Depuis le 1er janvier 2017, c’est officiel, Merial s’intègre pleinement à Boehringer Ingelheim. Si les premiers mois semblent avoir évité les habituels effets secondaires des fusions-acquisitions (mutualisation des coûts et conséquence sur les forces vives), l’intégration pleine et entière se fera au fil du temps. « En tant qu’entreprise, Merial est absorbée par Boehringer Ingelheim, mais les deux marques continuent à cohabiter pour le moment. Boerhinger est surtout connu par les éleveurs tandis que l’image de Merial est forte chez les propriétaires d’animaux de compagnie. C’est pourquoi nous faisons attention à ne pas aller trop vite », explique le Dr Joachim Hasenmeier, directeur de la division Santé animale de Boehringer Ingelheim. Lorsqu’on lui demande lequel de ces deux segments sera prioritaire, il fait mine de donner sa langue au chat : « ce sont les bonnes idées qui sont en compétition ».
Le rachat de Merial repose sur un échange d’actifs. Sanofi a cédé sa filiale de santé animale, valorisée à 11,4 milliards d'euros, en échange de l’activité OTC de Boehringer Ingelheim, estimée à 6,7 milliards d'euros ; le groupe allemand ajoutant un paiement de 4,7 milliards d’euros pour effacer la différence de valeur. Pour satisfaire l’Autorité européenne de la concurrence, Boehringer Ingelheim a dû céder certains produits « doublons » de Merial à un autre Français, Ceva : des vaccins porcins et bovins, ainsi que des anti-inflammatoires non stéroïdiens multi-espèces. En 2015, Merial réalisait 2,5 milliards d'euros de ventes nettes, soit environ le double de Boehringer Ingelheim avec 1,3 milliard d'euros. Pour 2016, les deux chiffres d’affaires cumulés (dont 1,46 milliard d’euros pour le groupe allemand) s’approchent des 4 milliards d’euros. Mais les résultats de Merial ne sont intégrés que depuis le 1er janvier dernier, donc absents du chiffre d’affaires global de Boehringer Ingelheim pour l’exercice 2016 : près de 15,9 milliards d’euros (+7,3 % hors effets de change).
Coupes franches
C’est l’aboutissement réussi de la transformation de la compagnie engagée deux ans plus tôt, ce qui lui permet d’envisager « l’avenir avec confiance », souligne Hubertus von Baumbach, président du directoire. Entre 2012 et 2014, la société familiale avait vu son chiffre d’affaires reculer de 14,7 à 13,3 milliards d’euros. Il a fallu prendre le taureau par les cornes. Les drastiques mesures de réduction des coûts, notamment des coupes franches et nombreuses parmi les collaborateurs, la mise en place de partenariats majeurs et le recentrage sur trois pôles (santé humaine, santé animale, fabrication pour tiers de médicaments biologiques) ont permis à la firme de retomber sur ses pattes. Si la cession de la division OTC en santé humaine n’a pas été un choix facile pour le groupe familial, le résultat est à la hauteur du sacrifice. « L’augmentation des ventes nettes en 2016 a dépassé nos attentes », précise Simone Menne, directeur financier du groupe.
En 2016, la division médication familiale a donc encore contribué au chiffre d’affaires avant cession officielle au 1er janvier à Sanofi. Une contribution qui s’élève à 1,6 milliard d’euros, soit près de 10 % du chiffre d’affaires global de Boehringer Ingelheim. Les médicaments de prescription restent le secteur d’activité le plus développé de Boehringer Ingelheim avec un chiffre d’affaires en 2016 de 12 milliards d’euros (+7,4 % hors effets de change), dont près de 3 milliards d’euros de revenus pour le seul bronchodilatateur Spiriva (tiotropium), son produit leader.
Devenir numéro un
Pour 2017, Boehringer Ingelheim prévoit une progression de son chiffre d’affaires, notamment grâce à l’intégration des actifs Merial. Désormais premier producteur mondial d’antiparasitaires et de vaccins destinés aux animaux d’élevage et de compagnie ; numéro un mondial sur les segments des animaux de compagnie, des porcs, des chevaux et de la santé publique vétérinaire ; et en bonne position sur le marché des volailles et des bovins, Boehringer Ingelheim souhaite renforcer son « leadership en matière de programmes de vaccination et de lutte antiparasitaire » et se recentrer sur « les produits de soins pour animaux de compagnie ». Il prévoit de réinvestir ses gains à hauteur de 8 à 10 % en R & D pour répondre aux besoins insatisfaits. Absent en antibiothérapie, le laboratoire ne s’y investira pas parce que, d’une part, « on ne peut pas promouvoir à la fois la prévention et les antibiotiques » et d’autre part, « la tendance est de ne plus en utiliser, tendance qui prend de l’ampleur même si cela va être long ». Autrement dit, l’antibiothérapie n’est pas un investissement d’avenir.
En 2017, la division santé animale devrait représenter plus de 25 % du chiffre d’affaires de Boehringer Ingelheim, avec des revenus doublés par rapport à l’exercice 2016. Elle ne cache pas son ambition – sa faim de loup – sans en préciser le terme : dépasser l’actuel numéro un mondial en santé animale, Zoetis, dont le chiffre d’affaires est proche de 5 milliards de dollars et qui n’hésite pas, lui non plus, à user de croissance externe. Sans répondre quant aux vues du laboratoire sur des acteurs plus petits, Joachim Hasenmeier prédit des mouvements de consolidation dans les années à venir. À ses yeux, seuls les quatre premiers groupes mondiaux du secteur sont solides. Le numéro 5 est son compatriote Bayer, suivi par les Français Ceva et Virbac. Une manière élégante de mettre la puce à l’oreille. Ou d’avouer qu’il y a anguille sous roche.
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