Le gouvernement est à la manœuvre pour calmer les craintes des syndicats ainsi que celles de la classe politique, qui exigent des garanties pour maintenir la production de Doliprane en France, alors que la filiale Opella de Sanofi pourrait être vendue à un fonds d’investissement américain.
Le 11 octobre, Sanofi annonçait entamer des négociations exclusives avec le fonds d'investissement américain CD&R, afin de lui céder pour 15,5 milliards d’euros le contrôle de sa filiale de produits en vente libre Opella, qui produit une centaine de médicaments, dont Doliprane.
Cette annonce, qui intervient dans un contexte de pénuries récurrentes, suscite une crainte : et si Doliprane, symbole emblématique du médicament français, voyait sa production quitter le territoire ? Une éventualité qui porterait un coup dur au gouvernement d’Emmanuel Macron, qui avait affirmé faire de la souveraineté sanitaire de la France une de ses priorités, l’Hexagone ayant massivement délocalisé sa production pharmaceutique ces dernières décennies.
« Mon engagement est que le Doliprane continue à être produit en France. Nous devrons demander des garanties extrêmement fortes », a déclaré le ministre de l'Économie Antoine Armand, dimanche 13 octobre sur « BFMTV ». Le ministre de l'Industrie Marc Ferracci, lui, affirmait le 11 octobre avoir exigé des garanties au laboratoire et à CD&R sur le maintien du siège et des centres de décisions sur le territoire national. « Je pense très sincèrement que des engagements seront pris […] à la fois pour maintenir les emplois et la sécurité de l'approvisionnement des Français en médicaments », a-t-il déclaré, rappelant que le gouvernement n’écartait pas la possibilité de recourir à la procédure de contrôle des investissements étrangers, qui permet de bloquer l’achat d’une entreprise française par une entité étrangère.
Les deux ministres se sont rendus lundi 14 octobre à Lisieux (Calvados), où se trouve l'un des sites de fabrication du Doliprane, afin d’y rencontrer les syndicats. Ces derniers réclament le maintien d'Opella dans le giron de Sanofi. « Notre première requête, c'est de rester Sanofi », déclare Johann Nicolas, délégué syndical CGT Lisieux. Il peut compter sur le soutien de l’ensemble des parlementaires socialistes, qui se sont opposés à cette vente. « Le gouvernement doit refuser le rachat américain de l'usine de Lisieux de Sanofi, et imposer à Sanofi de préserver un contrôle national de ces activités indispensables pour notre souveraineté », requièrent-ils dans le journal « La Tribune ».
Dans un courrier au ministre de l’Économie, une soixantaine de députés de centre droit (EPR, Horizons, MoDem, LR) redoutent que l’opération aille à l'encontre du « rétablissement de la souveraineté française en matière de santé ». Plusieurs chefs de parti ont également critiqué la cession sur les réseaux sociaux, Jordan Bardella la décrivant comme une « vente à la découpe de la France », Fabien Roussel (PCF) comme « un symbole de notre perte de souveraineté », tandis que Marine Tondelier (Écologiste) juge qu’« aucune leçon n’a été tirée du Covid ».
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