LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Les chaînes de pharmacies prospèrent en Grande-Bretagne et en Italie. Quelles sont, en France, les véritables ambitions et les projets d’Alliance Boots ?
ORNELLA BARRA.- Je serai clair là dessus : en France nous n’avons nullement l’ambition de développer des chaînes de pharmacie. Nous n’avons d’ailleurs jamais fait œuvre de lobbying pour la libéralisation des pharmacies. Nos ambitions visent plutôt à développer, toujours et encore, les pharmacies indépendantes. Nos projets vont ainsi aujourd’hui vers l’extension d’une offre de services supplémentaires pour les officines afin d’améliorer leur profitabilité et les aider à mettre au point de nouvelles offres à l’intention de leurs clients.
Et si la réglementation française venait à évoluer ?
Si demain la déréglementation des officines intervenait en France, bien sûr nous nous adapterions à cette nouvelle donne. Mais ce serait une réaction à une situation nouvelle visant la survie de notre activité.
Alphega pourrait-il selon vous préfigurer un modèle de chaîne pharmaceutique à la française ?
Vraiment, non. Alphega est le seul réseau de pharmacies indépendantes au niveau européen et, selon moi, il doit le rester. La différence entre Alphega et les autres groupements réside justement dans cette dimension européenne. Je ne souhaite pas détruire ce que j’ai construit avec tant d’ardeur et de passion. Aujourd’hui Alphega est un merveilleux moyen de consolider nos relations avec les laboratoires, pour développer des services dédiés aux pharmaciens. Ce qui revient à modifier totalement l’approche et la relation que nous avons avec nos clients et à créer un véritable partenariat avec le pharmacien.
Plusieurs short liners sont actuellement dans le collimateur de l’AFSSAPS. Certains se sont même vus interdire d’exercer au motif qu’ils se présentaient comme des grossistes sans assumer les obligations. Ce phénomène, en France et en Europe, est-il selon vous réellement préoccupant ?
Oui, c’est préoccupant dans la mesure où ces acteurs ne peuvent assurer la qualité de services qui s’impose à nous. C’est facile de vendre les produits les plus rentables et de ne pas assurer les autres services coûteux comme la chaîne du froid ou les livraisons pluriquotidiennes. Sans compter que, avec nous, répartiteurs, les pharmaciens ont l’assurance que les produits achetés le sont vraiment auprès des laboratoires et non pas par le truchement de circuits pas très clairs… Pour les pharmaciens comme pour leurs patients, le recours à ces circuits n’est pas compatible avec la garantie de qualité des produits qui doivent être délivrés dans les officines. Au total, cette concurrence sauvage constitue, c’est vrai, une menace pour notre activité car nous ne pouvons pas la contrôler.
Quel développement souhaitez-vous apporter au Forum européen des pharmaciens qui vient d’accueillir un nouveau pays membre, la Turquie ?
Cela fera cette année onze ans que j’ai créé le Forum européen des pharmaciens. Sa vocation est de faire se rencontrer, quatre fois par an, des pharmaciens représentants de chacun des pays membres. Ces rencontres permettent de mieux comprendre les différentes réalités du métier et de fournir matière à réflexion pour développer de nouvelles idées ou de nouveaux services au bénéfice des pharmaciens indépendants. C’est là tout l’intérêt de cette organisation. Les officinaux turcs viennent en effet d’intégrer le Forum européen des pharmaciens, et, en juillet prochain, deux pharmaciens allemands le rejoindront également. Dix nationalités seront alors réunies au sein du Forum que j’espère fécond en projets.
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