LES PROJECTIONS annoncées en 2011 se vérifient, alors que l’année 2012 touche à sa fin. Le marché français du médicament en ville terminera l’année en décroissance de 2 % et passera sous la barre symbolique de 20 milliards d’euros après trois années de stagnation. La crise n’a pas épargné la chaîne du médicament, tout comme les baisses de prix entreprises fin 2011, la maîtrise médicalisée de plus en plus efficace, la baisse des prescriptions et le développement des génériques. « C’est le fameux effet ciseau : baisse des prix et baisse des volumes », remarque Robert Chu, président d’IMS France.
Le marché hospitalier subit aussi un ralentissement. Alors qu’il maintenait, jusqu’en 2011, une croissance de 3 à 4 %, celle-ci sera de 0 % à fin 2012. Seule exception, le marché de ville enregistre néanmoins une belle croissance de la part des génériques, grâce à la nouvelle convention pharmaceutique signée en avril et la généralisation du tiers payant contre générique pour 31 molécules. Des mesures qui entrent parfaitement dans le cadre de la maîtrise médicalisée. « 75 % des dépenses de santé sont payées par l’argent public en France. Or le déficit public oblige à des efforts importants de diminution de budget, de l’ordre de 9 milliards d’euros en 2012, ce qui consiste à faire 6 milliards de recettes nouvelles, 2,5 milliards de baisses de prix sur le médicament… L’ONDAM annoncé pour 2013 prévoit une limitation de croissance à 2,7 %, le tendanciel naturel étant de 4,5 %, un nouveau plan de maîtrise doit se mettre en place », explique Robert Chu. La croissance de l’ONDAM est donc maintenue pour la 2e année consécutive. « À l’avenir, on va rendre beaucoup plus solidaires la croissance des dépenses de santé et la croissance économique du pays », souligne l’économiste de la santé Claude Le Pen.
Quant au marché de l’automédication, longtemps dégressif, il « surperforme le marché de prescription, notamment dans sa fraction prescrite qui représente une faible proportion mais croît de 10 % », ajoute-t-il. Ce marché, très lié à l’officine et au rôle du pharmacien, commence tout juste à se développer en France. « Il vient du monde anglo-saxon. Aux États-Unis, lorsque vous devez payer une consultation 200 ou 300 dollars pour avoir une prescription à 10 dollars, vous êtes forcément très intéressé par l’automédication. Au Royaume-Uni, l’automédication s’est développée en réponse à l’engorgement du système de santé », rappelle Dana Morlet-Vigier, d’IMS. En France, se souvient Claude Le Pen, il n’y avait aucune raison d’aller acheter un médicament d’automédication en pharmacie, alors qu’il était facile d’obtenir un rendez-vous chez le médecin « qui prescrivait ledit médicament, disponible dans la pharmacie à 5 minutes de chez vous, et intégralement remboursé ».
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