DEPUIS L’AFFAIRE des prothèses PIP qui a éclaté en 2010, les autorités sanitaires françaises ont renforcé la surveillance des femmes portant des implants mammaires. À l’époque un lien éventuel entre la marque de prothèses controversée et le lymphome anaplasique à grandes cellules mis en évidence chez une porteuse de prothèse PIP, depuis décédée, est rejeté par l’AFSSAPS devenue depuis ANSM. Un réseau d’expertise, LYMPHOPATH, dispositif unique au monde pour analyser les lymphomes, est mis en place dès 2 011.
Depuis, 18 cas de lymphome anaplasique à grandes cellules (LACG) ont été recensés, uniquement chez les patientes porteuses d’implants mammaires. À la suite d’une nette augmentation du nombre de cas l’année dernière, les autorités sanitaires ont sollicité l’INCa qui a mis en place un groupe d’experts chargé de préciser la prévalence et l’incidence des LACG et d’élaborer des recommandations.
Recommandations de l’INCa.
Selon les experts, la terminologie de « lymphome anaplasique à grandes cellules associé à un implant mammaire » (LAGC-AIM) doit être retenue puisqu’il s’agit d’une entité spécifique qui devrait être intégrée à la classification OMS lors de sa prochaine révision. Leurs recommandations ont été adressées la semaine dernière aux chirurgiens, radiologues, sages-femmes et à l’ordre des médecins.
Le suivi des femmes porteuses d’un implant mammaie reste le même que celui recommandé pour toutes les femmes. Le retrait à titre à titre préventif n’est aps recommandé, l’apparition du lymphome restant très rare.
Les symptômes les plus fréquents d’un LAGC-AIM sont un épanchement périprothétique, une augmentation de volume au niveau de l’implant, des douleurs, une inflammation, la présence d’une masse ou d’une ulcération. En cas de suspicion de LAGC-AIM, le groupe d’expert recommande de réaliser systématiquement une ponction pour rechercher et analyser les cellules dans l’épanchement, et éventuellement faire une biopsie de la capsule.
En France, les 18 femmes concernées ont entre 42 et 83 ans. Huit d’entre elles ont reçu un implant à visée esthétique, 10 un implant posé pour une reconstruction mammaire liée à un cancer du sein. Le LAGC-AIM surviendrait entre 11 et 15 ans après la pose du premier implant, mais les délais observés en France sont très variables (de 2 à 37 ans). Ces lymphomes semblent de bon pronostic dans l’ensemble. Selon l’INCA, le trop faible nombre de cas ne permet pas d’identifier formellement des facteurs de risque associés à la survenue du LAGC-AIM autres que le port d’un implant mammaire.
Aucune marque n’est mise en cause pour l’instant.
La majorité des femmes atteintes d’un LAGC-AIM portaient un implant dit « macrotexturé » (par rapport à « lisse ») de la marque Allergan. Un groupe ad hoc d’experts a été mis en place par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) afin de mener une investigation sur le rôle de certaines prothèses dans l’apparition du lymphome. Lors d’une conférence de presse organisée sur le sujet par le ministère de la santé, Dominique Martin, directeur de l’ANSM a déclaré : « Nous avons des interrogations mais pas de piste concrète. Dans tous les cas, le revêtement macrotexturé est en cause, mais c’est aussi la quasi-totalité du marché français. Il n’y a aucun élément qui permet de mettre en cause un fabricant en particuliers à ce jour ni même une anomalie particulière et il ne faut pas se lancer sur de fausses pistes, ce serait un mauvais service à rendre ».
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