LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Quel est habituellement le mode d’évolution faisant suite au lancement d’un nouveau générique ?
HUBERT OLIVIER.- Le schéma observé habituellement est un taux de substitution de l’ordre de 50 % à 6 mois et de 70 à 80 % à 12 mois. C’est ce qui a été observé, par exemple, pour un certain nombre de lancements en 2008 et 2009, concernant notamment la venlafaxine, le pantoprazole et l’indapamide.
Et dans le cas des produits faisant exception ?
On observe alors un fort décalage de performances, avec, au maximum, 25 % à 6 mois, 30 à 40 % à 1 an et parfois moins de 60 % après 2 ans. Cela a été le cas, par exemple, pour des lancements intervenus en 2008, tels le patch de fentanyl, la fluvastatine 20, 40 mg et 80 mg LP, le perindopril et le perindopril – indapamide, le tramadol LP et le bisoprolol – HCTZ.
Pour ce qui est des lancements de 2010, alors qu’à 6 mois le losartan était environ à 50 %, la lercanidipine à 60 % et le valaciclovir à 70 %, la lévothyroxine et l’acarbose n’étaient qu’aux alentours de 25 %, soit la moitié d’une performance normale.
Quelles causes identifiez-vous ?
J’en distingue plusieurs. La largeur des gammes de génériques crée peut-être des difficultés à certains officinaux : comment ne rien oublier ? Les petites rotations ont parfois tendance à être négligées, ce qui est dommage en termes de profitabilité pour l’officine.
Surtout, certains cas de figure sont étroitement liés à des scénarios spécifiques, différant au cas par cas.
C’est le cas, par exemple, du fentanyl en patch dont le taux de substitution ne s’est élevé qu’à 5 % à 6 mois, 10 % à 1 an et 20 % à 2 ans ; et pourtant, à titre individuel, certains officinaux ont réussi à substituer sans problème à hauteur de 70 à 80 %. Dans ce cas, je pense que de nombreux pharmaciens ont été influencés par la diffusion par le fabricant du princeps de mises en garde dont le sens a été détourné. Ratiopharm a d’ailleurs, à l’époque, intenté à ce sujet une action contre le princeps devant l’Autorité de la concurrence qui a reconnu en juillet 2009 le caractère dénigrant de cette communication ; mais le mal était fait !
Un autre type de situation est représenté par le cas du perindopril et du perindopril-indapamide, dans lequel l’Afssaps a accepté que le princeps change de dosage au moment où les génériques arrivaient sur le marché, ce qui rendait la substitution objectivement très difficile, voire impossible pour le pharmacien.
Je citerai enfin le cas du clopidogrel, un poids lourd lancé fin 2009 qui plafonne actuellement aux alentours de 60 % à 65%. Les 20 % manquants s’expliquent principalement par un usage important de la mention « NS » par les médecins, alors qu’ils n’ont a priori aucune raison de le faire de façon aussi importante.
Quelles solutions proposez-vous ?
J’identifie plusieurs types d’action. D’une part, je pense qu’il faudrait que les pouvoirs publics placent à nouveau les génériques au cœur de leurs priorités, comme cela a été le cas de 2003 à 2006. Ceci pourrait se traduire, par exemple, par une stratégie plus ferme vis-à-vis des laboratoires qui mettent en place des actions anti-génériques.
Ensuite, il faudrait que soit mise en place un suivi individualisé des médecins en termes de taux de mention « NS » et des actions correctives chaque fois que ce taux semble excessif.
Enfin, je pense que les laboratoires de génériques pourraient à nouveau proposer aux pharmaciens des audits de substitution permettant de les aider à identifier là où il est possible de réaliser un supplément de substitution, c’est ce que Teva et ratiopharm vont faire en 2011.
Et, pour terminer, je crois aussi que la meilleure façon de relancer la substitution, c’est de le faire à chaque nouveau produit. 2011 sera une année comportant un grand nombre d’échéances brevetaires. Chacune sera pour les officines une opportunité à saisir.
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