Selon une analyse* de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) parue au début du mois, « l’hôpital, premier prescripteur de ces médicaments, joue un rôle clé pour leur diffusion en ville ». Et le marché de ville en a bien besoin. Selon Claude Le Pen, 35 mois après leur lancement, les biosimilaires de Lantus (insuline glargine) – un médicament typiquement délivré en ville – arrivaient péniblement à 11 % de parts de marché, alors que le marché générique est autrement plus dynamique : « les génériques de Crestor ont atteint 75 % de parts de marché en 9 mois ». La différence ? L’absence de droit de substitution du biosimilaire par le pharmacien et l’absence de rémunération spécifique, sur lesquels le gouvernement ne semble pas prêt à revenir malgré les demandes répétées des pharmaciens et les résultats décevants des économies en ville. L’enjeu est pourtant de taille.
21,3 % du marché de ville
Les médicaments biologiques délivrés en ville ont vu leur chiffre d’affaires hors taxe doubler entre 2006 et 2018, passant de 2,3 à 4,4 milliards d’euros. Ils représentent désormais 21,3 % du marché de ville. À l’hôpital, l’assurance-maladie dépense 2,9 milliards d’euros pour des médicaments biologiques, soit 83 % des dépenses totales de médicaments de la liste en sus. Mais les biosimilaires y trouvent leur place chaque année davantage, en particulier lorsqu’il s’agit de médicaments typiquement hospitaliers. Ceux disponibles en ville restent en deçà des objectifs visés par le gouvernement. L’étanercept et l’insuline glargine, biosimilarisés depuis 2016, affichent une part de marché respective de 30 % et 41 % à l’hôpital, de 14 % et 13 % en ville en 2018. Le choix du médicament à l’hôpital ayant une influence en ville, les autorités cherchent à orienter la prescription hospitalière de médicaments délivrés en ville (PHMEV). C’est la raison d’être de l’expérimentation menée depuis octobre dernier visant à favoriser la PHMEV des biosimilaires d’étanercept, d’insuline glargine et d’adalimumab. Une initiative à suivre mais qui pourrait ne pas suffire.
* Médicaments biosimilaires : l’hôpital, premier vecteur de diffusion. Septembre 2019. N° 1123
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