DEPUIS la loi HPST et son fameux article R4235-8 dédié aux gros volumes, la préparation des doses à administrer (PDA) n’a pas vraiment avancé. Près de cinq ans plus tard, le décret d’application n’est toujours pas paru. Faut-il expliquer par cet attentisme législatif la frilosité des pharmaciens sur ce terrain ? Une étude de Biogaran auprès de 600 pharmaciens révèle que 5 % regrettent que la législation ne soit pas définie. Mais elle souligne aussi qu’ils sont 31 % à déplorer l’absence de demande de la part des EHPAD, 8 % à estimer le dispositif trop coûteux, ou encore 5 % à déclarer l’activité non rentable.
Biogaran n’en reste pas moins convaincu qu’il est de la mission du pharmacien de faciliter la délivrance quotidienne des traitements aux patients dépendants et polymédiqués. Citant une étude de l’ARS et de l’URPS de Basse-Normandie, Isabelle Morin, directrice marketing et communication du laboratoire, rappelle que le taux d’observance de la population âgée passe de 77 % à 98 % au deuxième mois de traitement dès lors que le patient bénéficie d’une PDA réalisée en officine.
Afin de motiver les pharmaciens à s’approprier la PDA et à en faire une « personnalisation de la dispensation assistée des soins pharmaceutiques », Biogaran vient de publier en 5 000 exemplaires, « La PDA dans mon officine, Mode d’emploi ». Ce guide complet à destination des pharmaciens, qui décline de manière pratique la mise en place de la PDA à l’officine, leur sera remis par leur délégué pharmaceutique.
220 spécialités estampillées PDA.
Parallèlement, le laboratoire déploie une offre produits spécifique à la PDA : 120 spécialités sous blisters, dont 27 en conditionnements unitaires assurant une traçabilité complète, seront disponibles d’ici à la fin de l’année. Il s’agit de 120 références choisies « parmi les plus prescrites en fonction des rotations repérées en EHPAD sur prescription », précise Isabelle Morin. Cette offre sera complétée par 85 spécialités en flacons qui viendront s’ajouter à la quinzaine de produits déjà disponibles.
Cet accent mis sur la PDA nécessite quelques ajustements au sein même du laboratoire, y compris des dédoublements d’AMM. « Nous sommes en train de développer de nouvelles stabilités pour chaque produit en PDA, jour par jour », indique Isabelle Morin. Biogaran s’engage par ailleurs à une livraison rapide et prioritaire des colis identifiés PDA.
Pilulier ou robot, le titulaire restera maître de son choix. Biogaran affirme ne pas avoir de coopération avec des fournisseurs. Car, comme le précise Isabelle Morin, « il ne s’agit pas de faire des officines des usines à PDA, mais bien de donner un potentiel aux pharmaciens qui souhaitent s’inscrire dans cette voie en assurant une territorialité ».
À l’EHPAD et au comptoir
Cependant, afin que le titulaire ne soit pas mis en danger par un « surinvestissement », Biogaran se déclare prêt à conseiller le titulaire pour dimensionner cette nouvelle activité qui nécessite achats lourds de matériel, surface, personnel, voire logistique.
Pour l’heure, il reste difficile de définir un modèle économique, les quelques ratios qui circulent faisant état de seuils de rentabilité plutôt variables, entre 200 et 600 lits pour un automate. Reste la question de la rémunération. Actuellement, l’industrialisation de la prestation n’est pas suivie d’une valorisation. « Quand nous aurons développé la PDA à plus grande échelle et prouvé sa valeur ajoutée en terme d’observance, le gouvernement sera sans doute sensible à la question de la rémunération », indique Isabelle Morin, précisant toutefois que les prestations de Biogaran sont gratuites pour le pharmacien.
Le laboratoire dont la démarche intéresse groupements de pharmaciens et ARS, ne compte pas en rester là. Après l’approche EHPAD, il devrait se pencher sur la PDA au comptoir. La fourniture et la préparation de pilulier pour les patients constituent en effet le deuxième axe de développement de cette activité. Il ouvre de nouvelles perspectives pour l’officine. Sur les 3,5 millions de Français de plus de 80 ans, 3 millions vivent en dehors d’un EHPAD. Ce nombre sera multiplié par deux dans les vingt-cinq prochaines années.
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