Le 21 octobre, le groupe pharmaceutique français Sanofi a confirmé, dans un communiqué, être entré « en négociations exclusives pour la cession et l'acquisition potentielles d'une participation de contrôle de 50 % dans Opella » au fonds d’investissement new-yorkais Clayton, Dubilier and RIce (CD & R), malgré une offensive de dernière minute du fonds français PAI Partners, finalement infructueuse. Sanofi devrait donc conserver 48 % d’Opella, pour le moment, et l’État va également entrer au capital. « Bpifrance devrait participer en tant qu'actionnaire minoritaire à hauteur d'environ 2 % », précise en effet Sanofi. La finalisation de la transaction est attendue le deuxième trimestre 2025. Comme le rappelait le journal économique, « Les Échos », Opella est aujourd’hui le troisième acteur mondial des médicaments sans ordonnance et des vitamines/compléments alimentaires dans le monde. Elle emploie plus de 11 000 personnes, opère dans 100 pays et dispose d’un catalogue de 115 marques, qui comprend Doliprane (dont 98 % des ventes sont réalisées en France) mais aussi Allegra, Novanuit, Dulcolax…
Des sanctions prévues par l’État en cas de non-respect des engagements
Après des mois de négociations, les montées au créneau de plusieurs députés à l’Assemblée nationale et les avertissements de l’État sur les garanties exigées en matière de préservation des emplois, Doliprane, médicament le plus vendu en France, va bien passer sous pavillon américain. La valorisation d'Opella est basée sur une valeur d'entreprise d'environ 16 milliards d'euros, détaille Sanofi. La participation de l’État dans cette opération tripartite doit permettre « d’assurer l'ancrage français d'actifs stratégiques », a précisé le directeur général de la banque publique d’investissement BpiFrance, Nicolas Dufourcq, lors d'une conférence de presse tenue ce 21 octobre aux côtés des ministres de l'Industrie, Marc Ferracci, et de l'Économie, Antoine Armand. L’État sera ainsi alerté « si une orientation non conforme aux engagements pris venait à être proposée (et pourra) infléchir toute décision contraire à ses intérêts sanitaires et industriels ».
L’accord comprend une série de clauses significatives qui garantissent l’emploi, les investissements et l’activité d’Opella en France »
Ministère de l’Économie
En entrant au capital d’Opella, le gouvernement veut en effet intervenir en cas de non-respect des engagements promis. Bercy, qui était allé jusqu’à menacer de bloquer l’opération et demandé un bilan exhaustif des aides publiques que le groupe pharmaceutique Sanofi a reçues depuis une décennie, précise que l’accord comprend « une série de clauses significatives qui garantissent l’emploi, les investissements et l’activité d’Opella en France ». Selon le ministère de l’Économie, des garanties ont précisément été obtenues sur « la pérennité des sites de production de Lisieux et Compiègne », « le maintien du siège et des activités de R & D en France », « la protection de l’emploi en France », « un objectif précis d’investissement en France de 70 millions d’euros cumulés sur les cinq prochaines années », « le maintien de volumes minimaux de production en France pour les produits sensibles d’Opella : Doliprane, Lanzor et Aspegic » et « le maintien de l’approvisionnement d’Opella auprès de fournisseurs et sous-traitants français, ainsi que le soutien à la relocalisation du principe actif du paracétamol par Sequens par un contrat de fourniture à long terme ». Si ces engagements ne sont pas respectés, l’État pourrait alors décider de sanctions financières dont les montants sont déjà fixés.
Plusieurs pénalités prévues
Ainsi, « une pénalité pouvant s’élever jusqu’à 40 millions d’euros s’appliquera en cas d’arrêt de la production sur les deux sites de Lisieux et Compiègne ». De plus, « une pénalité de 100 000 € par emploi supprimé par licenciement économique contraint » est prévue et une sanction « pouvant atteindre 100 millions d’euros est stipulée en cas du non-respect du maintien de l’approvisionnement d’Opella auprès de fournisseurs et sous-traitants français » tels que le chimiste Seqens, énonce Bercy.
Des promesses qui ne vont sans doute pas faire taire définitivement les critiques entendues depuis l’annonce de la cession d’Opella à ce fonds américain, ni rassurer complètement les salariés inquiets pour leur avenir. « Rien ne change pour le Doliprane », a assuré le directeur général de Sanofi, Paul Hudson, lors d'un point presse ajoutant que cette opération va permettre au groupe pharmaceutique de « se concentrer encore davantage » sur les médicaments et les vaccins innovants pour se transformer en « un pur acteur » biopharmaceutique et « un leader mondial en immunologie ». Un doute subsiste toutefois concernant l’avenir d’Opella car une question se pose : Pendant combien de temps Sanofi a-t-il prévu de rester associé au projet ? À ce jour, aucun délai précis n’a été confirmé par le géant pharmaceutique français.
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