Dans un article paru le 10 août, le site de « 60 millions de consommateurs » pointe les trop nombreux « autotests sans intérêt médical » disponibles en pharmacie. Un jugement que le magazine tire d’un rapport de l’Académie nationale de pharmacie sur le sujet.
Ce rapport académique, qui date de 2018, estime que les autotests sont soit inutiles voire dangereux, soit d’un intérêt discutable, soit d’un intérêt confirmé. Et ceux dont l’intérêt est assuré sont peu nombreux. L’autotest VIH est considéré comme fiable, avec les bandelettes de détection d’une infection urinaire. S’y ajoutent les autotests prescrits par le médecin pour une autosurveillance médicale (mesure de la glycémie et de l’INR) et qui sont pris en charge par l’assurance-maladie, ainsi que les tests de grossesse, également disponibles en grandes surfaces depuis 2014.
Quatre autotests sont jugés d’un intérêt discutable « mais ne présentent pas de risque particulier » : ceux pour dépister l’hypercholestérolémie totale, l’hypoferritinémie, l’hypothyroïdie, ainsi que les tests d’ovulation. Le magazine reproche aux trois premiers de nécessiter une interprétation des résultats « selon l’âge, les symptômes, les facteurs de risques et d’autres biomarqueurs », ce que le patient maîtrise rarement. « Quant aux tests d’ovulation (…) leur interprétation est délicate s’ils ne sont pas effectués au bon moment du cycle. Or, en général, ce sont justement les femmes ayant un cycle irrégulier qui cherchent à connaître la période de leur ovulation », insiste le mensuel.
Enfin, cinq tests sont considérés comme dangereux. Le test pour dépister le cancer de la prostate, qui dose l’antigène spécifique de la prostate (PSA) devrait « être systématiquement précédé d’une consultation médicale pour en évaluer l’intérêt » et être associé « à un toucher rectal ». Car la revue « 60 millions de consommateurs » rappelle qu'un taux élevé de PSA peut relever d’une simple infection urinaire. Le mensuel regrette d’ailleurs que la décision de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) d’interdire ces autotests en 2012 ait été annulée en 2015 par le Conseil d’État. Sont également pointés du doigt les autotests du dépistage du cancer colorectal, des anticorps anti-H. pylori en cas de suspicion d’ulcère (sans intérêt chez les personnes symptomatiques), de la maladie de Lyme et le dosage sanguin des IgE totales (sans intérêt pour dépister une allergie).
L’article de « 60 millions de consommateurs » s’est penché sur trois autotests non abordés dans le rapport de l’Académie de pharmacie. Ceux de la fertilité masculine qui se fondent « sur la concentration de spermatozoïdes dans le sperme » alors qu’un homme peut être fertile en ayant peu de spermatozoïdes. Ceux de l’intolérance au gluten dont le résultat négatif permet d’exclure une maladie cœliaque mais pas une sensibilité au gluten. Et ceux qui cherchent à dépister la consommation de drogue (cannabis, cocaïne, opioïdes) dont l’utilisation sur une tierce personne pose des questions éthiques.
Le mensuel regrette que la seule obligation de tous ces autotests repose sur le marquage CE (à l’exception des autotests VIH) et que la nouvelle directive européenne sur les dispositifs médicaux ne soit pas encore entrée en vigueur pour ce type de produits. Elle prévoit en effet « de renforcer la sécurité et le contrôle de la fiabilité des autotests par des évaluations pré et post-commercialisation ». Cela signifie que « près de 80 % de la gamme d’autotests vendue actuellement fera ainsi l’objet de contrôles qualité par des organismes indépendants, contre seulement 8 % de la gamme aujourd’hui contrôlée ». Le magazine conclut en recommandant de limiter son utilisation d’autotests « à ceux qui sont pertinents selon son état de santé », de « veiller à ce qu’ils portent bien le marquage CE », de préférer les acheter dans une pharmacie plutôt qu’en ligne, de « lire très attentivement la notice » et « de ne pas changer de traitements ou d’habitudes de vie » après obtention du résultat sans en parler au préalable avec un médecin. En résumé : « Être acteur de sa santé ne signifie pas faire sans les professionnels de santé. »
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