LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Pouvez-vous nous dire quelques mots sur l’histoire de Zydus, ce laboratoire d’origine indienne dont vous dirigez la filiale française ?
KARL PARANCE.- Ce laboratoire, créé en 1952 par M. Raman Patel père, est marqué par une histoire familiale qui se prolonge aujourd’hui. Actuellement son président est Pankaj Patel, fils du fondateur, et la troisième génération arrive puisque Sharvil Patel, son propre fils, vient d’entrer dans le groupe à l’âge de 34 ans. Le groupe, quatrième laboratoire indien, affiche un chiffre d’affaires de 1 milliard de dollars et emploie 10 000 collaborateurs répartis dans une cinquantaine de pays. Avec près de 500 chercheurs, la recherche et développement de Zydus est particulièrement active. Géographiquement, le siège du groupe est installé à Ahmedabad, capitale de la province du Gujarat en Inde ; les principales filiales sont les États-Unis, le Japon, le Brésil et l’Espagne. La France est la deuxième filiale du groupe.
Cette histoire familiale a-t-elle un impact sur la stratégie de Zydus France ?
Oui, car, habituellement, dans une entreprise à capitaux familiaux, la stratégie marque ses différences dans le monde des affaires. Ainsi, les projets à longs termes y sont parfois mieux gérés. Car si la recherche de rentabilité reste prépondérante, on peut s’autoriser avec des capitaux familiaux quelques investissements à long terme. Ce contexte a, par exemple, permis à Zydus d’investir depuis deux ans dans la production de vaccins, notamment dans celle d’un vaccin antigrippal et d’un autre antirabique. Un troisième vaccin est en cours de développement pour le papillomavirus.
Extension du portefeuille, référencement grossiste et nouveaux partenariats avec les groupements. Pouvez-vous nous détailler les projets de développement engagés par Zydus France d’ici à la fin de l’année 2011 ?
Zydus France a été créé en 2004 à partir du rachat du portefeuille générique et princeps d’Alpharma. Dès lors les priorités du laboratoire visaient à développer ce portefeuille, un élément crucial de la réussite d’un laboratoire générique. Ainsi nous avons désormais un peu plus de 230 présentations qui couvrent plus de 70 % du répertoire en chiffre d’affaires. En 2011, Zydus avait besoin de signer des partenariats avec les acteurs clés du monde pharmaceutique que sont les grossistes-répartiteurs et les groupements de pharmaciens. D’ores et déjà, en plus des partenariats avec plusieurs groupements régionaux, nous avons signé un accord avec Népenthès en janvier et avec PharmaRéférence le mois dernier. Côté grossistes, un contrat a été signé avec l’OCP, nous avons consolidé notre accord avec Phénix CERP Lorraine et nous discutons avec d’autres acteurs encore. L’offre grossiste est une offre naturelle que tout bon industriel du générique doit pouvoir proposer à ses clients pharmaciens. Quant aux grands groupements dont nous sommes désormais partenaires, ils devraient nous permettre d’avoir accès à un potentiel de nouveaux clients très important.
Notre originalité réside dans le fait que Zydus a très tôt développé une offre marketing fondée sur la prévention. Nous avons été les premiers à mettre en place des défibrillateurs en pharmacie. Alors que Zydus avait un peu délaissé cette voie, je souhaite dans les mois à venir renforcer l’implication du laboratoire dans la prévention à l’officine et pour tout ce qui viendra confirmer l’image d’acteur de santé publique du pharmacien.
En terme d’objectif, Zydus sera bien sûr présent sur la vingtaine de grands lancements de cette fin d’année. Et en même temps, nous allons compléter nos gammes. À la mi-2012, nous totaliserons près de 300 présentations. Zydus a une grande tradition de partenariat et travaille avec toutes les majors de l’industrie pharmaceutique que ce soit en production de principe actif ou de produits finis. C’est l’une des forces de notre laboratoire. Sans compter que nos chercheurs œuvrent aussi à la mise au point de nouveaux princeps.
Nous avons 20 produits en développement. Il faut le savoir, Zydus n’est pas qu’un génériqueur…
Aujourd’hui, la substitution générique semble un peu marquer le pas, notamment du fait de la montée en puissance de la mention "Non substituable" et de quelques substitutions difficiles associées à des médicaments techniques et/ou à des pathologies sensibles. Pensez-vous que l’on puisse infléchir cette tendance ?
Je pense qu’on peut l’infléchir. Car aujourd’hui les substitutions difficiles sont un peu l’arbre qui cache la forêt. En effet, on cite régulièrement le fentanyl et la gabapentine comme des exemples récurrents illustrant le phénomène, mais il ne faut pas oublier les autres types de molécules, telle le clopidogrel, qui sont loin de ces cas extrêmes et posent pourtant problème en terme de substitution. Plus largement, après l’affaire Mediator, le générique souffre un peu de la perte de confiance subie par l’ensemble des médicaments ces temps-ci. Dans ce contexte, il semble que les médecins souhaitent reprendre le pouvoir autour de ces substitutions difficiles et réaffirmer qu’ils sont des acteurs majeurs de la sécurité sanitaire. Que faire pour infléchir la tendance ? Rassurer en communiquant sur le thème du médicament générique. Rappeler qu’il s’agit d’un médicament à part entière qui est doté, comme les autres médicaments, d’une AMM, et que sa pharmacovigilance est internationale et active. L’affaire du Mediator a été dommageable, certes, mais elle ne doit pas jeter le discrédit sur l’ensemble de l’industrie pharmaceutique.
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