L'appareillage orthopédique externe (orthèses et orthoprothèses), avec 16,8 % du total, est une des trois classes technico-thérapeutiques ayant contribué aux plus forts montants remboursables au titre des dispositifs médicaux en ville en 2014 (Rapport charges et produits 2017 de la CNAMTS*).
Les orthèses (bas de contention, colliers cervicaux, ceintures lombaires…), avec 526 millions d'euros présentés au remboursement - en augmentation de 7,6 % par an en moyenne de 2010 à 2014 - y ont tout particulièrement participé, occupant 62 % des dépenses de leur classe. Une tendance à la hausse qui n'est pas près de s'infléchir si l'on observe l'évolution du marché de l'orthopédie en pharmacie (hors contention) : à fin juin 2016 et sur un an, celui-ci a en effet progressé de 7,1 % en valeur et 6,6 % en volume, 8 % en valeur et 7,5 % en volume pour le premier semestre 2016. Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer ce développement. « La demande en dispositifs orthopédiques progresse car cette catégorie de produits se démocratise, avance Lucie Legrand, responsable marketing de la gamme Orliman chez SM Europe. Comme la contention il y a dix ans, l´orthopédie devient une solution alternative recherchée par les patients. » La prévention joue également un rôle de plus en plus important. « La visibilité en pharmacie se développe et les produits sortent de la cabine d'orthopédie, rendant également la solution plus disponible, plus visible et plus accessible. »
L´offre qui s'élargit et s'adapte à chaque besoin des patients est un autre argument avancé pour justifier l'évolution du marché. « La gamme de ceintures lombaires Orliman, par exemple, abrite le modèle L'Evolutive qui s'adresse plutôt aux personnes qui sont assises toute la journée là où la ceinture Lombobelt Renfort se destine aux travailleurs de force. La ceinture corset Dynamic Fix, pour sa part, a été lancée en septembre », poursuit Lucie Legrand. L'innovation, très active dans le domaine des textiles techniques, favorise également la demande. « Les matériaux utilisés et les découpes étudiées pour faciliter le port quotidien et le confort du patient, donc son observance, nécessaire pour un meilleur effet du traitement, participent au phénomène. » Facilité de mise en place, légèreté, aération, confort d'une conception sans couture permettant de réduire les risques d'irritation, possibilité de réglage des sangles pour un meilleur ajustement sont autant d'atouts pour une orthèse.
Segments en progression
De nombreux fabricants revendiquent tout ou partie de ces qualités, tel Bauerfeind et ses gammes d'orthèses (Train, Loc, Secutec, Softec/Spinova), Thuasne qui présente l'orthèse de poignet tricotée Manuaction, ou Lohmann & Rauscher dont l'un des derniers lancements a pour objet l'orthèse Velpeau Freecast Adjust qui stabilise la cheville dans le plan frontal grâce à des coques de forme anatomique. DJO France (Donjoy, Aircast), pour sa part, lance une application gratuite d'aide à la sélection de produits orthopédiques (DJO Select). Exclusivement destinée aux professionnels de santé, elle est disponible sur Google Play et App Store et consultable hors ligne.
Gibaud, enfin, lance la ceinture lombaire Lombogib Evolution dont la facilité de mise en place, grâce à son système de passe-doigts ergonomique breveté, est l'atout majeur alors que Cooper présente, dans sa gamme Salva, trois ceintures de soutien lombaire (Action Duo, Stylactive et Progress) de nouvelle génération. Elles coexistent, entre autres, avec la ceinture Action Duo Therm qui couple action mécanique et thermothérapie. « Le segment des ceintures lombaires est le plus important du marché de l'orthopédie, mais celui des orthèses de poignet connaît la plus grande croissance », indique l'équipe marketing de la gamme Salva. Avec 11,3 % de hausse en volume et 10,5 % en valeur, la catégorie des manchons et attelles pour mains et poignets s'avère en effet la plus dynamique, aux côtés des dispositifs pour bras, épaules, coudes (+ 8,3 % en volume, + 6,3 % en valeur) et des genouillères (+ 7,4 % en volume, + 11,5 % en valeur). Les ceintures lombaires, chevillères, colliers cervicaux, ceintures abdominales et thoraciques et les ceintures herniaires voient également, bien que dans une moindre mesure, leurs ventes évoluer en volume.
« La plupart des segments du marché sont en progression, confirme Damien Rivoire, responsable du programme Orthèses chez Thuasne. L'augmentation des traumatismes croît au même rythme que la population au sein de laquelle l'activité sportive comme la course à pied a tendance à se développer. Ainsi voit-on les cas de syndrome rotulien se multiplier tout comme le fait le syndrome du canal carpien qui peut toucher toute personne ayant une activité manuelle. » À cela s'ajoute les lésions articulaires liées au vieillissement comme l'arthrose de la main et des genoux. Avec près de 5 millions de personnes traitées pour un problème d'arthrose, 130 000 sujets opérés tous les ans pour un syndrome du canal carpien, 6 000 personnes qui consultent chaque jour pour une entorse de la cheville et 1 % à 3 % des adultes touchés chaque année par une épicondylite (ameli-sante.fr), notamment, on comprend mieux la diversité et l'importance des motifs susceptibles de nourrir une demande en matière d'orthèses. « L'augmentation des ventes est aussi le fait des prescripteurs qui sont plus à l'écoute de leurs patients en demande de solutions orthopédiques plutôt que de traitements médicamenteux », ajoute Damien Rivoire. Seul frein à l'expansion du marché, la méconnaissance des dispositifs orthopédiques que le public associe trop souvent aux pathologies lourdes et aux traumatismes et pas assez à un usage plus courant ou une utilisation préventive. « La communication sur les orthèses pourrait également être améliorée en leur offrant une image plus moderne et dynamique », conclut Lucie Legrand.
Sur tous les fronts
Avec 11,9 millions de paires vendues en progression de 4,5 % sur un an, le segment de la compression veineuse affiche également un certain dynamisme. Les collants, bas autofixants et chaussettes, qu'entre autres il abrite, constituent, il faut dire, le traitement de référence de l'insuffisance veineuse qui touche en France une personne sur trois. Les femmes constituant 70 % de la population concernée, les dispositifs de compression veineuse au féminin occupent logiquement 75 % de l'offre en volume, le reste étant destiné aux hommes. De nombreux acteurs coexistent sur ce marché : Sigvaris (Sigvaris Médical, Dynaven), BSN Radiante (Radiante, Jobst), Gibaud (Venactif), Thuasne (Venoflex), Innothera (Varisma, Legger), Cizeta Medicali (Varisan), Pharma 2 000 (Veinamitex), Bauerfeind (Venotrain), DJO France (Veinax)… Certains d'entre eux - Gibaud, Thuasne, Bauerfeind, DJO France… - sont également présents sur un autre segment de l'orthopédie, celui des chaussures thérapeutiques, des semelles podologiques correctrices et des semelles de confort, qu'occupent des spécialistes comme Neut, Pulman, Mayzaud, Romans Industrie, SM Europe…
Les CHUT (chaussures thérapeutiques de série à usage temporaire) abritent des modèles à décharge de l'avant-pied (Barouk), à décharge du talon et des modèles pour augmentation du volume de l'avant-pied. Ces chaussures proposent un maintien ou une correction dans les cas d'œdème, d'inflammation, de déformation, d'opération chirurgicale ou encore de pathologies diabétiques, rhumatologiques, vasculaires, traumatiques. Les chaussures thérapeutiques de série à usage prolongé (CHUP), pour leur part, sont indiquées dans le cas de pathologies neuromusculaires évoluées, de pieds neurologiques, vasculaires et orthopédiques avec un risque évolutif majeur. Les chaussures de confort, enfin, ne bénéficient pas de remboursement. Équipées de semelles anatomiques de prévention, elles se destinent à soulager les plantes de pied sensibles, les douleurs articulaires, les coups de pied ou avant-pieds douloureux ou déformés.
* Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés.
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