C’EST UNE CERTITUDE, les versions miniatures de nos produits préférés ont trouvé instantanément leur place dans nos sacs et, avec une aisance stupéfiante, ont su s’inscrire dans nos vies courantes, créant de nouveaux modes de consommation. Leur aptitude au transport est bien entendu leur premier atout… En témoignent les plus communs d’entre eux, mouchoirs papier en sachet "pocket", bouteilles d’eau petite contenance… Sans parler de la fameuse dose d’essai, ces échantillons sous forme de petits tubes, flacons ou pochettes qui viennent lester nos cabas.
La pharmacie n’a pas échappé à cette tendance et accueille régulièrement les modèles dernier cri du nomadisme. L’antalgique Doliprane Lib (sanofi aventis) présente ainsi un nouveau packaging extra-plat doté d’un système d’ouverture coulissant qui garde blister et notice solidaires à la boîte.
Autres contenants aux accents migratoires, les trousses ou kits de voyage, bourrés de miniatures aux atouts majeurs, qui viennent agrémenter les comptoirs officinaux à l’arrivée des beaux jours. Leur domaine de prédilection ? Les premiers soins, puisque les escapades, grandes ou petites, sont aujourd’hui fréquemment sportives et rarement exemptes de petites blessures : solution antibactérienne en unidoses, gel à l’arnica conditionné en petit tube, pansement en spray, mini-flacon de répulsif… En la matière, Quies crée l’événement avec une gamme Flash Frais uniquement composée de lingettes aux vocations diverses (brûlures superficielles et coups de soleil, bleus et bosses, piqûres d’insectes et d’orties, antimoustiques).
D’autres rayons de la parapharmacie laissent une large place aux formats ambulatoires dont les contenances restreintes sont au cœur du concept de nomadisme. Dans les domaines de l’hygiène et de la cosmétique, elles sont d’ailleurs standardisées. « En général, on réduit le grand modèle de moitié », confie un laboratoire. Soit 20 ml pour une crème visage et 100 ml pour un soin corps (contenance maximale autorisée par produit considéré comme liquide pour un voyage en avion). « Ces références "middle size" ou "medium size" sont très en vogue à l’heure actuelle. » Beaucoup de fabricants dermocosmétiques les proposent gratuitement dans le cadre d’offres promotionnelles pour l’achat d’un soin de leur gamme. Utilisés ponctuellement, ces cadeaux savent mettre l’accent sur une nouveauté ou sur une offre saisonnière comme nul autre. Le Kit de voyage Nuxe, qui abrite 5 miniatures ne dépassant pas 30 ml, a ainsi vu ses ventes progresser de plus de 40 %. Croissance aussi pour les formats voyage de Caudalie, qui représentent 2 % des ventes de la marque et prennent cet été la forme d’une trousse composée de 5 mini-soins. À noter encore les trousses Week-end de Klorane qui renferment chacune un duo gel douche-shampooing (75 ml-100 ml).
D’autres produits, en revanche, figurent au nombre des références permanentes : brumisateur 50 ml dans la nouvelle gamme à l’eau thermale de Jonzac du laboratoire Natescience (groupe Léa Nature), la Lotion Universelle nettoyante (75 ml) de Noreva LED, les lingettes autobronzantes Capital Soleil de Vichy, Gel douche physiologique (100 ml) et dosettes démaquillantes yeux Tolériane chez La Roche-Posay, la crème mains Réparation intense de Neutrogena (15 ml), les vaporisateurs d’Eaux Fraîches (30 ml) de Roger&Gallet, la Douche Flower Power Kneipp (75 ml), le photoprotecteur Reflexe Solaire d’Avène (30 ml)…
Unidose reine.
