Selon une étude de l'institut CSA Research* pour le Laboratoire Roche dévoilée jeudi dernier, 70 % des Français estiment que la France est « en pointe dans la recherche en santé » et un sur deux pense qu'elle sera toujours « le chef de file » dans ce domaine en 2045. Une conviction partagée par l'ancienne ministre de la Recherche, Geneviève Fioraso, qui plébiscite la révolution en cours et l'arrivée de « la médecine des 4 P : préventive, prédictive, personnalisée et de précision, participative ». Elle apporte cependant un bémol.
Alors que la santé au sens large, c'est « 211 000 emplois privés directs, 100 000 indirects, 400 000 induits, un chiffre d'affaires de 67 milliards d'euros en 2016, un effectif dans la R & D qui a doublé en 10 ans, un secteur qui développe des richesses et donc des emplois, la balance commerciale affiche néanmoins un déficit d'environ 2 milliards d'euros ». Pour Geneviève Fioraso, c'est la preuve d'un « fossé entre notre potentiel de recherche et sa valorisation sur le plan économique ». Ainsi, 29 % de la production est exportée contre une moyenne de 50 % dans les pays leaders, 68 % des essais cliniques français sont réalisés hors de France (ce ratio est de 11 % aux États-Unis) et « cela prend quatre fois plus de temps de commercialiser un produit biomédical sur le marché français que sur le marché allemand (408 jours en moyenne contre 120 jours) ». De même, le nombre de brevets déposés ces dix dernières années est de 700 pour la France, 4 900 pour l'Allemagne, 21 000 pour les États-Unis.
Loin de renier les compétences françaises, l'ancienne ministre appelle le pays à valoriser son excellence. Ses solutions ? Commencer par arrêter de considérer la santé uniquement comme un coût mais plutôt comme « un formidable levier de développement ». Ce changement de paradigme doit s'accompagner de procédures de validations moins lourdes et plus transparentes, de collaborations entre privé et public fluidifiées, de modes de financement adaptés aux start-up de biotech, d'une incitation aux dépôts de brevets, d'une valorisation de la recherche appliquée aux technologies, d'une acculturation des étudiants à l'innovation… Et d'une révision du principe de précaution ! « Il est temps, dans notre pays, d'avoir une culture du risque qui mesure avantages et inconvénients, plutôt qu'une culture de l'interdit, une culture de la défiance qui n'empêche pas le danger, qui ne responsabilise pas et amène à des âneries », lance Geneviève Fioraso, qui assume ce discours non politiquement correct.
S'ils se montrent confiants dans la recherche en santé et les progrès médicaux, les Français ne cachent pas leurs inquiétudes : 85 % estiment que les 30 prochaines années seront source d'inégalités d'accès aux soins et 80 % que les responsables politiques ne mettent pas la recherche en santé au cœur de leurs priorités. Une attitude qualifiée de « mature » par le sociologue suisse Dominique Vinck, enseignant à l'université de Lausanne, qui y voit une confiance qui n'empêche pas la réflexion critique.
* Réalisée en ligne auprès d'un échantillon représentatif de la population française de 18 ans et plus de 1 004 individus, du 2 au 12 octobre 2017.
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