En 2013, Béatrice Clairaz, pharmacienne à Châtenay-Malabry, n'a pas hésité à proposer le test oro-pharyngés de l'angine à streptocoque A à sa clientèle : « Lorsque les TROD pour l'angine ont été autorisés la première fois, nous avons informé notre clientèle par un affichage en vitrine. Au comptoir, nous proposions ce test en cas de maux de gorge, tout en laissant le choix au patient, et en lui indiquant le coût ». Aujourd'hui, malgré la réhabilitation des TROD en août dernier, Béatrice Clairaz n'a pas réactivé ce service ; elle n'en reste pas moins convaincue de ses bénéfices : « Le TROD pour l'angine est un bon outil pour maîtriser l'utilisation des antibiotiques. Sa réalisation est légitime en pharmacie. Si le test se révèle négatif, les pharmaciens ont toutes les clés en main pour une prise en charge rapide et de qualité ». La réalisation de ces tests a également permis d'introduire la notion de traçabilité du service pharmaceutique, et de transmission au médecin ou à d'autres professionnels de santé.
Pourquoi le pharmacien est concerné ?
En 2015, la mise à disposition des autotests VIH a démontré que la pharmacie pouvait et devait être une porte d'entrée au dépistage et à la prévention. Une évolution assez logique et une compétence identifiée depuis longtemps par les Français. Dans les années quatre-vingt-dix, les pharmaciens ont été des acteurs importants pour promouvoir l'usage des préservatifs tandis que l'épidémie de SIDA flambait. De même, la prévention des IST (infections sexuellement transmissibles) dans la population des toxicomanes s'est concrétisée par la mise à disposition des Stéribox et l'intervention des pharmaciens au sein des CAARUD. Plus simplement, chaque jour, le pharmacien et son équipe répondent aux questions que les patients se posent. Pourquoi ? Parce qu'on entre dans une pharmacie comme dans un moulin ; et ce n'est pas péjoratif. Les officines sont accessibles, présentes sur l'ensemble du territoire et ouvertes 6 jours sur 7. C'est sans doute pour cela qu'en novembre 2016 (mois sans tabac), on a proposé à Béatrice Clairaz de mettre son officine à la disposition d'une opération de prévention du tabagisme : « Un médecin tabacologue m'a sollicitée dans le cadre d'une expérimentation. Pendant deux jours à une semaine d'intervalle, il a mené des consultations de sevrage tabagique, sur rendez-vous, dans ma pharmacie. Cette opération ponctuelle a permis de toucher des fumeurs qui n'auraient jamais fait la démarche de consulter un tabacologue ».
Ce constat, Véronique Girard le partage. Titulaire à Melle (79), elle a proposé une opération de dépistage gratuit des troubles auditifs, en partenariat avec l'officine voisine et Sonalto. « L'expérience est très positive. D'ailleurs nous sommes obligés de la prolonger pour répondre aux nombreuses demandes. Beaucoup de clients sont venus alors qu'ils n'auraient pas fait la démarche d'aller voir directement un ORL pour leurs problèmes d'audition ». À l’issue de ce rendez-vous, certains ont pu essayer l'appareil Sonalto quelques jours chez eux. D'autres ont été orientés vers une consultation médicale pour une exploration plus poussée.
De nouveaux outils
Pour accompagner le pharmacien dans la voie du dépistage, des appareils inédits ou applications sont aujourd'hui proposés. Ainsi, Sudoscan, développé par la société Impéto Médical, permet de dépister les neuropathies diabétiques à partir d'une évaluation de la fonction des glandes sudoripares. Autre exemple, celui de l'appareil de mesure pour l'évaluation des risques cardiovasculaires d'un individu, proposé par Alphéga. Dénommé « l'âge de vos artères », cet outil de dépistage donne au pharmacien l'opportunité d'intervenir, parfois de manière précoce, dans la prévention ou le dépistage des facteurs de risque cardiovasculaire, en complément de la prise de tension. Il y a fort à parier que de nouveaux outils de ce type verront prochainement le jour pour aider le pharmacien dans son rôle de « dépisteur ». La prochaine étape sera alors d'évaluer rigoureusement ces méthodes, notamment leur fiabilité en termes de résultats, pour orienter efficacement le pharmacien. Un travail dont la HAS devrait s'emparer sans attendre.
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