Risques de photosensibilisation

Soleil et cosmétiques ne font pas toujours bon ménage

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Publié le 27/05/2022
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C’est un fait, le risque de photosensibilisation n’est pas l’apanage des seuls médicaments. Des cosmétiques du quotidien peuvent également être mis en cause. Nul besoin dans ce cas de s’exposer à outrance, un moment passé à la terrasse d’un café en profitant des rayons du soleil peut suffire à déclencher une réaction cutanée. Les beaux jours arrivant, faisons le point…
Les parfums peuvent être photosensibilisants

Les parfums peuvent être photosensibilisants
Crédit photo : GARO/PHANIE

L’utilisation de certains soins cosmétiques à la belle saison peut entraîner des risques pour la peau, et cela par deux mécanismes distincts. Ils peuvent soit contenir des composants photosensibilisants, c’est-à-dire capables de provoquer sous l’action du rayonnement lumineux une réaction tissulaire exagérée, soit fragiliser l’épiderme qui est alors « mis à nu » et surréagit au rayonnement solaire. À noter que le phénomène de photosensibilisation apparaît dès la première exposition au soleil, ne touche que les zones exposées qui ont reçu le cosmétique concerné, et ce quels que soient le type de peau et le phototype du patient. Cela peut se traduire par une irritation, des brûlures, des démangeaisons ou encore l’apparition de marques telles que des taches brunes. Enfin, les UV traversant les vitres, il n’est pas rare d’observer des cas de photosensibilisation derrière un pare-brise de voiture…

Huiles essentielles et végétales ne sont pas inoffensives au soleil

L’usage de cosmétiques contenant certaines huiles essentielles (HE) peut conduire à une réaction phototoxique lors de l’exposition au soleil. Sont concernées les HE contenant des furanocoumarines (psoralène, bergaptène, angélicine…), qui sont photosensibilisantes. On les retrouve notamment dans les essences des agrumes de la famille des Rutacées (Bergamote, citron, citron vert, mandarine, orange amère, pamplemousse…) et dans les HE de plantes de la famille des apiacées (angélique, céleri…). Il convient également de mettre les patientes en garde contre les mélanges beauté faits maison, retrouvés en nombre sur les réseaux sociaux, comme les préparations d’eau citronnée pour éclaircir le teint ou les cheveux.

Autre produit naturel devant éveiller la méfiance : le millepertuis. La présence d’hypéricine dans sa composition le rend en effet photosensibilisant. L’emploi de son huile est donc à proscrire avant une exposition au soleil.

Éviter d’affaiblir la peau au soleil

Aux beaux jours, il est important que l’épiderme joue son rôle protecteur face au soleil. Il convient donc de ne pas sensibiliser la peau, déjà soumise à rude épreuve. C’est pourquoi les peelings aux acides de fruits doivent être évités. En affinant le grain de peau et en éliminant les cellules mortes, ils peuvent être irritants et rendent la peau plus sensible, avec un risque accru de brûlure. À noter que les gommages mécaniques doivent également être diminués en période estivale. Pour les patients souhaitant continuer à pratiquer ce type de soins, mieux vaut les faire le soir.

Autres cosmétiques à utiliser avec précaution : ceux à base de rétinol, actif phare des produits anti-âge. En lissant le grain de peau et en illuminant le teint, le rétinol est en effet potentiellement irritant et photosensibilisant. La solution ? L’appliquer le soir pour s’assurer de son efficacité, le tout sans prendre de risque, voire même interrompre son application l’été.

Le cas des parfums et des déodorants

De par leur concentration en alcool qui assèche et sensibilise la peau, les parfums peuvent être photosensibilisants. Ils peuvent également contenir des HE à risque, notamment de la bergamote. Ils peuvent dans ce cas être à l’origine d’une « dermatite en breloque ». Il s’agit de lésions hyperpigmentées apparaissant sur les zones cutanées exposées ayant été en contact avec le parfum (cou, visage, bras…). C’est pourquoi il vaut mieux utiliser une eau fraîche (très peu concentrée en alcool) l’été, ou en tout cas parfumer ses vêtements et non sa peau directement.

Enfin, les déodorants en aérosol peuvent déposer, à cause du nuage qu’ils créent au moment de leur application, des particules sur le visage et d’autres parties du corps et entraîner, s’ils contiennent des composants photosensibilisants, des réactions au soleil, comme des hyperpigmentations. Mieux vaut donc se tourner l’été vers des déodorants en stick ou en roll-on.

 

Anne-Sophie Lebrun-Leroy

Source : Le Quotidien du Pharmacien