Quelques définitions.
Sécheresse cutanée, ou xérose : déséquilibre lipidique associé à une déshydratation de la peau.
NMF (natural moistering factors, ou facteur naturel d'hydratation) : facteur présent à la surface de l'épiderme, intervenant dans l'équilibre hydrique de la peau. Le NMF se compose d'éléments hydrophiles (acides aminés, lactates et urée) capables de retenir l'eau à la surface cutanée.
FHL (film hydrolipidique de surface) : émulsion naturelle recouvrant la surface de la peau. Ce film est composé d'une partie aqueuse (sueur) et d'une partie lipidique (sébum). Le FHL maintient l'hydratation cutanée en limitant l'évaporation de l'eau, par effet occlusif, et en protégeant la peau des agressions extérieures.
Peau déshydratée : peau ayant subi une perte excessive en eau.
Fillagrine : protéine qui participe à l'hydratation et à la cohésion lipidique de l'épiderme. Elle peut être déficitaire dans certaines dermatoses, comme la dermatite atopique.
Un peu de physiopathologie.
L'eau et les éléments lipidiques sont répartis entre les trois couches de la peau, de l'hypoderme en profondeur à l'épiderme en surface. Plus précisément et schématiquement, l'hypoderme est un tissu adipeux riche en adipocytes. Au niveau supérieur, le derme est considéré comme le réservoir d'eau (il concentre 80 % de l'eau cutanée) grâce à un réseau de fibres et de protéines hydrophiles (protéoglycanes et glycosaminoglycanes). L'eau du derme est d'origine exogène et endogène. L’épiderme est la couche visible, fine mais résistante, composée majoritairement des kératinocytes. Il assure la protection de la peau et régule les échanges avec l'extérieur. L'eau y est captée et retenue par le NMF.
Le processus de la sécheresse cutanée
La sécheresse cutanée résulte de deux phénomènes très liés et concomitants : une déshydratation et une perte en lipides. Dans les membranes et les espaces intercellulaires de l'épiderme, l'absence ou la désorganisation de la couche lipide fragilisent le NMF et le FHL.
Les causes de la sécheresse cutanée
Le déséquilibre hormonal associé au vieillissement, ainsi que les facteurs externes (tabac, froid, vent, hygrométrie) ou internes (carence nutritionnelle, prise de médicaments) sont les causes majeures de la dé-structuration de la peau et de la dérégulation des systèmes enzymatiques localisés au niveau cutané. À la ménopause par exemple, l'action stimulante des estrogènes sur l'équilibre lipidique et hydrique cesse, ce qui perturbe la structure cutanée et favorise le desséchement. Dans certaines pathologies comme la dermatite atopique, la sécheresse cutanée résulte d'un déficit en fillagrine.
La peau sèche : ça se voit, ça se ressent
La sécheresse cutanée se traduit par une sensation d'inconfort, caractérisée par des démangeaisons diffuses et des tiraillements. La surface cutanée est fine, rêche au toucher et irritable. Des lésions de type dartres et squames sont généralement associées. Visuellement, le teint est clair et sans éclat du fait d’un déficit en sébum. La sévérité de la sécheresse est évaluée à partir du degré d’expression de ces signes.
Les cas particuliers
La sécheresse cutanée peut être associée à une pathologie, dont la dermatite atopique ou l'hypothyroïdie. Dans la démarche d'évaluation de la sévérité de la dermatite atopique d'ailleurs, la xérose fait partie des critères du SCORAD (Scoring of Atopic Dermatitis). L'origine iatrogène ou thérapeutique est également possible. Les médicaments connus pour provoquer une sécheresse cutanée sont les rétinoïdes. Les dermocorticoïdes et des situations thérapeutiques comme la dialyse, la radiothérapie ou la chimiothérapie exposent également à une sécheresse de la peau.
Les mots du conseil
L'objectif de l'accompagnement à l'officine est triple : évaluer le degré de sécheresse cutanée, identifier une cause possible à la sécheresse pour limiter les perturbations, et compenser les pertes lipidiques et hydriques. Chez une même personne, il n'est pas rare que la peau sèche côtoie la peau grasse. En général, la peau sèche s'observe sur les joues, tandis que la peau est grasse au niveau du nez et du front. Les soins conseillés doivent prendre en compte cette particularité, afin de ne pas accentuer l'assèchement ou au contraire, l'hyperséborrhée.
