Alors que des patients continuent à se plaindre de difficultés à se procurer de l’Euthyrox, ce médicament identique au Lévothyrox ancienne formule, destiné au marché allemand et importé depuis le 2 octobre de manière temporaire, ils découvrent, effarés, qu’un sous-traitant de Merck Serono fabrique l’Eutirox italien sur le territoire français. Une situation immédiatement pointée du doigt par Me Christophe Léguevaques. L’avocat fait beaucoup parler de lui depuis qu’il a lancé une action conjointe collective à l’encontre du Laboratoire Merck Serono, invitant un maximum de patients à s’y joindre par le biais d’une plateforme Internet, MySmartCab.
« Contrairement à ce qu’affirment depuis mars dernier les autorités et les Laboratoires Merck, l’ancienne formule du Lévothyrox est toujours produite en France, s'insurge l'avocat. On laisse souffrir les patients alors qu’une solution existe en Isère ! » Cette découverte a suscité de nombreuses questions que l’avocat a jugé bon de réunir dans une « sommation interpellative », une procédure qui consiste à envoyer un huissier qui doit obtenir les réponses des « interpellés », qu’il consigne dans un procès-verbal. Les destinataires : la ministre de la Santé Agnès Buzyn, Merck Serono (filiale française de Merck KGaA), la société Patheon qui fabrique l’Eutirox pour le marché italien et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Mais selon Me Léguevaques, ils ont tout quatre « botté en touche ».
Polémique
Interrogées, les autorités de santé ont dégonflé ce début de polémique, rappelant d’abord que « l’ancienne formule du Lévothyrox qui a été commercialisée en France n’a jamais été fabriquée en France ». Et surtout que « l’Eutirox avec un i » fabriqué sur le site de Bourgoin-Jallieu pour le marché italien n’est pas strictement identique au Lévothyrox ancienne formule. En revanche, l’Euthyrox (avec un h et un y cette fois) allemand, mis à disposition des patients français depuis le 2 octobre dernier, est lui « strictement identique » au Lévothyrox ancienne formule, ce que réclamaient les patients ayant des effets secondaires avec le Lévothyrox nouvelle formule. L’ANSM note en effet qu’entre l’Eutirox et l’Euthyrox, les origines du principe et de l'excipient diffèrent. Mais pas seulement. Selon Valérie Leto, pharmacien responsable de l’entité juridique de Merck Serono, il faut y ajouter « le procédé de fabrication, les paramètres de contrôle du produit fini, l’aspect des comprimés et la composition des blisters ».
Une explication qui ne convainc pas Me Léguevaques, qui rappelle que l'Eutirox italien avait été présenté comme parfaitement identique au Lévothyrox ancienne formule en 2013, et délivré en lieu et place du princeps français qui faisait face à des ruptures d'approvisionnement. Réponse du laboratoire : à contexte différent, réponse différente. Face à des patients très sensibles à la marge thérapeutique étroite du traitement suivi, décision a été prise de proposer l'Euthyrox allemand qui non seulement présentait des stocks suffisants pour une importation, mais répondait en tout point à la similarité demandée avec le Lévothyrox ancienne formule, tout au long de sa fabrication et jusque dans sa présentation.
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