Il y a 12 000 AVC par an en Auvergne-Rhône-Alpes, soit 32 par jour, et 150 000 par an en France. L’AVC est la deuxième cause de mortalité en France et coûte 9 milliards d’euros par an à la Sécurité sociale.
« Une des raisons de l’importance de cette cause de mortalité est liée à l’absence d’outils de dépistage accessibles facilement », explique Olivier Rozaire, président de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) pharmaciens d’Auvergne-Rhône-Alpes. Pour tenter d’y remédier, le Pr Jean-Claude Barthélémy, cardiologue au CHU de Saint-Etienne, a mis en place dans son service depuis une quinzaine d’années le NeuroCoach, un appareil qui permet de mesurer les principaux facteurs de risque de l’AVC. Souhaitant l’expérimenter en ville, il a contacté l’URPS pharmaciens, qui a accepté de participer à l’expérimentation. Depuis un an et demi, une centaine d’officines sont donc équipées du NeuroCoach, afin de dépister les personnes de plus de 50 ans susceptibles d’avoir des facteurs de risque d’AVC. Concrètement, l’appareil se présente comme un petit boîtier, muni d’électrodes qui se placent de part et d’autre du cœur du patient. Pendant la nuit, l’appareil enregistre un électrocardiogramme complet, la respiration nocturne et mesure la qualité du système nerveux autonome. Il permet ainsi de repérer la perte d’activité du système nerveux autonome, les apnées du sommeil et la fibrillation atriale, qui sont trois facteurs de risque d’AVC reconnus.
Des fiches inspirées de la vaccination
Joël Peytavin, titulaire à La Roche-sur-Foron (Haute-Savoie), teste le dispositif depuis plus d’un an dans son officine. « Au début, nous avions mis en place un protocole avec une recherche de patient ciblée : plutôt âgé, se plaignant de fatigue le matin. Mais finalement, je me suis adressé à une population plus large et je propose le test à des patients de plus de 50 ans qui fréquentent régulièrement la pharmacie », explique-t-il. Les patients acceptent le test dans 9 cas sur 10 et Joël Peytavin leur donne alors un rendez-vous en fin de journée. « Pendant le rendez-vous, je me suis beaucoup inspiré de ce qui se faisait pour la vaccination. Je fais remplir une fiche de consentement que je fais signer au patient, ainsi qu’une fiche d’identité qui sert lors de la transmission de l’analyse nocturne. Nous remettons un exemplaire de chaque au patient et nous en conservons un, comme nous le faisons pour la vaccination. Ensuite nous calculons l’IMC du patient. À l’avenir, je pense qu’il faudra peser et mesurer le patient, car nombreux sont ceux qui ne connaissent ni leur poids, ni leur taille. Puis, nous leur posons les électrodes. Certains pharmaciens expliquent simplement au patient comment le faire lui-même, mais moi je préfère faire le geste. Nous l’effectuons souvent en fin d’après-midi, vers 18 heures, puis nous indiquons au patient qu’il doit passer une soirée calme, puis dormir avec le NeuroCoach. Ce rendez-vous prend souvent un peu de temps, car entre la phase de recrutement et cet entretien, le patient s’est posé un tas de questions et il nous les pose », témoigne Joël Peytavin.
Le pharmacien explique aussi au patient qu’il ne doit pas prendre de bain ou de douche avec l’appareil et lui apprend à le débrancher. Dès que le NeuroCoach est posé, le pharmacien prévient le médecin traitant du patient. Le lendemain matin, le patient doit rapporter l’appareil à l’officine.
Dossier transmis au médecin traitant
« Nous transmettons tout de suite l’enregistrement chiffré sur un serveur, puis nous mettons l’appareil à recharger. Quelques jours plus tard, nous recevons les résultats et nous prenons rendez-vous avec le patient pour les lui remettre. Le dossier est également transmis au médecin traitant. Nous prenons un moment pour expliquer les résultats au patient, car nous ne pouvons pas le renvoyer vers le médecin sans rien lui dire ! » En cas de dégradation, les trois facteurs de risque mesurés par le NeuroCoach peuvent trouver une solution. « Le système nerveux autonome est tonifié par l’activité physique, l’apnée du sommeil peut être traitée par pression positive continue nocturne et en présence de fibrillation atriale, une anticoagulation orale évite le passage à l’AVC », détaille Joël Peytavin. Dans son officine, il n’a détecté aucune fibrillation atriale, en revanche il a dépisté 33 % de femmes et 32 % d’hommes en apnée du sommeil, 18 % de femmes et 26 % d’hommes avec un système nerveux autonome déséquilibré.
Pour le moment l’URPS finance l’expérimentation sur ses fonds propres, mais elle a déposé une demande dans le cadre de l’article 51, basé sur les données enregistrées depuis plus d’un an. Elle espère ainsi recevoir des financements afin de déployer plus largement le dispositif.
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