrome d’Asperger : troubles de la fonction exécutive (capacité d’inhibition, de flexibilité, de planification) de la mémoire de travail et les stratégies de recherche en mémoire, anomalie du développement social et de la communication.
Dépression : troubles de la concentration, ralentissement de la pensée et des troubles de la mémoire liés à la sévérité du syndrome dépressif. Déficit des mécanismes de récupération. Atteinte de la mémoire autobiographique. Rappels préférentiels d’événements négatifs qui alimentent la symptomatologie dépressive.
Les maladies de la mémoire et de la cognition (démences).
Les troubles de la mémoire sont associés à des troubles de la fonction cognitive et/ou du comportement.
a) Démences corticales :
Évoquons la maladie d’Alzheimer, la désorientation dans l’espace et le temps ou le syndrome des 3A associé au déficit mnésique avec Aphasie (troubles du langage), Apraxie (troubles de l’organisation gestuelle) et Agnosie (troubles de la perception).
La dégénérescence du cerveau observée dans la maladie d’Alzheimer est liée à la précipitation exagérée de substances protéiques (protéine "bêta-amyloïde" et protéine "tau"), issues de deux processus dégénératifs qui se potentialisent pour provoquer la mort des neurones.
Au début de la maladie, les lésions de DNF siègent au niveau des régions hippocampiques, altérant mémoire de travail et mémoire épisodique. Puis les lésions de DNF apparaissent dans les régions néocorticales reliées aux formations hippocampiques expliquant les troubles des fonctions instrumentales, de l’attention, de l’orientation. L’atteinte du néocortex frontal sous-tend l’apparition des troubles comportementaux et des fonctions exécutives. Au stade ultime, l’ensemble du cortex est envahi de lésions de DNF.
La démence frontotemporale : troubles neuropsychiatriques au premier plan mais troubles des fonctions exécutives et de la mémoire de travail discrets au début. Age de survenue (50 à 70 ans). Méconnaissances des troubles. Diagnostic différentiel avec la MA.
La démence sémantique : manque du mot massif associé à des troubles de la compréhension lexicale. Mots bien prononcés, phrases bien construites, langage conversationnel possible. Troubles de comportement : difficulté à se comporter de manière appropriée lors des interactions sociales, repli social, comportements répétitifs et rigidité mentale.
b) Les démences sous-corticales :
Lésions prédominantes des noyaux gris centraux entraînant une « déactivation » du cortex préfrontal
Des lésions corticales peuvent être présentes.
La Paralysie Supranucléaire Progressive (PSP) : troubles de la posture entraînant de nombreuses chutes. Paralysie du regard vers le bas. Dysarthrie, dysphagie, rigidité axiale, troubles oculomoteurs. Troubles moteurs progressifs, lenteur des mouvements, raideur musculaire, altération des mouvements oculaires, modification de la voix, ralentissement des fonctions exécutives : troubles du raisonnement, de la résolution des problèmes, de l’élaboration des concepts et de la planification. Troubles de la mémoire antérograde. Passation des tests marqués par la lenteur et la fatigabilité
La maladie de Parkinson : troubles moteurs (akinésie, rigidité, tremblements et des troubles posturaux) et troubles intellectuels (ralentissement idéique, traitement des informations visuospatiale, déficit marqué de la flexibilité mentale. Mémoire de travail altéré. Après plusieurs années d’évolution, environ 20 % des patients développeront un syndrome démentiel.
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