Le terme de déconfinement était à peine sur les lèvres du Premier ministre et du ministre de la Santé que déjà l'Union des groupements de pharmaciens d'officine (UDGPO) réclamait le droit d’effectuer massivement les tests Covid-19 en officine. Selon son président, Laurent Filoche, les pharmaciens ont toute légitimité pour s'inscrire dans ce dispositif indispensable à la sortie du confinement. S'appuyant sur la confiance témoignée par le gouvernement dans la distribution des masques aux professionnels de santé, le président de l'UDGPO fait valoir « la logistique de distribution de ces tests par les répartiteurs pharmaceutiques et l'alimentation du dossier médical partagé (DMP) par les pharmaciens pour le suivi du patient. » Pour Federgy, la chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacies, il ne fait aucun doute que l'officine est le maillon fort du déconfinement. Mais attention, rappelle Gilles Bonnefond, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), « il ne s’agit en aucun cas des tests de dépistage avec écouvillon nasal qui sont réalisés actuellement par les laboratoires mais bien de tests de détection rapides (TDR) du Covid-19 et de la dispensation d’autotests en pharmacie. »
Une approche différenciée
Il existe en effet deux types de tests. Les tests de biologie moléculaire (ou virologiques) servent à dépister l’infection par le SARS-CoV-2. Ils ont été utilisés systématiquement lors des premiers cas repérés en France, puis priorisés pour préserver les maigres ressources françaises. D'autant que les laboratoires dénoncent des tensions d’approvisionnement en écouvillons et réactifs qui mettent à mal leur capacité à réaliser ce dépistage. Le public éligible : professionnels de santé symptomatiques, patients hospitalisés aux formes cliniques graves, femmes enceintes symptomatiques, personnes à risque de formes graves lié à des comorbidités. Il s’agit de tests PCR (polymérase chain reaction) d’un prélèvement nasopharyngé. Si certains automates peuvent traiter plusieurs dizaines de prélèvements en même temps, les laboratoires en virologie n'en sont pas moins débordés. Par ailleurs, le rendu du résultat demande au moins 24 heures. Problème : il y aurait 30 % de faux négatifs. Selon les biologistes, la faute aux prélèvements qui ne sont pas réalisés dans les règles de l’art.
De nouveaux tests dits rapides arrivent sur le marché, offrant un résultat dans les 15 à 30 minutes après réalisation. « Nous avons commandé 5 millions de tests rapides pour augmenter notre capacité de dépistage », explique le ministre de la Santé Olivier Véran. Une capacité passée de 5 000 tests par jour à la mi-mars à 30 000 cette semaine, et qui devrait atteindre les 50 000 en mai et les 100 000 en juin. À ces tests supplémentaires s’ajoute la mobilisation de laboratoires hospitaliers, de ville, départementaux, vétérinaires, de gendarmerie et de police qui ont spontanément proposé leurs services et ont été autorisés à participer à l’analyse des tests de dépistage cette semaine.
Un réseau officinal incontournable
Deuxième type de test : les tests sérologiques qui occupent une part importante de la stratégie de déconfinement à venir. L'idée ? Identifier la présence d’anticorps liés au Covid-19 dans le sang et déterminer le taux de personnes immunisées. Les laboratoires d’analyse de biologie médicale (LABM) ont l’habitude des tests sérologiques et peuvent répondre massivement à la demande. En sus, chercheurs et industriels se sont mis en ordre de marche pour proposer des tests rapides et faciles d’utilisation. « La recherche avance vite, nous espérons avoir ces tests sérologiques dans quelques semaines, à l’heure du déconfinement », précise Olivier Véran. Les premiers prototypes sont en cours d’homologation en France. Les espoirs qui reposent sur la sérologie sont grands. Un fort taux d’immunité collective faciliterait la levée du confinement. Mais les premières données sérologiques issues du Grand Est et de l'Oise sont décevantes. À ce stade, seule 10 à 15 % de la population serait immunisée contre le Covid-19.
Le test à grande échelle ne semble donc pas pour demain. Ceci d'autant que ces tests rapides sérologiques doivent encore recevoir l'agrément du ministère. C'est à cette condition que la profession pourra en revendiquer la distribution, pourvu que le cadre législatif le lui permette. Car Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), le rappelle, « sous forme de bandelettes, comme les tests de glycémie, ou sous forme de cassettes, comme pour les tests de grossesse, nous sommes en mesure d'accompagner le patient. Il faut cependant que l'autorisation de dispenser ces TROD nous soit donnée par les pouvoirs publics. » Des ajustements indispensables. Le gouvernement ne pourra pas se passer du réseau officinal s'il veut tester 67 millions de Français !
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