Économie de l'officine

Les chiffres qui font débat

Par

Publié le 06/03/2017

Article réservé aux abonnés

Quoi de mieux que des chiffres pour animer les discussions et nourrir les débats ? La pharmacie n'échappe pas à la règle. Brandis comme des arguments forts, ils n'en sont pas moins discutables dans leur interprétation et les réponses qu'ils suscitent.

chiffres
Crédit photo : DR

1,02 euro

Un honoraire à 1,02 euro TTC : 1,02 euro TTC (1 euro HT), c'est le nouveau montant de l'honoraire pour la délivrance des conditionnements mensuels applicable depuis le 1er janvier 2016. Grand chantier initié par la Convention pharmaceutique de 2012, l'introduction d'un honoraire devait permettre de déconnecter du prix et des volumes des médicaments la rémunération des pharmaciens. L'honoraire de dispensation représenterait aujourd'hui 53 % de la rémunération. Efficace mais insuffisant pour compenser les baisses de prix en chaîne. Pour les syndicats, ce n'est pas un mais plusieurs honoraires qu'il convient désormais de mettre en place afin de prendre en compte la complexité des prescriptions ou encore l'intervention pharmaceutique quelle que soit l'issue (même si elle n'aboutit pas à la délivrance de médicaments). La FSPF demande la création d'un honoraire supplémentaire de 2 euros par ordonnance, en moyenne.

- 1 %

L'activité en recul de 1 % : selon une analyse partielle réalisée par Fiducial (sur les 3 premiers trimestres 2016), la pharmacie française reste « en panne de croissance », et enregistre un recul de l'activité de 1 %. Une situation à laquelle s'est habituée la profession. Quant à la marge brute, exprimée en valeur relative au chiffre d’affaires ou en valeur absolue, elle reste stable. D'une manière générale, les baisses de prix et des volumes de médicaments remboursables ne sont pas totalement compensés par les nouveaux processus de rémunération.

1 par jour

Une fermeture par jour : le mois de septembre 2016 a été l'un des plus noirs pour le secteur officinal. Avec vingt-huit licences remises, le nombre de fermetures d'officine s'est accéléré, équivalant quasiment à 1 fermeture par jour (contre 1 fermeture tous les 2,5 jours en 2014 et 1 fermeture tous les 2 jours). L'offre pharmaceutique est au cœur des préoccupations, avec un projet d'ordonnance pour la répartition des officines sur le territoire. Dès sa publication, le texte a été fortement contesté par la profession, qui y voit un risque de dégradation du maillage territorial. Une deuxième version proposée en janvier maintient la voie dérogatoire pour l'installation dans les aéroports et les zones touristiques, les transferts dérogatoires dans les zones commerciales, et la mise en place de succursales en zones fragiles.

5 977 euros

Ce que rapportent les ROSP : les rémunérations sur objectifs de santé publique (ROSP) ont évolué en 2016, avec l'entrée en application de trois avenants à la Convention pharmaceutique. Concernant les entretiens pharmaceutiques, une rémunération de 30 euros ou de 40 euros par an et par patient peut être perçue selon les modalités d'accompagnement du patient. Les entretiens pharmaceutiques sont considérés comme un complément de revenu mais de nombreux dysfonctionnements persistent comme le délai de paiement. En 2015, les entretiens ont rapporté un peu moins de 1 million d'euros au réseau. En 2016, une rémunération spécifique pour la transmission des numéros d'identification des prescripteurs hospitaliers au RPPS a été mise en place. Elle est découpée en cinq tranches tarifaires, de 0,15 euro par RPPS jusqu'à 1 000 numéros transmis à 0,05 euro au-delà de 4 000 numéros transmis. Cette contribution devrait être versée au premier trimestre 2017 pour le travail réalisé en 2016. Elle pourrait rapporter au réseau 8 millions d'euros (370 euros par officine) en année pleine. Sur le terrain, les pharmaciens ont rencontré des problèmes de transmission qui ont pu freiner cette mesure. Enfin, la ROSP générique a permis une rémunération moyenne par pharmacie de 5 977 euros en 2015. Selon la FSPF, elle devrait rapporter 143 millions d'euros pour le réseau officinal en 2016 et retrouver ainsi le niveau 2014. L'objectif national de substitution est passé à 86 % en 2016, soit 1 point de plus par rapport à l'année précédente. Sur le terrain, des obstacles à la substitution sont dénoncés, notamment la mention non substituable qui a failli coûter au clopidogrel son inscription au TFR.

- 500 M d'euros

Cinq cents millions d'euros de baisses de prix : le médicament reste un des leviers privilégiés pour remettre à flot les comptes de la Sécu. La LFSS 2017 prévoit 4 milliards d'économie pour la branche maladie dont plus de 1,4 milliard sur les produits de santé. L'impact sur l'officine est évalué à 900 millions d'euros. De nouvelles baisses de prix sont programmées, à hauteur de 500 millions d'euros. Les économies générées via le générique s'élèvent à 340 millions d'euros dont 210 millions grâce à une baisse des prix. Les dispositifs médicaux ne sont pas épargnés et contribuent aux efforts à hauteur de 90 millions d'euros.

3 105

Hausse des étudiants en santé : pour l'année scolaire 2016-2017, le nombre d'inscrits en PACES a augmenté de 0,85 % ; ce sont donc 58 627 étudiants qui ont choisi de suivre ce cursus. Pour la filière pharmacie, le numerus clausus a été revu à la hausse, avec dix places supplémentaires soit 3 105 places au total. Face à cet engouement pour les études de santé, certaines facultés se sont trouvées confrontées à des difficultés d'accueil. En mai 2016, le rectorat de Paris a évoqué l'idée d'un tirage au sort pour gérer le sureffectif, avant de se raviser. La menace d'une sélection aléatoire pour accéder à la PACES n'est reste pas moins d'actualité. Dernièrement, cette idée a été de nouveau évoquée par le Conseil national de l'enseignement supérieur, pour les filières sous tensions.

David Paitraud