En pharmacie, deux familles de produits - hormis la nutrition infantile (Babybio de Vitagermine, Expert Bio chez Modilac, Physiolac Bio des Laboratoires Gilbert…) - peuvent tout particulièrement témoigner de la montée en force des formules bio : les compléments alimentaires et les cosmétiques.
Dans le domaine de l'hygiène et de la beauté, on rencontrera plus fréquemment des labels comme Cosmébio, Natrue et Nature & Progrès, les deux premiers étant les plus utilisés sur le circuit pharmaceutique. Facilement reconnaissable dans son ovale, la mention « Cosmétique BIO Charte Cosmébio » répond depuis janvier 2017 au cahier des charges COSMOS corédigé par les acteurs européens de la cosmétique biologique. Le label Natrue, pour sa part, montre un visage stylisé de profil dans un cercle où figure l'adresse du site Internet de l'association internationale des cosmétiques naturels et biologiques (www.natrue.org). Trois organismes certificateurs indépendants, Ecocert, Bureau Veritas Certification France (Qualité France) et Cosmécert peuvent attester ces démarches labellisées. La composition des formules est un des principaux volets contrôlés car les chartes définissent strictement la nature, la proportion et l'origine des ingrédients dans les produits qu'elles encadrent. Ainsi, les substances controversées, les composants jugés nocifs pour la santé et pour l'environnement, les ingrédients issus des animaux (pour certaines chartes) sont, entre autres, exclus des formules de même que sont interdits certains procédés de mise en œuvre dans la réalisation du produit. Ce niveau d'exigence explique, pour une grande part, l'intérêt que revêtent les produits labellisés.
« Au-delà de la composition, on garantit tout le cycle de vie du produit, de l'origine des matières premières aux conditionnements et emballages en passant par les processus de fabrication, sans oublier la mention des ingrédients qui doit être clairement stipulée », explique Marine Pentecôte de l'association Cosmébio*.
Plus que la santé
Ainsi, les labels en cosmétique se veulent-ils défenseurs d'une certaine naturalité dans les composants des produits, respectueux du vivant dans les process de fabrication, investis dans une logique de développement durable et porteurs de valeurs éthiques. Autant d'engagements que les consommatrices cautionnent aujourd'hui, dépassant ainsi le cercle des motivations de santé qui, pendant longtemps, ont majoritairement motivé l'acte d'achat d'un produit bio. « Ce public est en recherche de produits qui ont du sens, de l'authenticité, poursuit Marine Pentecôte. Certains domaines comme la protection et le bien-être animal mobilisent de plus en plus l'attention. Les démarches de partenariat à l'œuvre dans le commerce équitable, les cultures raisonnées ou la réduction des déchets exercent aussi un certain attrait chez les consommateurs qui se veulent écoresponsables. » Une prise de conscience qui se traduit en chiffres pour l'industrie de la cosmétique bio : 500 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2018 tous circuits confondus (source Cosmébio) en hausse d'environ 10 % par an depuis quelques années, une part de marché de 20 % pour la pharmacie et la parapharmacie, plus de 10 000 produits labellisés (pour le seul Cosmébio)… De plus en plus nombreux à investir la filière, les acteurs sont présents en pharmacie, notamment sous les marques Eau Thermale Jonzac et Natessance (Léa Nature), Weleda, Dr Hauschka (Laboratoires Wala), Gamarde, Sanoflore, Bio Beauté by Nuxe, BCOMBIO (Sicobel), Melvita, Patyka, Cattier, Naturactive, Taaj, gamme Eau Thermale Montbrun… En plus du label Bio, le mascara Jungle Longueur Boho Green Make-up (Boho Cosmetics) affiche, pour sa part, la mention « Vegan » et se présente dans un emballage éco-conçu en carton fabriqué à partir de bois provenant de forêts gérées durablement. Quant à la gamme de protections solaires bio Alphanova Sun (Alphanova), elle s'engage à reverser 1 % de son chiffre d'affaires en faveur d'associations vouées à protéger et restaurer les massifs coralliens. Cette tendance, qui porte les fabricants à dépasser le strict cadre des démarches bio, est également à l'œuvre sur le segment de la nutrithérapie.
