« L’observance médicamenteuse est une cause nationale ! », peut-on lire dans la dernière Lettre de l’Académie nationale de Pharmacie, L’Observatoire, qui rappelle au passage les nombreux facteurs de non-observance. Depuis le conditionnement, l’étiquetage, la forme galénique et la variabilité du nombre de médicaments par boîte jusqu’aux diverses difficultés de prises liées au vieillissement.
Si tous ces freins peuvent être levés, des outils permettent cependant au pharmacien de détecter ou d’éviter une mauvaise observance et de sensibiliser le patient, souligne l’Académie : le dossier pharmaceutique (DP), la préparation des doses à administrer (PDA) et aussi l’analyse du retour des piluliers électroniques.
Des piluliers intelligents
De fait, et c’est tant mieux, parmi les dispositifs destinés à les aider à mieux suivre leur traitement, les Français sont de plus en plus nombreux à plébisciter les nouvelles technologies, au premier rang desquels le pilulier électronique. Dans une enquête OpinionWay-Welcoop de septembre 2014, 40 % des 1 000 adultes représentatifs de la population française interrogés prônaient déjà les piluliers « intelligents ».
Exemple, le Do-Pill proposé par Pharmagest dans son Guide pratique de l’observance consacré aux « nouvelles technologies au service des patients et des pharmaciens », destiné à la fois à faciliter l’observance (notamment des seniors et des personnes suivant un traitement de longue durée) et à la mesurer.
Moyennant location il est mis à leur disposition par le pharmacien qui le prépare chaque semaine. Les médicaments sont placés dans un blister, scellé ensuite par un film et clipsé dans le pilulier. Le patient sait que c’est l’heure de sa prise grâce à une alerte sonore et visuelle. Il lui suffit d’ouvrir l’alvéole qui s’allume.
S’il manque la prise ou se trompe, les proches reçoivent un SMS et/ou un e-mail. Un boîtier de communication contenant une carte SIM délivré en même temps permet de se connecter au serveur central - une connexion Internet au domicile n’est donc pas nécessaire. Grâce à une application gratuite (DoSup web) qui permet de paramétrer le pilulier mais également de faire remonter les données de prise, le pharmacien peut ainsi vérifier si le patient suit correctement ses médicaments.
Autre exemple de pilulier connecté à une plate-forme e-santé et doté de capacités similaires : Imedipac de Medissimo (nouvelles options vente ou location mensuelle en fin d’année). Complété désormais par Imedicup, un dispositif pour malvoyants, atteints de DMLA par exemple, sous forme de coupelle à poser sur l’Imedipac. Grâce à sa caméra embarquée et aux QR Codes imprimés sur chaque compartiment du pilulier, l’Imedicup guide l’utilisateur par des signaux sonores et vibratoires. Les aidants sont pareillement alertés en cas d’oubli ou d’erreur de prise.
Pill’up, un bouton connecté développé par deux Français (Electronic Alliance) qui a reçu le Trophée de la santé mobile 2015, devrait aussi être commercialisé en pharmacie. Il se colle sur l’emballage et indique au patient, via un signal sonore ou lumineux, l’heure de prise du comprimé et la dose. À chaque fois que le patient prend un médicament, il appuie sur le bouton intelligent. Informations transmises au smartphone et au pharmacien via un serveur, rappels programmés, alertes aux proches, tout y est.
Des systèmes approchants font parler d’eux à l’étranger pour l’instant : carroussel connecté uBox (Abiogenix), bouchons intelligents GlowCaps (Vitality) qui s’adaptent aux tubes de médicaments, « smart pill bottle » (AdhereTech), flacon capable de mesurer le nombre de médicaments qu’il contient et d’alerter…
Bien que moins efficace, l’utilisation d’une simple application mobile (gratuite) délivrant des messages ou des alertes renforce aussi l’observance. Exemples : « Ma pharmacie mobile » de Pharmagest Interactive, « Mon asthme » de GSK, « OméoMémo » de Boiron.
Outils informatiques
Les progrès de la galénique (libération prolongée, associations fixes…) et du packaging améliorent également l’observance et vont continuer de l’améliorer, mais les solutions les plus innovantes viennent sans conteste du secteur de l’E-Health. Témoins encore les deux auto-injecteurs connectés développés par Merck Serono dans les traitements de la sclérose en plaques (Rebismart) et par l’hormone de croissance (Easypod).
Même pour des maladies moins lourdes, la recherche sur les dispositifs médicaux connectés progresse et les grands laboratoires multiplient associations et partenariats avec des biotechs.
En attendant, chacun développe des outils informatiques. Pharmagest propose ainsi dans ses logiciels métier et de gestion des aides pour détecter les non-observants, assurer un suivi d’observance, rappeler par SMS un renouvellement de traitement ou d’ordonnance, etc. Récemment, dans le prolongement de son programme Marguerite qui offre des solutions concrètes pour les professionnels de santé et les patients âgés visant à faciliter l’observance, Teva France a mis au point un site spécifique « responsive » (interface adaptée aux mobiles et aux tablettes) www.teva-observance.fr.
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