« La façon dont les enjeux seront abordés affectera les efforts d’innovation, la qualité des produits, l’accès des consommateurs et la santé publique », préviennent le Dr Jeffrey Gordon et ses collègues de la Washington University School of Medicine (St Louis, MO) qui publient l’analyse dans la revue « Science ». Le Dr Gordon est renommé pour ses travaux sur le microbiote intestinal, ayant découvert son rôle dans l’obésité puis dans les effets délétères durables de la sous-nutrition infantile. Son équipe est en passe de débuter des essais « preuve de concept » pour évaluer les tout premiers aliments thérapeutiques dédiés au microbiote chez des enfants souffrant de sous-nutrition aiguë au Bengladesh.
La découverte que nous hébergeons dans notre intestin quelque 100 000 milliards de microbes (bactéries surtout, virus, champignons et archées) avec lesquels nous vivons en symbiose a transformé la vision de nous-mêmes : nous sommes finalement un être hybride humain-microbe. Nous nourrissons ce microbiote intestinal, lequel en retour transforme les aliments en métabolites qui influencent notre biologie ; une notion qui amène à redéfinir la valeur nutritive des aliments.
Ce microbiote génère des molécules qui ne sont pas produites par nos cellules humaines et qui affectent notre santé, et certains de ces produits microbiens doivent maintenant être considérés comme des nutriments essentiels. Un déséquilibre de cet écosystème (dysbiose) s’associe à de nombreuses maladies.
Ces avancées ont ouvert la voie au développement d’aliments dédiés au microbiote (ADM), des aliments conçus pour optimiser les propriétés d’un microbiote favorisant la santé ; ceci, en agissant directement ou en apportant un substrat qui est transformé par le microbiote. Le nombre de produits prétendant offrir des bénéfices en affectant le microbiote est en hausse rapide. « Les schémas de classification qui seront finalement adoptés auront probablement de larges implications sociétales pour les tests, l’étiquetage, l’image de marque et la publicité des produits ciblant le microbiote », soulignent les auteurs.
Éviter un processus coûteux de développement
« Aliment conventionnel », « complément alimentaire », « aliment médical » ou « médicament » ? Ces classifications présentent chacune, selon Green, Gordon et coll., des avantages et des inconvénients. Classer un ADM dans la catégorie « médicament » impliquerait d’évaluer rigoureusement son innocuité et son efficacité. Le classer comme « aliment médical » permettrait d’alléguer un traitement diététique d’une affection sans passer par la lourde procédure d’approbation d’un médicament avant sa mise sur le marché.
Toutefois, la FDA requiert que ces « aliments médicaux » répondent à des critères précis pour ce qui est de leur formulation, leur fabrication, et des affections pour lesquelles ont été définis des besoins nutritifs distincts.
Les auteurs proposent une autre approche, à savoir « créer une monographie similaire à celle déjà utilisée pour les médicaments en vente libre, et comme cela est suggéré pour les probiotiques ». Cette approche « permettrait de faire des allégations avérées de santé/et ou de maladie, sans pour autant passer par un processus coûteux de développement de médicament, et tout en offrant au public des produits fiables », poursuivent-ils.
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