Lorsque que le médicament Advil voit le jour, à la fin des années 1980, la molécule qui le compose a déjà toute une histoire à son actif. La première synthèse de l’acide isobutylphenil propionique, plus communément appelé ibuprofène, est en effet réalisée en décembre 1961 par l’équipe du Dr Stewart Adams. Le pharmacologue britannique exerce alors au sein de la division Recherche de « The Boots Pure Drug Company Ltd » - qui deviendra Boots Healthcare - situé à Nottingham au Royaume-Uni.
Lui et son équipe avaient découvert les acides phénoxyl en août 1958, mais aucune de ces substances ne s’était avérée plus efficace que l’aspirine. Cependant, un autre groupe d’acides tirés des molécules de salicylate est rapidement jugé intéressant par les chercheurs. Parmi eux, l’ibuprofène fait preuve des trois propriétés caractéristiques des anti-inflammatoires non-stéroïdiens : effets anti-inflammatoires, analgésiques et antipyrétiques. La nouvelle classe des acides phénylalkanoïques, comprenant l’ibuprofène, est brevetée en janvier 1962. La licence de l'ibuprofène va rester la propriété de la société Boots jusqu'en 1987, année où elle est cédée à deux laboratoires dont l'un n'est autre que Whitehall Laboratories. C'est sous l'égide de ce laboratoire que la marque Advil, contraction des termes « advanced pills », va être créée et développée. Cinq présentations seront ainsi mises sur le marché : Advil 100 mg, 200 mg et 400 mg se présentent sous forme de comprimés, Advil gel est dosé à 5 % d'ibuprofène et Advil Enfants/Nourrissons est une suspension buvable contenant 20 mg d'ibuprofène par millilitre.
Toutes les cinq se destinent au soulagement de la fièvre et des douleurs (telles que les maux de tête, les états grippaux, les douleurs dentaires, les courbatures, les règles douloureuses…), une indication qu'elles conserveront au fil du temps. Et c'est ensemble, bien sûr, qu'elles rejoignent le Laboratoire Pfizer lorsque celui-ci absorbe Whitehall en 2008. Aussitôt, une décision est prise quant à l'habillage de la gamme qui doit être révisé. Les packagings des cinq références sont très différents les uns des autres. Ils méritent d'être retravaillés selon un code visuel harmonieux. Désormais, le nom de la marque apparaîtra en jaune sur les étuis qui indiqueront également de façon claire et distincte le nombre de comprimés et la posologie du médicament sur chacun de leur côté, l'indication occupant une position centrale au bas de la boîte. Ces informations, immédiatement compréhensibles par le patient, facilitent l'appréhension de la gamme et augmentent sa visibilité en rayon. Habillée de neuf, Advil est prête pour un changement plus radical. Le libre accès fait en effet son chemin à l'officine et la marque doit emprunter cette nouvelle voie de proximité avec le public.
Galénique d'avenir
En septembre 2008, deux présentations vont donc rejoindre les étagères du libre accès : les comprimés dosés à 400 mg, qui entre-temps ont pris le nom d'Advil Tabs, et une forme galénique révolutionnaire, Advil Caps 200 mg, développée pour l'occasion. Totalement innovante sur le marché de l'antalgie, cette capsule molle met en œuvre une galénique gélifiée qui permet un délai d'absorption bien plus rapide du principe actif, ramené à une quinzaine de minutes. Avec de tels arguments, la marque ne pouvait que gagner en notoriété. Ce qu'elle fait auprès des pharmaciens, qui trouvent en elle une réponse aux besoins d'analgésique à action rapide, plutôt absents du marché à cette époque.
Forte de ses succès, la gamme s'étoffe en 2009 avec le lancement d'Advil Tabs 200 mg et d'Advil Caps 400 mg. Puis, deux ans plus tard, c'est une forme effervescente qui est présentée sous l'aspect d'un comprimé mais, ne rencontrant pas son public, elle sera abandonnée quelque temps après. En 2013, la marque prend un virage qui va simplifier un peu plus encore la compréhension que le public et les professionnels de santé ont de son offre. La gamme va ainsi être scindée en deux lignes : l'une est consacrée au grand public et disponible en libre accès. Elle abrite les capsules molles Advil Caps 200 mg et 400 mg, ainsi que les comprimés Advil dosés à 200 mg et 400 mg, la forme comprimés abandonnant par la même occasion son suffixe « Tabs ». L'autre ligne est vouée à la prescription médicale et prend le nom d'AdvilMed. Elle comprend les comprimés AdvilMed 100 mg et 400 mg, la suspension buvable AdvilMed dédiée aux enfants et aux nourrissons, ainsi qu'un gel lancé dans les années 1980.
Une réorganisation totale qui offre à la marque une grande visibilité et la place parmi les leaders du rayon de l'antalgie. À mars 2016, Advil et ses deux lignes ont ainsi réalisé la plus forte croissance en chiffre d'affaires au sein des antalgiques à base d'ibuprofène, avec une progression de 16 %. La récente réévaluation menée par la Haute Autorité de santé (HAS) sur les profils de tolérance de l'ibuprofène devrait contribuer un peu plus encore au dynamisme de la gamme. Le principe actif est en effet reconnu comme faisant partie des molécules de référence dans le traitement de la fièvre et de la douleur chez l'adulte comme chez l'enfant. Un contexte favorable que la marque a prévu d'exploiter en programmant - sous réserve de l'accord de l'ANSM* - une nouvelle campagne de publicité télévisée dans les prochains mois. Communicante chevronnée, elle saura, sans nul doute, marquer de nouveau l'esprit du grand public.
* Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé.
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