NS et TFR : la colère noire de l'USPO

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Publié le 20/01/2020
bonnefond

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Crédit photo : S.Toubon

La mise sous tarif forfaitaire de responsabilité (TFR) de l'alprazolam, l'amlodipine, la sertraline et la venlafaxine, quatre molécules dont les médicaments princeps appartiennent à Pfizer, ne passe décidément pas. Dans une « colère noire », le président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) prévient : « on ne va pas se laisser faire ! »

L'alignement des prix de certains médicaments d'origine de Servier et Pfizer sur ceux de leurs génériques, publié au « Journal officiel » les 7 et 8 janvier derniers, avait déjà été vécu comme une trahison des industriels aux yeux des pharmaciens. La mise sous TFR des génériques de quatre molécules dont Pfizer est titulaire des princeps, parue au même « Journal officiel » du 17 janvier, renforce le sentiment de traîtrise. « Les méthodes de Pfizer et Servier sont inqualifiables. Si on veut tuer le générique c'est exactement comme cela qu'il faut s'y prendre. Ces laboratoires sont sur des combats d'arrière-garde et on ne va pas se laisser faire », affirme Gilles Bonnefond, président de l'USPO.

Dès parution de la mise sous TFR, le syndicat a alerté le Comité économique des produits de santé (CEPS), le ministère de la Santé, l'assurance-maladie, le GEMME et le LEEM pour souligner les dangers de valider de telles pratiques industrielles qui remettent en question toute la politique du générique. « Le CEPS s'est précipité pour répondre favorablement à la demande de ces deux laboratoires, il ne nous laisse pas même un délai d'écoulement des stocks puisque sa décision entre en application au 1er février. C'est détestable ! À quoi cela sert-il que la ministre mette en place un article de loi afin de mieux encadrer le non substituable pour que ses services fassent tout pour le contourner ? »

En outre, Gilles Bonnefond s'offusque des documents de communication sur le sujet à destination non seulement des professionnels de santé mais aussi des patients. « Les patients sont clairement incités à demander le princeps à leur médecin et leur pharmacien. Ces laboratoires sont en train d'opposer les patients aux professions de santé, ce sont les ennemis du réseau pharmaceutique. » « Très choqué mais pas surpris », puisque Gilles Bonnefond avait prédit il y a près d'un an et demi, lorsque le ministère de la Santé avait évoqué les futures règles du non substituable, que les laboratoires princeps aligneraient leurs prix sur les génériques, il espère désormais un sursaut des autorités. « Pfizer avec Mylan et Servier avec Biogaran possèdent les deux leaders du générique en France. Le choix qu'ils font est de contrôler la concurrence entre les médicaments de marque et les génériques. J'espère que les pouvoirs publics sont en train de se rendre compte qu'ils n'ont pas affaire à des enfants de chœur. »


Source : lequotidiendupharmacien.fr