Prestataires de santé à domicile, pharmaciens et associations de patients avaient rendez-vous ce matin à 9 heures Place Saint-Augustin, à Paris (8e). L'objet de ce rassemblement inédit : battre le pavé pour que la santé à domicile ne soit pas sacrifiée. Les manifestants devaient être précédés d'un cortège de véhicules utilisés par les prestataires de santé lors des visites au domicile des patients.
À l’issue de la manifestation, l’intersyndicale des prestataires de santé à domicile*, à l’initiative de cette action, a prévu de se rendre à l’Élysée pour remettre au chef de l'État la pétition en ligne qui comporte déjà près de 15 000 signatures.
L’objectif de cette mobilisation est de dénoncer le projet de baisse des tarifs de plus de 250 produits et prestations de soins à domicile, dans les domaines de l'autosurveillance glycémique, l'autotraitement du diabète, l'apnée du sommeil, la prévention d'escarres, la nutrition orale, la nutrition entérale, la stomie, les troubles de la continence et les chaussures orthopédiques. S'il était appliqué, ce plan entraînerait une diminution des tarifs allant de 4 à 10 %, soit un total de plus de 200 millions d'euros qui s'ajoute aux baisses déjà en cours et négociées pour l'année 2016. « Un plan qui va littéralement asphyxier le secteur », augure l'intersyndicale.
Un relais dans les officines
Par ailleurs, le mouvement de contestation est relayé dans les officines : « nous comptons sur chacun d’entre vous pour amplifier le mouvement de contestation en apposant dans vos vitrines l’affiche "Ne sacrifiez pas la santé à domicile" et en faisant signer la pétition », déclare la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), qui accompagne activement le mouvement.
La grogne gagne également les grossistes-répartiteurs (via la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique) et le Syndicat national de l'industrie des technologies médicales (SNITEM). Mais aussi certaines associations de patients (Association des paralysés de France, Fédération française des diabétiques, Fédération française regroupant les patients insuffisants ou handicapés respiratoires) pour qui ce projet de baisses des tarifs peut être à l'origine d'une détérioration de la prise en charge des patients. « S'attaquer au prix de revient risque de réduire la qualité de ces dispositifs et donc d'amoindrir la qualité de la prise en charge des patients », estime notamment la Fédération française des diabétiques.
Pour l'heure, la mobilisation des acteurs de la santé à domicile n’a pas encore permis de faire bouger les lignes. L’intersyndicale a rencontré les cabinets des ministres de la Santé et de l’Économie, l’Élysée, le Comité économique des produits de santé (CEPS). Mais « aucune solution concrète n’a été avancée par le gouvernement », rapporte le collectif, qui s’oppose à toute solution de régulation par la seule baisse des prix.
Unique avancée positive : les négociations avec le CEPS ont repris. « Nous avons été reçus vendredi et lundi dernier dans cet objectif, indique Thierry Truschel, vice-président communication de l’Union nationale des prestataires de dispositifs médicaux (UNPDM), qui fait partie de l'intersyndicale. Nous nous félicitons de cette reprise des négociations, qui devraient s'opérer dans une logique différente, en recherchant ensemble un accord qui, tout en respectant une enveloppe globale, permettra de déterminer des baisses de prix différentes selon les spécificités des produits et prestations de santé à domicile. »
En attendant, les acteurs de la santé à domicile et les patients maintiennent la pression. Ils sont donc dans la rue aujourd'hui avec l'objectif de faire annuler ce projet de baisse de tarifs.
*L’intersyndicale réunit la Fédération des PSAD, le SNADOM (Syndicat national des associations d’assistance à domicile), l’UNPDM (Union nationale des prestataires de dispositifs médicaux) et l’UPSADI (Union des prestataires de santé à domicile indépendants).
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