Les plantes constituant la première des cultures propre à une mise en œuvre biologique, les formules à base d'extraits végétaux concentrent la majeure partie de l'offre bio en pharmacie : aromathérapie (Pranarôm, Purressentiel, Naturactive, Oméga Pharma avec Phytosun Aroms, Cosbionat avec Docteur Valnet…), d'une part, mais aussi phytothérapie et nutrithérapie (Arkopharma, Superdiet, Nutrisanté, Herbalgem, Aragan, Pileje, Santarome…) sont donc logiquement les rayons les plus prolifiques en produits labellisés. La catégorie des compléments alimentaires à base de plantes, dans laquelle ces derniers se rangent le plus souvent, abrite ainsi 14 % de formules bio, 25 % pour les produits de la ruche. Avec un chiffre d'affaires de 58,5 millions d'euros en 2018 en pharmacie et parapharmacie (source Synadiet**), dont 46 millions d'euros en pharmacie, les compléments alimentaires bio affichent une confortable croissance de plus de 10 % sur un an, supérieure à celle enregistrée sur le circuit des magasins bio. Dans ce contexte, la pharmacie agirait-elle comme un repère pour les adeptes des compléments alimentaires labellisés ?
Pleine croissance
Pour le Laboratoire Léa Nature, la pharmacie est un des circuits privilégiés et leader des ventes avec plus de 50 % des parts du marché global des compléments alimentaires, dont le dynamisme est nourri par la croissance de l'offre bio. Le laboratoire lance la gamme Biopur (complexes de plantes, mélanges de graines, de fruits et céréales) estampillée AB et Vegan qui s'engage par ailleurs à reverser 1 % de son chiffre d'affaires à des associations environnementales. Autre acteur historique de la cosmétique bio, Weleda investit depuis avril 2018 le rayon des compléments alimentaires labellisés AB avec une gamme d'extraits hydroalcooliques de plantes. « L'idée était d'apporter la qualité de nos procédés sur ce marché en pleine croissance et de faire le lien entre les univers du bien être et de la santé », explique Catherine Chassignolle, chef de produits OTC chez Weleda.
Le Synadiet, pour sa part, explique l'essor de la nutrithérapie bio en évoquant l'impulsion d'un consommateur en recherche de naturel. Au-delà du phénomène de labellisation, les thérapies naturelles disposent en effet d'un potentiel de développement important. C'est ce que confirme Stéphanie Peigné, directrice Innovations chez Arkopharma, en indiquant que 41 % des Français ont recours à au moins une de ces méthodes de santé, qu'il s'agisse de phytothérapie, d'aromathérapie, d'homéopathie ou d'apithérapie (produits de la ruche). « Ces segments se démocratisent et attirent désormais un profil plus masculin et moins aisé qu'auparavant. » Pour 72 % des utilisateurs de thérapies naturelles, l'origine biologique reste un critère important dans le choix du produit. Une tendance dont Arkopharma tient compte en projetant d'estampiller AB plus de la moitié de son offre en phytothérapie et aromathérapie d'ici à la fin de l'année avant qu'elle n'atteigne le tout biologique à l'avenir. « C'est un chantier de fond qui peut prendre du temps sachant qu'il faut trois ans pour convertir un terrain agricole en bio. On doit également veiller à la qualité du produit final car l'argument bio ne doit pas prévaloir sur l'efficacité et l'innocuité. »
La labellisation semble, en tout cas, profiter tout particulièrement à l'aromathérapie dont les références bio progressent de 11 % en valeur, l'ensemble du segment se bornant à une hausse de 3 % (CMA à septembre 2018). « Les experts savent que les huiles essentielles concentrent à la fois les principes actifs et les contaminants potentiels », poursuit Stéphanie Peigné. D'où l'importance d'une mise en œuvre biologique… Celle-ci implique cependant certaines contraintes car les exigences du cahier des charges, représenté par la marque AB « Certifié AB Agriculture Biologique » ou le logo bio communautaire (l'eurofeuille) auxquels répondent les compléments alimentaires bio, imposent notamment la non-utilisation de produits chimiques de synthèse et d'OGM dans les modes de production et 100 % d'ingrédients issus du mode de production biologique ou au moins 95 % de produits agricoles biologiques dans le cas de produits transformés.
*Association des professionnels de la cosmétique écologique et biologique.
**Syndicat national des compléments alimentaires.
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