L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a décidé de suspendre la publicité et l’exploitation d’ImuPatch, produit de la société Sodeval composé de valentonine et de 6-méthoxy-harmalan. Susceptible de soigner de très nombreuses maladies selon son promoteur, ce patch ne bénéficie d’aucune AMM et n’a jamais démontré une quelconque efficacité.
C’est un « produit miracle » comme on en trouve malheureusement beaucoup sur Internet. ImuPatch est, comme son nom l’indique, un patch, composé de valentonine (dont les effets et même l’existence ne sont pas confirmés) et de 6-méthoxy-harmalan (un produit de dégradation de la mélatonine). Selon son promoteur, la société Sodeval, il ne s’agit d’un « traitement préventif et curatif révolutionnaire pour la santé ». Sur son site Internet et sur les réseaux sociaux, ce patch est aussi présenté comme étant une « alternative pratique aux traitements traditionnels ». Sodeval incite donc des patients à utiliser ce patch pour traiter des affections aussi graves que le VIH, le cancer, la maladie de Parkinson, Alzheimer, ou encore la sclérose en plaques. Rien que ça. Problème, ImuPatch n’a obtenu « aucune autorisation de mise sur le marché, ni même aucun visa préalable pour la publicité » de la part de l’ANSM. Le gendarme du médicament a donc pris « une décision de police sanitaire afin d’empêcher l’exploitation et la publicité du produit ImuPatch ».
L’ANSM, qui n’en est pas à sa première offensive dans ce dossier, dénonce précisément le fait que Sodeval présente son invention « de manière infondée comme ayant des vertus préventives et curatives révolutionnaires pour la santé », sur Internet et sur les réseaux sociaux donc, mais aussi via des campagnes de mailings massifs. Par ces allégations, le produit ImuPatch « relève de la qualification de médicament », rappelle l’ANSM et doit donc se conformer à la réglementation. En plus de l’absence d’AMM, l’autorité sanitaire pointe du doigt « l’absence de garantie quant à la provenance, la qualité, l’efficacité et la sécurité de ce patch ». Ce dernier représente des risques pour la santé, allègue l’ANSM, en particulier pour les patients atteints de pathologies graves qui pourraient se détourner de solutions thérapeutiques efficaces au profit de ce produit. En attendant que la société Sodeval ne se mette en conformité, ce qui risque de s’avérer difficile, toute publicité ou exploitation d’ImuPatch est désormais interdite.
La société Sodeval est encore présidée aujourd’hui par Jean-Bernard Fourtillan, pharmacien de formation et ancien professeur honoraire de la faculté de médecine et de pharmacie de Poitiers. Aux côtés du Pr Henri Joyeux, il avait mis en œuvre en 2019 dans une abbaye un essai clinique non autorisé sur plus de 350 personnes vulnérables auxquelles avait été administrée de la valentonine et du 6-méthoxy-harmalan par le biais d’un patch. Les deux hommes voulaient notamment démontrer la capacité de leur produit à soigner la maladie d’Alzheimer. L’essai clinique, mené en dehors de tout cadre légal, avait conduit Jean-Bernard Fourtillan à être mis en examen pour exercice illégal de la pharmacie, avant d’être interné sous contrainte dans un hôpital psychiatrique.
Malgré ces ennuis judiciaires, le projet n’avait donc pas été abandonné. Selon le directeur général adjoint de l’ANSM, Alexandre de La Volpilière, les promoteurs d’ImuPatch seraient même aller jusqu’à lancer des cagnottes en ligne, aujourd’hui clôturées, pour financer la fabrication de leur produit…
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