« L’industrie avance, les métiers changent, les compétences changent », souligne en guise d’introduction Hani Houssami, responsable du Master Management des industries pharmaceutiques et technologies médicales à l’Iae de Lyon. Organisateur d’une table ronde sur les talents pour l’industrie pharmaceutique de demain, il a convié plusieurs responsables de laboratoires à venir débattre sur le sujet.
Pour Pierre-Henry Longeray, président du conseil de gouvernance chez Merck, « la première chose à laquelle il faut penser, c’est l’intérêt pour les malades. Il faut réussir à le concilier avec l’intérêt économique ». Il remarque une diminution de la durée de vie des compétences apprises pendant la formation initiale. « Quand j’ai commencé ma carrière, une compétence avait une durée de vie de 30 ans. Aujourd’hui, c’est maximum 5 ans, estime-t-il. Il faut une logique d’apprentissage et une curiosité en permanence. De plus la multiplicité des compétences dont nous avons besoin nécessite d’être bon dans la collaboration. »
Il note que la domination du marketing et des ventes est révolue. « À présent, d’autres fonctions ont pris un poids important, comme le market access, les affaires économiques, les affaires médicales, ou encore les affaires réglementaires. » De son côté, Mohand Sidi Said, ancien vice-président monde chez Pfizer, souligne qu’« aucune industrie n’est sur une île déserte. Nous sommes dans une économie mondialisée et le temps où il suffisait à l’industrie pharmaceutique de découvrir de nouvelles molécules et d’avoir les sites pour les produire est terminé. Désormais, il faut être attentif à ce qui se passe autour de nous. Les médias et les ONG notamment, suivent de près ce que font les laboratoires ». Pour lui, quelqu’un qui aspire à aller dans l’industrie pharmaceutique doit avoir « une dose d’altruisme, de générosité et d’intérêt pour autrui. C’est important, dans un contexte où l’accès aux soins innovants n’est pas possible à tous et où on assiste à une levée de boucliers à propos des prix des nouvelles molécules anticancéreuses ».
Le métier du pharmacien en mutation
Vincent Pont, président d’Arrow Générique, note pour sa part que « les patients sont beaucoup plus informés qu’il y a 20 ou 30 ans sur leur pathologie et sur leur traitement. Du coup, la relation avec les patients s’est modifiée. Le métier du pharmacien par exemple, est en train de changer. La partie clinique de son métier devient plus importante, le conseil prend de l’ampleur et les outils numériques lui permettent d’avoir une relation différente avec le patient ».
Pierre Morgon, président de Virometix et membre non exécutif du conseil d’administration d’Alma Bio Therapeutics, estime que malgré ces changements, « les professionnels de santé sont très en demande d’une relation avec l’industrie. Il y aura toujours besoin d’une présence sur le terrain. En revanche, ils sont beaucoup plus pointilleux sur le contenu ». « Le nombre de personnes qui font de la visite médicale s’est beaucoup réduit, mais on leur demande des connaissances plus pointues, plus techniques », confirme Pierre-Henry Longeray.
Enfin, Marie-Laure Pallier, PDG e-santé de Datamedcare, fait le point sur les compétences nécessaires pour travailler dans une start-up. « Certaines start-up sont amenées à travailler avec des grands groupes et c’est parfois très compliqué, car les logiques ne sont pas les mêmes et on a du mal à se comprendre. Dans une start-up, les compétences clés sont l’écoute, la capacité de se mettre à la place de l’autre et la connaissance du grand groupe », conclut-elle.
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