Hydrater et nourrir la peau de l’intérieur et de l’extérieur
L'application de topiques hydratants et nutritifs a pour objectif de compenser localement le dysfonctionnement cutané. Cette action ciblée doit se conjuguer à une démarche plus globale permettant un apport hydrique et nutritif endogène. Outre l'hydratation quotidienne suffisante, un régime alimentaire riche en vitamines A, E, B2, B3, et C est recommandé. Ces nutriments sont présents dans les huiles de poisson, les abats, le beurre, les légumes et les fruits (kiwi, agrumes).
Qualité de vie : l'environnement et le comportement
Une règle majeure pour limiter l'altération cutanée est d'éviter les agents nettoyants agressifs tels que des savons détergents ou des produits formulés avec de l'alcool. Attention aux gommages trop fréquents ou agressifs qui accentuent le phénomène ! Une eau trop chaude, trop calcaire ou trop chlorée est également un facteur d'aggravation de la sécheresse cutanée. Pour améliorer le confort et réduire le prurit, les vêtements en laine sont déconseillés, au profit du coton. Enfin, l'exposition au soleil sans protection ni hydratation post-exposition, ou le tabagisme accentuent le dessèchement de la peau.
Des conseils ciblés
Identifier les profils à risque de sécheresse cutanée permet de cibler les conseils, voire d'anticiper le phénomène. C'est le cas pour les patients ayant un traitement médicamenteux ou une pathologie exposant à une sécheresse cutanée. Certains types de peau, comme les peaux noires et métissées, sont sujets à cette affection cutanée, en particulier en climat tempéré où la moindre hygrométrie favorise la perte en eau et où le renouvellement cellulaire est ralenti.
Les produits du conseil
D'une manière générale, les produits du conseil visent à apaiser les inconforts, nourrir, hydrater et préserver la peau. Plus précisément, les formulations dermocosmétiques permettent de compenser le FHL défectueux à la surface de l'épiderme.
Pour le visage et pour le corps
Le nettoyage du visage repose sur des produits doux appliqués avec des dispositifs qui respectent la peau (cotons ou lingettes lavables). L'eau thermale, les lotions micellaires et les nettoyants surgras sont à privilégier. Après avoir enlevé le lavage, il est recommandé d'appliquer un produit nourrissant et hydratant pour restaurer l’intégrité de l’épiderme (généralement une émulsion à phase lipidique importante). Un soin de nuit est préconisé en complément, pour nourrir et réparer la peau. La même démarche est conseillée pour le corps, pour apporter une solution globale de réparation et de préservation de la peau. Certaines zones comme les pieds ou les mains bénéficient de produits formulés spécifiquement.
Des actifs pour hydrater et nourrir
Les produits formulés pour compenser une sécheresse cutanée contiennent des actifs réparateurs relipidants comme les céramides, la glycérine ou les acides gras essentiels (oméga 6), ou des huiles végétales (argan, bourrache…). Ils participent à la restauration de l'épiderme et du FHL. Des actifs hydratants y sont associés pour renforcer le NMF. Il s'agit d'agents hygroscopiques comme l'urée, les glycols ou les lactates, et d'agents filmogènes.
Les actifs naturels issus de la ruche participent efficacement aux formules de produits adaptés au soin des pieds, mains, lèvres et corps. Enfin, les actifs apaisants, comme les eaux thermales (Avène, la Roche Posay, Uriage…), l'allantoïne ou l'aloe vera, permettent de soulager les manifestations de la sécheresse cutanée. Des formulations intègrent des actifs plus spécifiques, tels que les plantules d'Avoine rhealba aux propriétés immunorégulatrices et anti-irritantes.
Pour aller plus loin dans le conseil
Le conseil peut intégrer des compléments alimentaires formulés à base d'onagre, de bourrache, de soja ou de vitamines E, A, C, dans le but d'apporter les nutriments revendiquant une action bénéfique sur la qualité cutanée.
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %