Le pipeline d’antibiotiques n’est plus vide ! Thierry Naas s’est voulu porteur d’espoirs lors de la séance penta-académique (agriculture, chirurgie dentaire, médecine, pharmacie, vétérinaire) portant sur « Antibiotiques, antibiorésistance et environnement : les raisons d’espérer ».
Le praticien hospitalier, spécialiste de la résistance aux antibiotiques (université Paris Saclay, faculté Paris-Sud, Institut Pasteur, Hôpital Bicêtre) rappelle que la lutte contre l’antibiorésistance est un immense défi. Mais « nous ne sommes pas encore dans une ère post-antibiotique », comme le dit l’Organisation mondiale de la santé (OMS). D’autant que « de nouveaux antibiotiques arrivent, avec des spectres beaucoup plus larges encore ».
Le désamour de l’industrie pharmaceutique pour la recherche sur les antibiothérapies jusqu’en 2011 s'est traduit par une explosion des résistances qui n’ont cessé de prendre de l’ampleur. Diverses stratégies se sont développées, comme le recyclage de « vieux » antibiotiques (fosfomycine, colistine, ou chloramphénicol), le recours à de nouvelles associations d’antibiotiques, ou encore la rationalisation de leur usage.
Désormais, le pipeline se remplit à nouveau. « Les antibiotiques qui sortent aujourd’hui sont ceux pour lesquels la recherche a commencé il y a une quinzaine d’années, ils répondent donc à la problématique de l’époque, à savoir la résistance du staphylocoque doré à la méticilline (SARM). Aujourd’hui, le problème repose sur les bactéries à gram négatif pour lesquels nous sommes face à une pénurie d’antibiotiques », note Thierry Naas.
Parmi les nouveaux antibiotiques disponibles, le spécialiste cite la telavancine (approuvée en Europe en septembre 2011), la ceftaroline (août 2012), la dalbamancine (février 2015), l’oritavancine (mars 2015). D’autres sont en phase III d’essais cliniques, comme deux nouvelles tétracyclines à spectre large agissant sur les bacilles à gram négatif : eravacycline et omadacycline.
« La molécule la plus intéressante est l’avibactam, commercialisée aux États-Unis et prochainement en Europe », ajoute Thierry Naas. L’avibactam, en association avec la ceftazidime (Avicaz aux États-Unis, Zavicefta en Europe) ou la ceftaroline, permettrait de traiter 85 % des infections aux bactéries résistantes aux antibiotiques de dernier recours. Son prix fera l’objet d’âpres négociations en France, tout comme c’est le cas de Zerbaxa (ceftozolane-tazobactam) qui a eu son AMM européenne l’an dernier.
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