DEUX FRANÇAIS sur trois estiment que les professionnels de santé leur donnent des informations fiables sur la nutrition (étude CREDOC de 2008). Pour les y aider, l'Institut national du cancer (INCa) vient de mettre à jour la brochure « Nutrition et prévention des cancers : des connaissances scientifiques aux recommandations », dont la précédente édition datait de 2003. Voilà donc de quoi actualiser ses connaissances et clarifier les messages délivrés au cabinet médical ou au comptoir. « La prévention ne doit pas être de la répression, mais un changement d'habitudes », met en garde Dominique Maraninchi, président de l'INCa. Élaboré à la demande de la Direction générale de la santé (DGS), le document de 50 pages s'appuie sur les données scientifiques qui établissent un lien entre nutrition, mode de vie et cancer. « Une étude isolée n'aboutit pas à une recommandation », précise bien Paule Martel, coordinatrice du réseau NACRe (National Alimentation Cancer Recherche). En charge de la rédaction, cet organisme a repris les conclusions d'un rapport international de 2007, qui a mobilisé plus de 200 scientifiques sur un ensemble de 7 000 publications. Au final, sont mentionnés le niveau de preuve de l'incidence et les recommandations pour différents aliments et habitudes de vie. Ce livret est d'abord distribué à 70 000 médecins traitants, avant une extension vers d'autres professionnels. Il peut d'ores et déjà être commandé ou consulté par les officinaux sur le site de l'INCa (www.e-cancer.fr). En voici les principaux éléments.
- La prévention par les fruits
Ce n'est pas un scoop, les fruits et légumes sont bénéfiques pour la santé. Et en particulier dans la prévention des cancers de la bouche, du pharynx, du larynx, de l'œsophage, de l'estomac et du poumon (pour certains fruits). Leurs bienfaits sont liés à la présence de micronutriments antioxydants comme les caroténoïdes et la vitamine C. Et la consommation de fruits et légumes (5 par jour au minimum) a un effet de satiété, qui diminue le risque de surpoids. Un atout dont ne bénéficient pas les compléments alimentaires, auxquels les fruits et légumes doivent être préférés, estime l'INCa.
- L’effet protecteur de l’allaitement
L'allaitement est associé, chez la mère, à une diminution du risque du cancer du sein. Il réduit aussi la survenue de l'obésité chez l'enfant. En conséquence, il est recommandé à la mère d'allaiter son nourrisson jusqu'à l'âge de 6 mois, si elle le peut.
- Viandes rouges et cancer colorectal
La consommation de viandes rouges augmente le risque de cancer colorectal de 30 % par portion de 100 g consommée par jour. Pour les charcuteries, le risque croit de 21 % par portion quotidienne de 50 g. Ce sont les dérivés nitrités qui sont en cause pour certaines charcuteries. Pour la viande rouge, l'excès de fer héminique entraîne la production de radicaux libres et de cytokines pro-inflammatoires. Ceux qui mangent plus de 500 g de viande rouge par semaine (soit 750 g avant cuisson) doivent réduire leur consommation.
- Sel et cancer de l’estomac
La présence de sel dans l'alimentation augmente de façon probable le risque de cancer de l'estomac. Avec comme mécanisme des altérations de la muqueuse gastrique et des actions couplées à d'autres facteurs cancérogènes (composés nitrosés). En France, les principaux vecteurs de sel sont le pain, les biscottes, les charcuteries, les plats composés, les fromages, les soupes, les pizzas, les quiches, les pâtisseries, gâteaux et viennoiseries.
- Alcool et cancers digestifs
Une relation effet-dose significative existe, mais la consommation d'un verre d'alcool par jour en moyenne suffit à augmenter le risque de cancer (de 9 à 168 % selon les localisations). Le risque est avéré pour les cancers de la bouche, du pharynx, du larynx, de l'œsophage, du côlon-rectum chez l'homme, et du sein chez la femme. L'effet dépend de la quantité totale consommée et non du type de boisson alcoolisée. Sont notamment incriminés, les métabolites mutagènes (dont l'acétaldéhyde), produits à partir de l'éthanol. Par ailleurs, le bénéfice du verre de vin rouge quotidien sur l'appareil cardiovasculaire est remis en cause. « C'est un faux message qui circule. L'alcool n'a que des effets nocifs sur la santé. Quant aux tanins et aux antioxydants, on en trouve ailleurs que dans le vin rouge », souligne Dominique Maraninchi (INCa). Il est donc conseillé de limiter autant que possible la prise d'alcool, tant en terme de quantités consommées que de fréquence de consommation.
- Compléments alimentaires à base de bêta-carotène et cancer du poumon
Les autorités sanitaires recommandent d'écarter les compléments alimentaires à base de bêta-carotène (produits anti-âge, préparateurs à l'exposition solaire, etc.). Non seulement leur consommation à forte dose (20 à 30 mg par jour) n'est pas protectrice, mais elle augmente, au long cours, le risque de cancer du poumon chez les fumeurs (de près de 25 % selon une méta-analyse récente). Toutefois, il est recommandé de consommer de façon régulière des fruits et légumes contenant du bêta-carotène. On en trouve dans les carottes, le chou vert, les épinards et les abricots.
- Les risques de l’obésité
Le surpoids est associé à une augmentation du risque de cancers de l'œsophage, de l'endomètre, du rein, du côlon-rectum, du pancréas et du sein, après ménopause. En cause, une augmentation des taux endogènes d'hormones, de cytokines et de facteurs de croissance. L'hyperinsulinémie et la persistance d'un état inflammatoire sont également impliquées dans la génèse du cancer. Pour réduire ce risque, il faut maintenir un poids normal (indice de masse corporelle compris entre 18,5 et 25 kg par mètre carré). D'où le conseil renouvelé de pratiquer une activité physique régulière : marcher à allure modérée au moins 30 minutes, 5 jours sur 7 ou courir 20 minutes trois fois par semaine.
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