LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Pourquoi votre laboratoire a-t-il décidé de lancer cet appel d’offres ?
JEAN-FRANÇOIS CHAMBON. - Depuis plusieurs années, nous sommes confrontés de plus en plus fréquemment à des dysfonctionnements, en l’occurrence des ruptures d’approvisionnement sur des produits particulièrement sensibles destinés à des pathologies graves, tels le cancer, l’infection par le VIH et le sida, la transplantation, l’anémie de l’insuffisance rénale. Le portefeuille ville de Roche est composé à presque 80 % de ces médicaments, le plus souvent de prescription initiale hospitalière, et qui ont fait l’objet, depuis 2004-2005, d’une sortie de la réserve hospitalière. Sur ces gammes de produits, toute rupture ou retard à la dispensation peut avoir des conséquences très préjudiciables pour les patients, voire gravissimes.
Or, au cours de l’année 2009, nous avons dû intervenir en moyenne 580 fois par mois de manière à pallier ces ruptures par une distribution directe au pharmacien d’officine. Et depuis le début du mois de janvier, on a déjà reçu plus de 1 000 appels du même type. L’objectif est donc d’établir un contrat avec les grossistes répartiteurs qui respecteront le cahier des charges.
N’y avait-il pas d’autres solutions que cet appel d’offres ?
En 2006, nous avions proposé aux grossistes répartiteurs une charte qui présentait déjà les mêmes caractéristiques que celles qui figurent aujourd’hui dans notre appel d’offres. Un certain nombre d’entre eux a adhéré à cette charte, d’autres pas. Mais, de fait, le problème perdure et s’amplifie. Notre volonté est donc de mettre en place, dans le cadre de cet appel d’offres, une distribution sélective et durable fondée sur des critères objectifs. Notre souhait est avant tout d’assurer que n’importe quelle officine française puisse disposer de ces produits dans les 24 heures.
Y aura-t-il un ou plusieurs répartiteurs retenus ?
On ne peut pas préjuger aujourd’hui du résultat de l’appel d’offres. Mais notre objectif est d’avoir une couverture nationale. Or aucun répartiteur n’est capable de le faire aujourd’hui. Donc plusieurs seront retenus.
Les officinaux craignent de ne plus pouvoir choisir leur répartiteur...
Habituellement, les pharmaciens travaillent avec deux, voire trois grossistes répartiteurs. Et 97 % des parts de marché de la répartition sont détenues par trois grossistes ou réseau de grossistes. Notre objectif étant d’avoir une couverture nationale, il y a de forte chance pour que la très grande majorité des officines trouve parmi les grossistes que l’on retiendra leur répartiteur habituel. Toutefois, si ce n’était pas le cas, nous avons prévu que les grossistes répartiteurs avec lesquels nous travailleront aient l’obligation de répondre aux demandes avec les mêmes critères de qualité et de rapidité.
Votre démarche ne risque-t-elle pas de déstabiliser les grossistes répartiteurs ?
Non, ce n’est pas du tout notre objectif. Il ne s’agit pas d’une menace pour la répartition comme pourrait l’être le développement de la vente directe aux pharmaciens. Nos produits représentent 2,7 % du marché ville. Si ce dispositif se met en place, cela n’empêchera pas les grossistes répartiteurs non sélectionnés d’honorer 90 % de la pharmacopée. Personne n’est capable aujourd’hui de nous répondre quand on dit « comment fait-on pour résoudre le problème de la non-disponibilité de certains produits pour des patients atteints de pathologies graves ? » Est-ce aux laboratoires et aux patients de s’adapter à la distribution ou est-ce à la distribution de s’adapter aux patients et aux laboratoires ? Je le répète, l’objectif de notre démarche est d’optimiser la disponibilité des produits, la traçabilité, la qualité, notamment le respect de la chaîne du froid, l’accompagnement et l’information jusqu’au pharmacien d’officine.
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