Les technologies susceptibles d’aider à améliorer l’observance des seniors doivent d’abord être pensées en termes d’usage avant d’être choisies pour des raisons qui seraient purement techniques. Ce point de départ s’impose aux patients, et plus encore aux professionnels de santé qui les préconisent.
Dans le cas des personnes âgées, la question est d’autant plus aigüe qu’il s’agit de patients réfractaires à ces technologies. Ces outils, applications mobiles, objets connectés, piluliers intelligents ne peuvent être considérés en eux-mêmes comme LA solution à la non observance des seniors. Un accompagnement est nécessaire.
« Il y a d’abord une première étape indispensable, faire prendre conscience au patient âgé qu’il n’est pas observant, en comprendre les raisons sans jamais le culpabiliser, car le fait de prendre des traitements tous les jours n’est pas facile », explique Caroline Blochet, Présidente de Medissimo. « Après, et après seulement, se pose la question du comment. » Mieux, les technologies en elles-mêmes n’ont pas beaucoup de sens s’il n’y a pas un accompagnement derrière.
Cécile Maigne, responsable du programme Marguerite (un livre blanc consacré à l’observance des personnes âgées polymédicamentées autonomes) du laboratoire Teva, insiste sur la nécessité d’impliquer les professionnels de santé dans l’usage de ces technologies. « Des solutions uniquement tournées vers le patient n’ont aucun intérêt », estime-t-elle. Teva se tient pour l’instant à distance de ces différentes technologies et préfère utiliser des moyens plus simples, comme des conseils qu’on peut consulter sur un site Web dédié.
Problèmes cognitifs ou pas
L’implication des professionnels de santé est d’autant plus importante que le patient âgé sera polymédiqué et dépendant. On ne peut en effet envisager l’ensemble des seniors comme un groupe homogène. « Les 70 à 75 ans, jusque parfois 80, qui n’ont pas de problème cognitif particulier sont des patients comme les autres », estime ainsi Geoffroy Vergez, directeur général d’Observia.
Et à ce titre, ils peuvent très bien utiliser les outils proposés dans le cadre de l’observance générale. « Dans le cas des personnes très âgées polymédiquées, une technologie plus adaptée peut en revanche suppléer un manque cognitif ». Il lui faut être la plus simple possible dans son usage, la plus ergonomique, tout en étant la mieux reliée à l’entourage. Caroline Blochet présente une segmentation simple et habile des technologies qu’il est possible d’utiliser : le 2.0, le digital sécurisé, les applications mobiles donc, et le 3.0, l’Internet des objets.
Il faut considérer que les patients très âgés, polymédiqués, n’utilisent pas facilement smartphones et tablettes, d’où peut-être la nécessité pour eux de prendre en compte d’emblée le 3.0, c’est-à-dire, les piluliers intelligents et les objets connectés. Tout ce qui relie ces patients à leur entourage et aux professionnels de santé permet de répondre à la nécessité de l’accompagnement.
De nombreux outils connectés existent, parmi lesquels on peut citer l’Imedipac de Medissimo, le Do Pill de Pharmagest, le Sivan de Medsecure, ou encore sous une forme un peu différente, le Medivib d’Ithaq. Certains prestataires proposent des plates formes logicielles complètes en support d’observance à des piluliers intelligents comme Robotik, ou plus largement, à des objets connectés comme le fait Sympad.
Tous ces systèmes ont en commun la possibilité d’envoyer des alertes en cas de non prise. Mais le « 2.0 » peut aussi avoir son utilité, affirme Caroline Blochet. « Les applications mobiles permettent de tracer les effets secondaires, de tracer également l’automédication et de ce fait les interactions possibles avec les traitements prescrits, elles apportent ainsi la possibilité aux pharmaciens de réorganiser si nécessaire le traitement avec le médecin », explique-t-elle.
Suivi du traitement
Les objets connectés peuvent avoir un rôle spécifique dans ce cadre de la relation entre le patient âgé et les professionnels de santé. Ils n’aident pourtant pas à respecter l’observance stricto sensu, si l’on réduit celle-ci au rappel et au suivi des prises des médicaments.
« L’usage des objets connectés permet de réaliser un suivi de l’efficacité du traitement proposé et peut conduire à une évolution des traitements », souligne Charlotte Grégoire, responsable France d’Omron, spécialiste de dispositifs médicaux qui propose entre autres un brassard connecté capable de mesurer la tension.
« De fait, la moyenne d’âge de nos clients est plutôt élevée, proche de 80 ans », ajoute Charlotte Grégoire. Le brassard connecté, Intelli Wrap, est relié à une application de gestion de santé et permet un suivi attentif de la tension, sujet de préoccupation important chez de nombreuses personnes âgées. Il manque cependant encore la fluidité des échanges entre pharmaciens et médecins pour que l’usage d’un tel dispositif connecté permette d’adapter le traitement rapidement.
D’autres dispositifs apparaissent qui se positionnent directement autour de la prise de médicaments. C’est le cas de Pill Up, proposé par la société du même nom : Il s’agit d’un bouton intelligent accroché au médicament, de forme sèche ou pas qui, quel que soit le contenant, signale par le biais d’un programme le moment de la prise et, au cas où elle n’aurait pas été réalisée, alerte deux fois avant d’envoyer un message par SMS à un proche ou un professionnel de santé.
Ce produit aurait du être commercialisé l’année dernière, mais la phase de tests a été plus longue que prévu, révèle Marine Bibollet, chef produits de Pill-Up. Il le sera dans le courant du deuxième trimestre. Conçu avec le souci d’apporter la plus grande simplicité, notamment aux personnes âgées auxquelles il est particulièrement destiné, sa programmation peut parfois leur sembler complexe, d’où la nécessité de prévoir l’aide d’un proche ou d’un membre de la famille, à qui elle paraîtra plus simple. Cette complexité est sans doute l’affaire d’un moment, ces quelques années durant lesquelles les plus anciens ne s’habitueront pas aux technologies et les autres s’y familiariseront plus volontiers.
En attendant que cette transition s’opère, il faut bien faire avec, et ne jamais oublier d’établir un programme d’observance, quel que soit la facilité ou pas avec laquelle la personne âgée pourra utiliser les technologies proposées.
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