PÉNALISÉES par la crise économique, mais stimulées par les épidémies grippales, les ventes en pharmacies font de la résistance en 2009. Le bilan serait même plutôt positif, si l’on considère les lourdes contraintes qui pèsent sur le secteur officinal. Au total, en 2009, les ventes atteignent 3,5 milliards d’unités, pour un chiffre d’affaires de 35 milliards d’euros. La progression enregistrée est de 0,7 %, en volume comme en valeur. C’est bien mieux qu’en 2008, une année marquée par un recul de 3,5 % en volume et de 0,02 % en valeur. « La pharmacie est l’un des rares secteurs industriels à avoir connu une année 2009 meilleure que la précédente. Ces résultats sont fortement imputables aux pathologies hivernales et à la grippe A, en particulier au mois de novembre, qui a vu une hausse des consultations de 6,3 % », analyse Pascal Voisin, directeur du pôle consommation santé à IMS Health, qui a produit ces statistiques. Les références sans AMM, qui drainent 5 milliards d’euros vers l’officine, ont soutenu la croissance à hauteur de 2,5 %. Le cœur de l’économie officinale reste bien entendu le médicament, avec 30 milliards d’euros de recette (+0,5 %). Les médicaments de prescription obligatoire sont en légère hausse (+0,3 %), tandis que les produits de prescription médicale facultative (PMF) marquent une croissance plus affirmée de 1,1 point (5,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires). L’automédication (produits de PMF vendus sans ordonnance) occupe aujourd’hui plus du tiers des ventes sur ce dernier segment. Elle totalise 1,9 milliard d’euros, soit 425 millions d’unités vendues. La progression du marché de l’automédication se poursuit, mais reste modeste (+0,6 % en valeur et -0,5 % en volume). « La dynamique est plus faible que les deux précédentes années. Mais le marché de l’automédication a une évolution en chiffre d’affaires supérieure à celle du marché total des médicaments », note Pascal Voisin. Dans cette période troublée, l’officine s’est efforcée de maintenir le pouvoir d’achat. Le prix moyen d’un produit d’automédication était de 4,54 euros en 2008, contre 4,58 l’an dernier.
L’impact des lancements.
Mais les consommateurs restent très attentifs. Dans leur démarche d’automédication, ils ont favorisé le médicament remboursable, qui vaut 2,50 euros en moyenne. Les ventes de PMF remboursable et non prescrites progressent de 3 % en volume (140 millions d’unités vendues) et 2,2 % en valeur (350 millions d’euros de CA). Ce sont les segments de la dermatologie (avec notamment Dexeryl et Biseptine) et des pathologies hivernales (antalgie et axe respiratoire) qui soutiennent les achats. L’engouement pour les références de paracétamol à 1 g et les sirops vignetés (Toplexil, Hélicidine et Biocalyptol) se confirme. « Il faut aussi compter avec l’arrivée des génériqueurs sur le marché des vitamines et minéraux, l’ophtalmologie et les produits buccaux », souligne Pascal Voisin.
76 lancements en 2009.
Les produits d’automédication stricte (non prescrits, non remboursables) déçoivent, compte tenu des espérances nées du libre accès. Ce segment est évalué à 285 millions d’unités (-2 %), pour un chiffre d’affaires de 1,6 milliard d’euros (+0,2 %) l’an dernier. « L’évolution se confirme, mais elle est bien plus faible que l’année dernière, avec le déremboursement des veinotoniques », nuance le directeur d’IMS Health. La référence Oscillococcinum et les oligo-éléments à base de cuivre ont bénéficié du comportement de prévention face aux virus. En 2009, c’est l’impact du médicament antiobésité Alli qui s’est fait ressentir (+6,1 % en valeur pour le segment des voies digestives). Il a généré un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros en pharmacie. Sans considérer ce produit, le prix moyen pour un produit d’automédication est de 5,53 euros, contre 5,47 en moyenne en 2008. Fers de lance du segment OTC, les antalgiques sont fortement soutenus par les ibuprofènes dosés à 400 mg. « Comme chaque année, il y a un impact important des lancements. Il y en a eu 76 en 2009, dont deux importants avec Alli et Pantozol Contrôle. Le marché est aussi porté par des marques à forte notoriété et/ou à large gamme », souligne Pascal Voisin. Les génériques ne sont pas en reste. Sur ce segment de l’automédication, ils peuvent représenter une boîte vendue sur dix.
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