Depuis 2016, le marché de l'automédication ne parvient pas à retrouver le chemin de la croissance. L'année dernière, les ventes ont même baissé de 9,4 % selon les chiffres du baromètre 2020 de l'Association française de l'industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (AFIPA). L'année dernière, les ventes de produits de santé et de prévention de premier recours dans leur globalité (automédication, compléments alimentaires et dispositifs médicaux) ont diminué de 3,1 %. Des résultats à la baisse qui s'expliquent en grande partie par l'épidémie de Covid-19, les périodes de confinement et la très grande discrétion des pathologies hivernales, mises à mal par les gestes barrières.
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Une belle année pour les dispositifs médicaux
À l’exception des produits pour le sommeil et le stress, et des vitamines et suppléments minéraux, les ventes en volume comme en valeur ont fortement baissé l'an dernier dans le marché de l'automédication, en particulier pour les spécialités axées sur les voies respiratoires, le confort articulaire, ou la douleur. Les ventes de compléments alimentaires ont été relativement stables (+1,4 % en valeur), même si la crise sanitaire a tout de même freiné la croissance de ces produits, dont les ventes progressaient de 5 à 10 % chaque année depuis une décennie. Certaines catégories de compléments alimentaires se sont démarquées en 2020, notamment celles axées sur l'immunité et sur la vitalité. Les bons résultats des dispositifs médicaux, dont les ventes ont progressé de plus de 10 % en valeur en 2020, notamment grâce aux produits d'autodiagnostic (thermomètres) et aux soins à domicile consommables (gants, masques), n'auront pas suffi à eux seuls à faire basculer les ventes de produits de santé de premier recours et de prévention dans le positif.
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« Favoriser les filières de production en France et en Europe »
Alors que les produits de santé de premier recours et de prévention représentent plus d'un quart des motifs de visite en pharmacie, et environ 10 % des revenus de ces dernières, l'AFIPA affiche depuis plusieurs années son ambition : faire en sorte que ces produits soient enfin considérés comme des composantes essentielles de notre système de santé. Parmi les pistes prioritaires de l'AFIPA pour y parvenir : « renforcer et promouvoir les filières de production en Europe et en France », mettre à disposition du pharmacien « de nouveaux outils dans l’arsenal thérapeutique » et favoriser le « recours systématique au dossier pharmaceutique pour la dispensation de tous les médicaments de prescription médicale facultative (PMF) ».
Faire naître un « réflexe pharmacien »
Cette année, l'AFIPA travaillera également à la mise en œuvre d'une campagne de communication « sur le parcours de soins officinal et sur le bon usage ». Avec une volonté : s'inspirer de ce qui a été fait au Royaume-Uni avec le programme « Think Pharmacy First ». Soutenu par l'assurance-maladie britannique, il repose sur un principe simple : convaincre les patients de se rendre en officine avant d'aller voir leur médecin. « Il y a un problème d'accessibilité aux médecins généralistes aujourd'hui, l'idée c'est de faire naître un "réflexe pharmacien" chez les patients, explique Luc Besançon, directeur général de l'AFIPA. Le but de cette campagne sera donc de promouvoir le rôle du pharmacien en tant que professionnel de santé du premier recours, en faisant mieux connaître ce rôle auprès des patients et des pouvoirs publics. » Cette campagne sera menée en collaboration avec les syndicats de pharmaciens et les associations de patients. Le lancement de l'opération est espéré pour le mois de septembre ou vers la fin de l'année au plus tard.
Des molécules bientôt délistées ?
Si le recours à l'automédication en France est bien moins fréquent en France que dans les autres pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le listage de très nombreuses molécules n'y est pas étranger. En effet, près d'une centaine de molécules listées en France ne le sont pas chez la plupart de nos voisins. « Le gouvernement a fait confiance aux pharmaciens sur de nombreux sujets ces derniers mois, on l'a vu avec les TROD angine notamment, mais cette confiance on ne la retrouve pas encore sur la question du délistage », observe Luc Besançon. Peut-on envisager que de nouvelles molécules soient prochainement accessibles sans ordonnance ? « Il est encore beaucoup trop tôt pour en parler, tempère Christophe de la Fouchardière, président de l'AFIPA, qui ne veut pas se risquer à faire des pronostics. Des discussions sont notamment en cours avec les syndicats de pharmaciens. Ils pensent en effet que cela peut être une bonne idée », dévoile-t-il simplement.
Chiffres et infographie(s) : OpenHealth pour AFIPA.
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