« LA PHARMACIE d’officine est une activité qui accède à l’envergure du grand nombre puisqu’elle donne lieu à environ un milliard de contacts par an. Ce chiffre est astronomique. Il explique que le pharmacien a rarement un impact très approfondi mais une influence au total très forte sur l’opinion et la santé publique. Certes l’officine a très largement perdu la fonction de préparation du médicament. Mais elle a gagné en influence et son rôle de contrôle et d’orientation n’a jamais été aussi grand.
L’activité de l’officine est déformée par bien des idées fausses. La première est essentielle : je l’appellerai la légende dorée de la pharmacie. Cela s’explique car l’officine est un lieu moderne, confortable, inondé de lumière, en contraste souvent choquant avec des commerces grisâtres voisins. Et puis, l’on sait de plus en plus que c’est le point de vente qui crée l’image de toute une chaîne d’activités industrielles. C’est le modeste responsable derrière le guichet qui rendra sympathique ou odieuse telle ou telle banque.
On comprend encore mieux ce qui rend les diverses branches de la profession aussi solidaires. Et l’accueil dans l’officine s’est constamment amélioré, alors que l’époque n’est pas si lointaine où il était jugé comme sérieux, compétent, poli mais pas exagérément chaleureux.
Avec les années, la pharmacie d’officine a vécu des fortunes variables. Je n’en cite que quelques-unes. Autour de 1900, certains laboratoires bénéficiaient de la distribution de leurs produits par les pharmaciens, mais ne leur donnaient pas de remise. Vingt ans plus tard, un modeste pharmacien de Melun, à force de dynamisme et de bonne organisation, pouvait au contraire consentir des remises très élevées aux officinaux qui coopéraient au conseil de ses produits et éventuellement à leur fabrication. Ce système très bien dirigé a très mal survécu à la guerre et à la Sécurité sociale.
Après le deuxième conflit mondial, les pharmaciens d’officine ont pu craindre une catastrophe sous forme de nationalisation ou de généralisation des pharmacies mutualistes. À la fin du XXe siècle, leur marge bénéficiaire a été fortement attaquée. Aujourd’hui le danger s’est déplacé et prend la forme des convoitises de vastes groupes financiers. Il n’est pas douteux que certains intérêts aimeraient bien pêcher en eau trouble. C’est encore un exemple de la nécessité que nos diverses branches puissent s’appuyer.
Avant de quitter l’officine, il faut rappeler que le pharmacien est le seul intellectuel à exercer dans un local entièrement ouvert à l’accès du public. C’est précieux mais peut rendre le métier épuisant.
Je quitte l’officine à regret mais la transition s’impose puisque la distribution met en jeu aussi bien l’échelon détail que l’échelon répartition. Or, je le dis tout net, la distribution en pharmacie est tout simplement merveilleuse par sa sûreté et son extrême rapidité et il faut ajouter pour un coût des plus raisonnable. Cela ne se sait pas et c’est dommage. »
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %