LE QUOTIDIEN. - Quelles sont les indications de l’implant cochléaire ?
Dr NATALIE LOUNDON. - L’implant cochléaire est indiqué dans les cas de surdité profonde ou sévère bilatérale avec déficit prouvé en cellules ciliées. À la différence de l’implant de l’oreille moyenne, le dispositif est implanté dans l’oreille interne afin de se substituer aux cellules ciliées et d’assurer l’interface entre l’audition périphérique et le nerf auditif.
Il faut authentifier le déficit de cellules ciliées au niveau de la cochlée par des analyses microélectroniques et s’assurer que le câblage nerveux en aval, c’est-à-dire le nerf auditif et surtout le cerveau, soit fonctionnel, en particulier chez l’enfant.
En quoi le cerveau est-il un critère déterminant pour retenir l’indication d’implant cochléaire chez l’enfant ?
Le cerveau a un rôle très important dans l’audition. Dans certaines situations, par exemple lors d’une conversation téléphonique dans un environnement bruyant, le cerveau pallie la gêne jusqu’à assurer 60% de l’audition. L’implant cochléaire n’est qu’une interface. Le cerveau doit avoir été entraîné à entendre et ce dans les premiers mois de la vie. Non entraînées, les zones de l’audition sont «envahies» par celles avoisinantes et deviennent définitivement non fonctionnelles. On parle alors de «cerveau sourd».
Sous quelles conditions l’implant cochléaire est-il envisageable en cas de surdité congénitale ?
L’implantation doit être la plus précoce possible, au mieux vers l’âge de 12 mois. Cela soulève la question du dépistage, puisque la surdité ne se révèle que tardivement vers l’âge de 2 ans-2ans1/2, quand le retard du developpement du langage est flagrant. La fenêtre d’implantation est courte. Une fois passé l’âge de 5 ans, l’implant ne fera pas mieux que de permettre de discerner bruit et non bruit. À l’inverse, un implant posé suffisamment tôt peut donner d’excellents résultats. Certains enfants sourds congénitaux font des études supérieures, deviennent totalement bilingues, jouent d’un instrument de musique, et parfois du violon !
La précocité de l’implantation est-elle le seul critère conditionnant le pronostic ?
C’est la condition sine qua non, mais elle ne fait pas tout. Il existe de fortes variations interindividuelles en terme de capacités cérébrales, mais il faut souligner le rôle majeur de l’orthophonie et de la stimulation familiale. On estime ainsi que 70% des enfants vont acquérir un langage oral, 30% auront besoin d’avoir recours à la langue des signes pour communiquer.
Combien d’implants sont posés en France ? Quelle est la répartition entre adultes et enfants ?
Environ 1200 implants sont posés en France. Cela concerne des adultes pour 60% et pour 40% des enfants de tous âges, les sourds profonds de naissance représentant 70% d’entre eux. Au tout début, dans les années 1980, le rythme était de l’ordre d’une vingtaine par an.
Quelle est l’offre de soins en France ? Est-elle satisfaisante ?
Il existe près d’une trentaine de centres implanteurs dans l’hexagone, l’accès à la chirurgie est donc tout à fait correct. L’offre en pédiatrie est moins importante que chez les adultes. Il n’existe qu’un seul centre dédié aux enfants, ici à Necker (Paris) et une quinzaine ont une activité mixte, adulte et enfant.
En revanche, le suivi ORL en pédiatrie est problématique. La formation de la filière ORL pêche en France pour l’audiologie. Or, le suivi ORL, c’est le pivot du développement de l’enfant. Dans au moins 30% des cas, la surdité n’est pas isolée avec un suivi neurologique voire psychiatrique. Par comparaison, chez l’adulte, une consultation par an est en général suffisante.
Quelle est la durée de vie d’un implant ? Quels sont les risques à réintervenir ?
La partie interne de l’implant a une durée de vie de 20 ans en moyenne. Ce qui signifie environ 4 interventions au cours de la vie pour un sujet implanté dans l’enfance. La chirurgie la plus compliquée est sans conteste la première. Pour l’explantation et l’implantation, il « suffit » de réemprunter le petit chenal mis en place la première fois. Quant à la partie externe amovible, elle demande un entretien régulier pour le rechargement. Sa durée de vie est d’environ 5 ans.
Le degré de technologie est avancé aujourd’hui. Quelles avancées espérer à l’avenir ?
Sans conteste, la demande des patients concerne la partie extérieure qu’ils aimeraient la moins apparente possible, l’idéal étant que le dispositif soit « tout implantable ». Pour y parvenir, il faut développer une batterie performante d’une durée de vie d’au moins 10 ans.
Autre piste d’avenir, la greffe de cellules ciliées. Afin de ne pas se priver de cette option à l’avenir, la chirurgie de l’implantation doit veiller à préserver une anatomie la plus naturelle possible. Dans l’attente de cette possibilité, il faut continuer à entretenir le circuit auditif d’aval, le nerf auditif et le cerveau, sans quoi la greffe ne servirait à rien, ce n’est pas une solution miracle.
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