Devant la diversité des formats nomades, peut-on parler de marché ? Oui, tout du moins en ce qui concerne certaines substances : le sérum physiologique, l’éosine, les solutions ophtalmiques (nouveau Vidisan EDO de Bausch&Lomb dans la catégorie phytothérapie, Dos’Optrex chez Pierre Fabre, Dacryosérum chez Johnson&Johnson…), souvent conditionnés en unidoses, format emblématique du produit nomade. Chez Urgo, celui-ci est à l’œuvre sur le segment de la chlorhexidine et tend à prendre le pas sur les grandes contenances. « Aujourd’hui, le rapport est de deux tiers pour un tiers en faveur des unidoses, alors que les conditionnements en flacon l’emportaient encore il y a deux ou trois ans », indique Julien Meneboeuf, chef de groupe au sein du laboratoire Urgo. Une tendance qui n’est pas surprenante si l’on considère l’intérêt des doses uniques en terme de péremption - qui se compte en nombre d’années - alors que le même produit, conservé dans un flacon ouvert depuis trop longtemps, perd en efficacité. Autre avantage, l’assurance pour l’utilisateur d’appliquer la quantité nécessaire de produit. « C’est plus sécurisant pour la personne. »
Si l’on ajoute à cela ses qualités ambulatoires et sa facilité d’utilisation, on comprend vite que l’unidose est portée à progresser et le format nomade promis à un bel avenir. D’ailleurs, de nombreux produits destinés à un lancement prochain chez Urgo vont aller dans ce sens. La catégorie des pansements s’y est déjà essayée avec succès : Urgo Bouton de fièvre est un pansement liquide enfermé dans un étui en aluminium pour faciliter le transport du produit ; les pansements antiampoules sont présentés dans une petite boîte facile à glisser dans un sac et prévue pour couvrir les besoins d’une période courte tout comme la pochette SOS Petites Blessures. « Les premiers secours et les boutons de fièvre sont typiquement des domaines dans lesquels il faut développer des formats nomades car ces désagréments peuvent survenir à tout moment. C’est un besoin du consommateur qui a été identifié et auquel nous avons su répondre puisque la pochette "premiers soins" est vendue à hauteur de 100 00 unités par an et ne cesse de progresser. » Et pas de limites saisonnières pour ces petits conditionnements qui sont intégrés aux gammes permanentes, même s’ils bénéficient d’une mise en avant particulière au moment des vacances.
Deuxième génération.
Le plus abouti des formats nomades est peut-être celui développé par le laboratoire Biopharme, il y a plusieurs années déjà. Celui-ci, il faut dire, avait carrément donné naissance à une nouvelle forme galénique brevetée réunissant solution active et applicateur en un dispositif unidose : enfermé dans une petite canule distributrice, le produit est libéré par simple pression sur l’embout (le "clic") et vient imbiber un petit coton situé à l’autre extrémité de la tige. Un système ingénieux dont l’atout principal, outre ses dimensions qui en font un objet facilement transportable, est sans doute sa grande sécurité d’utilisation. Pas de contact avec la solution, donc pas de contamination ou de contagion possible pour un principe actif qui garde toutes ses propriétés. Une application très précise, même dans des endroits difficilement accessibles, et la délivrance de la quantité nécessaire de produit sont les autres avantages du dispositif. « À l’époque, nous avions répondu à la demande du milieu hospitalier de Montpellier qui cherchait un procédé unidose permettant à un antiseptique de descendre tout doucement sur la plaie », explique Hakim Nacer, P-DG du Laboratoire Biopharme et inventeur du système Clic&Go. Une fois le dispositif mis au point, ses domaines d’application sont apparus très larges : l’antisepsie, bien sûr, et tout le champ des petites plaies et lésions, mais aussi le marché des soins vétérinaires, dentaires, la podologie et… la cosmétique ! « C’est d’ailleurs la première gamme que nous avons développée aux États-Unis avant d’investir les autres domaines du soin. » Aujourd’hui, le laboratoire commercialise 120 références, toutes conçues sur le même principe. Émollient cuticules, Soin lèvres réparateur, Anticernes, Anti poches, Spot correcteur, solution antiseptique, éosine ou traitements des verrues, des boutons de fièvre et des aphtes, en sont quelques exemples. « Ce sont les kits premiers secours, les colles de suture et les produits hémostatiques qui rencontrent le plus de succès en tant que formats nomades », précise Hakim Nacer, qui considère avoir apporté une réelle plus-value sur le marché de l’unidose. Mais l’industriel travaille déjà à la seconde génération des brevets Clic&Go. « Il s’agit cette fois de crèmes et de gels conditionnés en unidoses. Toutes les voies d’application sont possibles », conclut celui qui compte bien lancer ses nouvelles gammes début 2012, mais sera présent dès la rentrée prochaine dans les officines françaises avec sa première génération de canules. Seule limite au procédé, les déchets importants qu’il peut engendrer, un argument que Hakim Nacer réfute en précisant que ses tubes sont constitués de matériaux biodégradables à près de 90 % et que ses étuis sont prévus pour être recyclés. Pour autant, la problématique n’est pas sans fondements puisque d’autres fabricants évoquent l’aspect écologique des formats jetables. « C’est plus facilement gérable pour les contenants en plastique », tempère l’un d’eux en soulignant que les grands formats génèrent aussi du gaspillage, de contenu cette fois, à cause de la péremption du produit après ouverture.
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