Comme le montrait une étude Afipa/OpinionWay réalisée en 2019, 34 % des patients sollicitent leur pharmacien en première action s'ils souffrent de remontées acides et ont besoin de conseils et de médicaments. Pour ce type de maux, les patients choisissent donc presque aussi souvent d'aller voir leur pharmacien en premier que leur médecin (38 %). S'ils privilégient l'officine, c'est « par habitude, parce que c'est plus facile et plus rapide », expliquaient alors les sondés.
Un exemple qui montre à lui seul qu'il existe une véritable attente des patients en matière d'automédication responsable. Ainsi, 39 % des Français souhaiteraient pouvoir avoir accès à davantage de médicaments sans ordonnance à travers leur pharmacien, comme le soulignait le plaidoyer publié en 2020 par l'Association française de l'industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (AFIPA).
Directeur des affaires économiques et internationales du LEEM (Les entreprises du médicament), Éric Baseilhac travaille depuis déjà plusieurs années à la mise en place du parcours de soins officinal (PSO). Il espère le voir se mettre en place pleinement en 2022. « L'intérêt c'est de permettre une automédication responsable, accompagné par le pharmacien, pour des pathologies bénignes comme l'angine ou la gastro-entérite par exemple. Le patient décrit ses symptômes à son pharmacien, on met ensuite en place un parcours selon des algorithmes décisionnels basés sur les recommandations officielles. Le pharmacien peut donc ensuite prodiguer des conseils et délivrer des médicaments si besoin. Tout cela est ensuite renseigné dans le dossier pharmaceutique et dans le dossier médical partagé, le médecin y a donc accès », explique Éric Baseilhac. Le PSO s'accompagne de trois objectifs selon lui : « sécuriser la délivrance des médicaments OTC, désengorger les services d'urgences et générer des économies pour la Sécurité sociale .» Syndicats, Conseil de l'Ordre, industriels du médicament, complémentaires santé… tout le monde pousse pour la mise en place du PSO, affirme Éric Baseilhac.
Les attentes des jeunes générations
Parmi les plus fervents partisans du PSO, on retrouve bien sûr l'AFIPA. Comme le rappelle le directeur général de l'association, Luc Besançon, le principal risque lié à l'automédication est évidemment « le mésusage ». Si l'on reprend l'exemple des patients souffrant de remontées acides, 9 % décident de s'automédiquer en utilisant des médicaments de prescription obligatoire qui traînent dans leur armoire à pharmacie. Des traitements prescrits parfois dans d'autres contextes et dont l'utilisation inappropriée n'est pas sans risque (effets indésirables, interactions médicamenteuses…). D'où l'intérêt d'un PSO « formalisé », souligne l'AFIPA, mais aussi de poursuivre les efforts en matière d'éducation des patients. Avec une idée, reproduire avec le bon usage du médicament ce qui a été fait pour les gestes barrières pendant la crise sanitaire. Enfin, s'il faut accélérer sur l'automédication c'est avant tout parce que les jeunes générations auront de plus en plus d'attentes dans ce domaine. « Elles veulent prendre un rôle plus actif dans la gestion de leur santé et disposer de solutions de santé facilement accessibles », souligne Luc Besançon. L’automédication nécessite le conseil du pharmacien pour 84 % des Français, rappelait l'étude AFIPA/OpinionWay menée en 2019. Encore davantage mis en valeur durant la crise sanitaire, le pharmacien risque donc d'être de plus en plus sollicité par les patients.
D'après une visioconférence organisée le 15 juin par l'association pour le bon usage du médicament (ABUM) sur le thème de l'automédication responsable.
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