LE CHIFFRE D’AFFAIRES des entreprises du médicament en France s’élève, en 2009, à 26,9 milliards d’euros, soit une croissance de 2,7 %, identique à celle enregistrée en 2008. Ce ralentissement depuis deux ans s’explique en premier lieu par la réussite du médicament générique, aidée par la politique incitative des pouvoirs publics. « La transformation profonde du marché du médicament est notamment due au développement continu des médicaments génériques, qui représentent 12 % du chiffre d’affaires du médicament remboursable en ville, soit près d’une boîte sur quatre vendues en officine, en croissance de 12 % », souligne Christian Lajoux, président du LEEM. Un développement favorisé par la mise en place d’outils tels que le CAPI (Contrat d’amélioration des pratiques individuelles), et par l’expiration de brevets de blockbusters en 2009 et 2010, ainsi que par la vitesse de pénétration des nouveaux génériques.
Le bouleversement du marché s’explique également par la poursuite de la politique de régulation des prix. Ce sont ainsi 400 millions d’euros de baisses de prix qui ont été réalisées en 2009. « Le médicament reste malheureusement une variable d’ajustement. Le gouvernement demande des efforts nouveaux alors même que nos objectifs globaux sont tenus, avec un taux de croissance inférieur à l’ONDAM*. Nous subissons des mesures pénalisantes telles que la création d’un taux de remboursement à 15 % en début d’année ou encore la contribution de 100 millions d’euros des industriels aux 600 millions d’économies qui viennent d’être décidés. »
Prédictions optimistes.
Néanmoins, le chiffre d’affaires total du secteur s’établit à 50 milliards d’euros (+5,6 %), en incluant les exportations françaises qui enregistrent un excédent commercial de 6,8 milliards d’euros. En effet, avec des ventes de 23,1 milliards d’euros (+9,2 %), les exportations atteignent presque le niveau des ventes en France. À l’inverse, la France a importé 16 milliards d’euros de médicaments (+16 %).
Parmi les bouleversements opérés dans le secteur du médicament, Christian Lajoux insiste également sur la structure des emplois. Si les effectifs sont relativement stables (environs 108 500 emplois), de nombreuses suppressions de postes ont été comptabilisées, en particulier dans la visite médicale, mais elles sont en partie compensées par un recrutement important dans le façonnage et par de nouvelles perspectives dans le secteur des biotechnologies. Car l’autre changement de taille concerne l’évolution du modèle de R&D. Les blockbusters disparaissent peu à peu au profit de produits qui ciblent des populations plus réduites et souvent sur des segments à faible chiffre d’affaires. De plus, le médicament est de plus en plus souvent combiné à d’autres solutions de santé (dispositifs médicaux, diagnostics, nanotechnologies, services aux patients). Parallèlement, les conditions d’accès au marché sont plus difficiles. Le marché du médicament en France n’est pas aidé par le segment de l’automédication qui, malgré la mise en place du libre accès à l’été 2008, affiche une croissance quasi nulle, avec un chiffre d’affaires de 1,9 milliard d’euros.
Face à cet environnement, le LEEM espère une croissance d’un peu plus de 2 % en 2010 et 2011, tout en reconnaissant que ces prédictions sont particulièrement optimistes.
Politique d’attractivité.
« Le médicament n’est pas source de dérapage des comptes de l’assurance-maladie. Il est plus que jamais un facteur de sortie de crise, c’est un économiseur de coûts car il évite des soins médicaux plus lourds, des hospitalisations et des arrêts de travail. Au travers de la croissance qu’il induit, des emplois qu’il crée, des excédents commerciaux qu’il génère, le médicament est un secteur d’activité stratégique pour l’avenir de notre pays », ajoute Christian Lajoux. Sur ce point le président du LEEM salue les engagements des pouvoirs publics sur les trois dernières années, notamment par une politique de recherche active, une politique industrielle volontariste et une politique de financement conséquente à travers le grand emprunt. D’où des progrès significatifs dans le développement de partenariats publics/privés, dans le soutien des entreprises de biotechnologie et le développement de sites de bioproduction, le développement du façonnage en France et le renforcement de l’emploi et de la formation. Pour le LEEM, tout l’enjeu consiste désormais, pour la France, à concilier une politique de maîtrise des dépenses de santé, tout en déployant une politique d’attractivité en termes de R&D, production, marché, régulation et gouvernance. « J’appelle à de nouvelles alliances entre les différentes industries de santé, entre les industriels et les autorités de santé, entre les industriels et les financeurs de notre système. Seules ces alliances peuvent permettre de garantir la visibilité internationale de notre pays, la lisibilité de sa politique et la stabilité de l’écosystème du médicament en France. »
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