L'histoire d'Eludril est intimement liée à celle de la chlorhexidine, antiseptique de grande renommée dont le célèbre bain de bouche fera son actif phare, son « gold standard ».
En 1950, la molécule de chlorhexidine est synthétisée pour la première fois. Cette avancée majeure se produit en Angleterre dans le cadre d'un programme de recherche sur le paludisme. Jeune pharmacien, Pierre Fabre n'a pas encore acheté la pharmacie de la place Jean-Jaurès à Castres. Il le fera un an plus tard, en 1951, un peu avant de s'intéresser au tout nouvel antiseptique qu'il découvre à l'occasion d'un voyage outre-Manche. Interpellé par les propriétés de la molécule, pressentant ses possibilités, il n'hésitera pas à la ramener en France. Et il aura raison. Car la chlorhexidine révèle un potentiel antiseptique de haut vol : appartenant à la famille des bisbiguanides chlorés, elle possède un large spectre d'action plus actif sur les germes Gram positif que Gram négatif. Administrée par voie topique ou sur la muqueuse buccale, elle opère en altérant les protéines des membranes bactériennes et possède des propriétés bactériostatiques ou bactéricides selon des facteurs tels que le pH ou la concentration. Dotée d'un effet rémanent et cumulatif, elle sera vouée à une utilisation cutanée, ophtalmique et buccale. Ses nombreuses indications – nettoyage et antisepsie des plaies simples, chirurgicales et traumatiques peu profondes, balnéothérapie des brûlés, lavage des mains, antisepsie du champ opératoire – incluent le domaine bucco-dentaire. La chlorhexidine y sera notamment utilisée en stomatologie dans les soins post-opératoires et en bain de bouche destiné à réduire la plaque dentaire et la mauvaise haleine. Mais elle trouvera également une voie d'expression majeure dans le traitement des gingivites modérées à graves. Causée par la présence de bactéries, cette affection se caractérise par une inflammation des gencives qui deviennent très sensibles et susceptibles de saigner facilement.
Quand Pierre Fabre, dans les années 1960, associe pour la première fois un antiseptique à la formule d'un bain de bouche, pressent-il que les maladies gingivales figureront quelques décennies plus tard au palmarès des pathologies buccales et dentaires ? Une étude menée récemment par Pierre Fabre Oral Care, en partenariat avec l'UFSBD, montre en effet que 50 % des Français souffrent de saignements des gencives, un peu plus de la moitié d'entre eux n'étant pas allée chez le dentiste depuis plus d'un an.
Outil du futur
Inspiré, précurseur, le pharmacien de Castres l'est sûrement quand il présente, en 1968, le premier bain de bouche antiseptique aux chirurgiens-dentistes, médecins et pharmaciens. Dénommé Eludril, sa composition fait la part belle à la chlorhexidine dosée à 0,10 % et au chlorobutanol, un autre antiseptique qui bénéficie de propriétés analgésiques dosé à 0,50 %. Avec ses deux principes actifs, ses deux excipients (docusate de sodium et alcool) et sa dilution obligatoire lors de l'administration, la formule devient unique et permet d'éviter la coloration dentaire. À peine lancé, le bain de bouche fait l'objet de publications dans la presse professionnelle. Quant aux professionnels de santé, ils reconnaissent à ce médicament remboursable toutes les qualités d'un outil thérapeutique du futur. Indiqué en tant que traitement local d'appoint des affections de la cavité buccale et lors des soins post-opératoires en odonto-stomatologie, il est en effet conçu pour répondre aux exigences antiseptiques de tous les actes de soin et/ou de petites chirurgies buccales. Il fait également merveille dans le cadre d'un détartrage.
Pendant plus de 40 ans, Eludril va faire référence en matière de bain de bouche antiseptique. Sa formule originale, reconnue pour ses propriétés et son éventail d'actions, va faire des émules sur tout le marché des traitements de la cavité buccale, concurrents qui peu à peu vont intégrer la chlorhexidine dans leurs compositions. Entre-temps, sa conquête de l'hexagone accomplie, Eludril se tourne vers l'étranger. En 1993, il fait ses premiers pas au Portugal, puis gagne l'Espagne, la Belgique, la Russie avant d'investir l'Afrique subsaharienne et le Maroc. En 2000, c'est au tour du Moyen-Orient et de l'Europe de l'Est de faire connaissance avec le bain de bouche antiseptique. Deux ans plus tard, Eludril est accueilli par la Pologne qui devient son pays d'adoption avec des ventes records plaçant les Polonais au second rang des utilisateurs de la marque, juste derrière la France. En 2008, le bain de bouche fête ses 40 ans et quelque 17 millions d'unités vendues annuellement sur le plan national. Logiquement, il est aussi le premier produit en termes de ventes au sein du Laboratoire Pierre Fabre.
Renaissance
Au plus fort de son succès, en pleine ascension, Eludril princeps va pourtant disparaître… Sa formule si réputée est tombée dans le domaine public et doit opérer un virage délicat, celui du générique. Très encadrés, soumis aux objectifs de substitution, les pharmaciens entendent disposer d'une formule génériquée d'Eludril. Seule solution pour le célèbre bain de bouche, disparaître… Mais pour mieux renaître, sous la forme d'un auto-générique. En 2011, celui-ci fait son entrée en pharmacie sous le nom d'Eludril Gé. Finement négocié, c'est un tournant dans l'histoire d'Eludril qui permet à la marque de délivrer un générique en son nom et d'assurer à sa formule historique une pérennité certaine. Et de longévité, il sera en effet question pour la référence phare de Pierre Fabre Oral Care qui fêtera sept ans plus tard son demi-siècle d'existence. Heureuse trajectoire agrémentée, comme une cerise sur le gâteau, de parts de marché qui lui permettront de conserver sa position de leader des bains de bouche remboursables. Parallèle au lancement de l'auto-générique, une seconde référence voit le jour sous la marque Eludril. Également composée de chlorhexidine et de chlorobutanol, la formule se destine cette fois au rayon OTC des bains de bouche et porte le nom d'Eludril Pro. Elle est aujourd'hui leader de son marché dont elle détient 40 % des parts. En 2013, la gamme s'élargit en accueillant Eludril Pério, solution traitante remboursable dosée à 0,20 % de chlorhexidine et ne contenant pas d'alcool. Cette caractéristique lui ouvre une nouvelle voie d'utilisation, limitant sa posologie à deux bains de bouche par jour sans nécessité de dilution avant usage. Très apprécié, le nouveau venu va rapidement gravir les échelons de son marché de référence. Peu après sera lancé Eludril Care avec des concentrations ramenées à 0,05 % de chlorhexidine et 0,05 % de chlorure de cetylpyridinium qui lui garantissent une efficacité antiplaque et anti-coloration dentaire. La quatrième référence de la gamme se positionne sur le segment des solutions dentaires cosmétiques où, à l'instar des formules signées Eludril, elle occupera une place de choix - la seconde - un an seulement après son lancement.
Présente sur tous les marchés du bain de bouche, la gamme Eludril n'a qu'une ambition : s'adapter à ses patients, à ses utilisateurs, à ses prescripteurs, se transformant sans cesse dans un esprit d'invention et un souci de protection qu'elle cultive pour rester une des références majeures en matière d'hygiène bucco-dentaire. Expertise, efficacité, exception sont les valeurs qu'elle prône sans jamais oublier de rendre hommage à son « gold standard », la chlorhexidine.
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