Le PNNS actuellement en vigueur fixe des quantités maximales de consommation hebdomadaire de 500 g pour la viande rouge et 150 g pour la charcuterie, tout en recommandant de privilégier la consommation de volaille par rapport aux autres viandes. Selon le rapport, pour le PNNS 5 à venir, il faudrait revoir ces recommandations à la baisse. L’ensemble des scénarios prospectifs sur les régimes alimentaires durables (Solagro, Iddri, WWF France, Ademe et EAT Lancet) convergent en effet vers la nécessité de réduire la consommation de toutes les viandes, volaille incluse, au profit d’une consommation accrue de fruits, légumes, céréales complètes, légumineuses et fruits secs.
Moins de viande au profit des végétaux
Une telle végétalisation de l’alimentation se traduirait par d’importants bénéfices aussi bien pour la santé humaine que planétaire. En France pourtant, la consommation totale de viande ne fait qu’augmenter. Cette hausse s'explique surtout par la croissance démographique, mais contrairement à une idée répandue, la consommation de viande par habitant ne diminue pas. Elle stagne depuis 2013, voire repart légèrement à la hausse. Quant à la consommation de légumineuses, elle a été divisée par quatre ces 20 dernières années. Les Français en mangent environ 2 kg/an, soit deux fois moins que la moyenne européenne et quatre fois moins que la moyenne mondiale.
Les Français gagneraient pourtant beaucoup à consommer davantage de ces petites graines. « Les légumineuses sont une catégorie emblématique pour l’atteinte d’une alimentation durable car elles présentent à la fois un très faible impact environnemental et une très bonne qualité nutritionnelle (richesse en fibres, en protéines de bonne qualité, mais aussi en vitamine B9 ou folates, potassium, fer, magnésium et calcium) », lit-on dans le rapport, qui en préconise une consommation quotidienne, entre 65 et 100 grammes.
Valoriser les légumineuses et les fruits à coque
Pour favoriser le suivi par la population de ces recommandations nutrition-climat plus ambitieuses, le RAC et la SFN appellent entre autres à la mise en place de mesures « visant à faire évoluer les représentations sur la viande et les légumineuses ». Autrement dit, il faut agir sur l’environnement socioculturel de l’alimentation – tout ce qui définit « ce qu'il est "normal" ou "valorisant" de consommer, ce qui a une forte influence sur les pratiques réelles des individus », explique Charlie Brocart, chercheur spécialiste des politiques alimentaires à l’Iddri, co-auteur d’un rapport sur le sujet.
Aux côtés des pouvoirs publics, dont les guides alimentaires font autorité et sont généralement bien connus par la population, les acteurs privés (à travers le marketing et la publicité) et les prescripteurs (influenceurs, chefs cuisiniers ou médecins) façonnent l’environnement socioculturel des pratiques alimentaires. La campagne à destination des 18-35 ans « Future is légumineuses », lancée le 8 février par la chaire Aliment Nutrition Comportement Alimentaire (Anca) d’AgroParisTech, veut changer la réputation un peu terne des légumineuses par une image branchée, mettant en valeur le fait qu’il s’agit d’aliments à la fois économiques, rassasiants et nutritifs.
25 pays ont d’ores et déjà intégré la dimension environnementale dans leur guide alimentaire officiel
Pour Charlie Brocard, cette initiative est à saluer, mais elle « devrait être complétée par des mesures qui jouent sur les autres volets des environnements alimentaires ». Notamment, le chercheur souhaite un progrès « sur la transparence de la part de l'offre en grande distribution en matière de protéines végétales et animales, pour mieux comprendre à quel point le manque d'offre est un facteur limitant » pour la végétalisation des assiettes.
Quelque 25 pays (principalement européens) ont d’ores et déjà intégré la dimension environnementale dans leur guide alimentaire officiel. Et de prendre en exemple « le Danemark, qui suivi par les pays du Nord plus globalement, a mis en place une politique globale visant à promouvoir de nouveaux régimes alimentaires avec plus de local, d'oléagineux, de saisonnier, de légumineuses : la New Nordic Diet. Celle-ci joue à la fois sur les normes, via de larges campagnes médias et la participation de chefs, et sur l'offre en grande distribution de ces produits. »
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