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Fluoroquinolones : des plaintes pour blessures involontaires devant le tribunal

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Publié le 13/03/2023

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Crédit photo : GARO/PHANIE

Des patients souffrant d'effets secondaires graves suite à la prise de fluoroquinolones (Oflocet, Ciflox, Tavanic…) portent plainte contre leurs médecins et contre X pour « blessures involontaires » et « tromperie aggravée ». Ils espèrent l'ouverture d'une enquête par le pôle Santé publique du tribunal judiciaire de Paris.

L'information a été révélée par « FranceInfo » et confirmée ensuite par les avocats en charge de l'affaire. Dans le courant de la semaine, une série de plaintes va être déposée à Paris par une dizaine de patients. Ces plaignants « ont consommé des antibiotiques de la famille des fluoroquinolones et souffrent d'effets indésirables parfois graves et potentiellement irréversibles », affirment leurs avocats. Les patients concernés « estiment ne pas avoir été informés à la fois de la prescription hors AMM de l'antibiotique qui leur était délivré, mais aussi des effets indésirables dont ils ont commencé à souffrir dès après leur consommation ». Les requérants espèrent obtenir l'ouverture d'une enquête par le pôle Santé publique du tribunal judiciaire de Paris « afin de centraliser les investigations ». Ces actions devant la justice font en effet suite à une première plainte, déposée en octobre par un patient, Philippe Coville, qui souffre aujourd'hui de graves neuropathies suite à la prise de fluoroquinolones en dehors des recommandations des autorités sanitaires. Selon lui, six millions de personnes « ont été empoisonnées en France en quatre ans », à cause de prescriptions injustifiées de fluoroquinolones. À l’origine de la création d'une association de patients, il affirme avoir déjà recueilli une centaine de témoignages en Europe, dont la moitié en France.

Indiqués dans le traitement des infections bactériennes graves, les fluoroquinolones sont encore fréquemment prescrites pour des affections banales telles que la cystite, l'otite ou la sinusite. « Malgré plusieurs alertes sur leur dangerosité (...) et les restrictions d'indications intervenues tardivement en 2019 au regard de leurs effets indésirables connus depuis des années, ces antibiotiques restent aujourd'hui massivement prescrits hors du champ de l'autorisation de mise sur le marché (AMM) », dénoncent les avocats des patients. Un avis confirmé par une enquête de l'EMA, datée de mai 2022, qui montre en effet que deux tiers des prescriptions en France sont encore faites pour des indications non prévues par les recommandations.

Comme le rappelle l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), « les fluoroquinolones peuvent être à l'origine d'effets indésirables », notamment des « atteintes du système nerveux », des « troubles neuropsychiatriques », « une affection du système musculosquelettique », mais aussi des « effets indésirables cardiaques très rares mais graves ». Depuis 2018-2019, l'Agence européenne des médicaments (EMA) a d'ailleurs réévalué leur rapport bénéfice/risque, ce qui a conduit « à restreindre leurs indications thérapeutiques et à actualiser leur profil de sécurité d'emploi », rappelle l'ANSM.

Contacté par « FranceInfo », le ministère de la Santé affirme avoir pris des dispositions pour mieux informer les prescripteurs et les dispensateurs sur les risques liés aux fluoroquinolones. Un message d’alerte a été envoyé le 7 mars à l’ensemble des pharmacies de ville et à l’hôpital. Le ministère a également demandé que des messages d'alerte apparaissent dans les logiciels d'aide à la prescription et assure que d'autres actions sont en cours. Toujours selon l'avenue de Ségur, la recommandation de la HAS est également « en cours d’ajustement pour que les fluoroquinolones ne soient plus prescrites dans les cystites simples de l’homme comme c’est déjà prévu dans la cystite simple de la femme ».