LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. - Que pensez-vous de la désignation de DASTRI comme organisme coordinateur de la filière DASRI ?
CHRISTOPHE KOPERSKI. - C’est une très bonne chose que la filière soit lancée, d’autant que la réflexion sur le sujet a commencé il y a plus de dix ans ! Cela signe la fin des gisements de déchets stockés dans les caves ou à demi brûlés, et qui étaient une menace pour la santé publique. En même temps, le défi n’est pas facile à relever pour DASTRI, qui doit réussir la mise en place de toute une organisation, avec l’ensemble des intervenants qui produisent et distribuent les « piquants, coupants, tranchants » dans le cadre de l’autotraitement. Il s’agit, certes, d’une entreprise d’envergure, qui ne doit cependant pas être menée au détriment de la profession.
Qu’est ce qui, dans ce projet, pourrait entraver l’exercice de la profession officinale ?
Depuis novembre 2012, les pharmaciens d’officine ont pour obligation de distribuer gratuitement aux patients auto traités, diabétiques pour la majorité, des mini-collecteurs permettant de stocker leur DASRI, c’est-à-dire les aiguilles, stylos autopiqueurs, etc. Mais le circuit officinal pourrait aussi jouer un rôle dans le parcours de traitement de ces déchets en devenant point de collecte. Rien n’est décidé pour l’instant et on ne sait pas quelle fonction exacte sera attribuée à l’officine au sein de la filière. Des réunions sous la tutelle des agences régionales de santé ont lieu actuellement car chaque région a ses propres spécificités, en terme de densité de population malade, de besoins… Nous n’avons jamais approuvé la décision de faire de l’officine un point de collecte car cela impliquait que l’équipe officinale manipule des déchets, avec le risque de survenue d’accidents. Nous sommes des lieux de santé propres et pas des sociétés spécialisées dans la collecte de déchets à risque. Nous encourageons la mise en place de la filière DASTRI, mais pas si le dispositif place l’officine dans une situation à risque.
Le projet pourrait-il présenter d’autres difficultés ?
Nous restons vigilants sur la question du respect du cahier des charges qui impose d’impliquer tous les pharmaciens volontaires dans la filière, à partir du moment où le dispositif obligerait à recruter des pharmaciens pour compléter le maillage. Il ne faut pas, en effet, créer une concurrence entre les confrères en désignant comme point de collecte certaines pharmacies au détriment des autres, qui verraient bien évidemment leur patientèle rejoindre les lieux organisés pour la récupération des déchets. D’autres acteurs de proximité - pharmacies à usage interne et laboratoires d’analyse - pourraient d’ailleurs jouer ce rôle. Et d’autres encore, actuellement impliqués dans la collecte, pourraient se désengager à l’avenir face aux nouveaux venus. Ce qui existe aujourd’hui n’est pas forcément ce qui existera demain. Nous ne savons pas quelle utilisation sera faite de l’officine et nous restons donc en alerte. Outre la question des points de collecte, la possibilité de faire de l’officine un point de dépose, a été évoquée. Cela impliquerait un tout autre investissement pour le pharmacien qui devrait, en plus de la distribution et de la collecte des mini-collecteurs, assurer leur transport, tout du moins une partie de l’acheminement vers un lieu de collecte référent. En terme de temps, de pénibilité et de responsabilité, cette manutention serait très dommageable pour l’officinal. Nous voulons bien soutenir l’entreprise de DASTRI mais pas à n’importe quel prix !
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