« ARRÊTONS la cacophonie ! », s’emporte le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), Gilles Bonnefond. La raison de son coup de gueule ? Les récentes déclarations en faveur d’un « nettoyage » de la liste des autorisations de mise sur le marché (AMM). L’expression « produits inertes »
pour qualifier certaines spécialités déplaît à Gilles Bonnefond. Pour lui, le débat sur les produits frontières est un débat dangereux et sans fin. « Si l’on ouvre des discussions sur le sujet, on l’aura tous les ans avec un risque de grignotage de la liste des AMM à chaque fois », craint-il. Et de s’inquiéter également d’un éventuel accord entre les buralistes et l’État, « sur le dos des pharmaciens », visant à autoriser la vente de patchs nicotiniques dans les bureaux de tabac. Le président de l’USPO demande aux laboratoires et aux pouvoirs publics « d’être plus attentifs sur le statut de dispositif médical et de complément alimentaire ». Il plaide également en faveur d’une harmonisation du taux de TVA des compléments alimentaires avec celui des médicaments, le taux en vigueur étant de 5,5 % pour les premiers et de 10 % pour les seconds.
Autre source de cacophonie, selon le président de l’USPO, la pétition lancée par l’UNAPL* contre la déréglementation et la financiarisation des professions libérales et relayée dans certaines officines. Il préférerait que l’action des pharmaciens se concentre sur celle initiée par son syndicat – « Je veux que les médicaments restent en pharmacie » – et qui rencontre un vif succès. « Nous avons déjà récolté de 1,2 à 1,3 million de signatures », souligne-t-il, invitant les confrères à poursuivre l’opération jusqu’au 30 octobre. Avec la même logique, Gilles Bonnefond se pose la question de l’utilité d’une nouvelle journée de protestation avec toutes les autres professions libérales, comme le souhaite l’UNAPL, dans laquelle la présence des officinaux se trouverait « diluée ». À la place, il préfererait une nouvelle journée spécifique à la pharmacie, car « c’est une attaque directe contre la profession que nous avons subie ».
Un autre accord.
Gilles Bonnefond en profite pour rappeler qu’il reste fermement opposé à la création de plate-formes logistiques pour la vente de médicaments sur Internet et à l’ouverture du capital des pharmacies. « En aucun cas il ne peut y avoir de participations extérieures à la profession, même pas un centime », martèle-t-il. Il se dit toutefois favorable à certaines évolutions : assouplissement de l’obligation de détention de 5 % des parts par les pharmaciens exerçants et du gel des ventes pendant 5 ans après un transfert.
Le président de l’USPO souhaite, en revanche, que l’on revienne sur l’accord avec l’assurance-maladie sur la nouvelle rémunération : « il faut tout faire pour qu’il ne s’applique pas et négocier un autre accord, mais avec l’État celui-là. » Car, affirme-t-il, les représentants du comité économique des produits de santé (CEPS) et le rapporteur du PLFSS** pour 2015 lui ont indiqué que « l’accord signé n’engage que l’assurance-maladie et ne les empêche pas de réaliser des économies sur la marge des pharmaciens ». À ses yeux, l’équation est donc impossible, on ne peut pas réformer l’officine « avec une enveloppe qui va fondre comme neige au soleil ».
Dans ce contexte, le président de l’USPO demande la tenue d’une nouvelle réunion de l’ensemble de la profession afin « de mettre fin à cette cacophonie et de cesser d’alimenter les ministères de l’Économie et de la Santé sur des pistes qui peuvent se révéler très dangereuses pour la pharmacie ».
** Projet de loi de financement de la Sécurité sociale.
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