En dépit de nombreuses campagnes de sensibilisation, le Bas-Rhin occupe toujours la dernière place en matière de délivrance de génériques sur l'ensemble de la France : fin 2017, le taux de délivrance de génériques y était de 81,9 %, contre 87,6 % pour la France entière, et 85,5 % au niveau du Grand Est. Pour améliorer ces résultats, la caisse primaire du Bas-Rhin a lancé des « programmes d’accompagnement personnalisés », coordonnés par ses délégués d’assurance-maladie (DAM) et basés notamment sur une coopération renforcée entre les médecins et les pharmaciens.
Ces programmes locaux se sont traduits par des résultats très encourageants, à l’image du premier d’entre eux, lancé à l’été 2017 dans le secteur de Westhoffen, à une trentaine de kilomètres de Strasbourg. Les trois généralistes du secteur, confrontés à des « demandes insistantes » de leurs patients pour conserver des spécialités de marque, ont placardé dans leur salle d’attente des affiches fournies par la CPAM, avec des messages annonçant qu’ils n’apposeront plus la mention « non substituable » et que les contrôles de la caisse allaient se multiplier. En outre, ils se sont engagés à ne plus pratiquer de NS sur simple demande du patient. Parallèlement, les DAM ont informé tous les pharmaciens du secteur de la démarche des médecins.
Parler d’une seule voix
Les officines se sont engagées à ne plus renvoyer un patient refusant le générique vers le médecin lorsque la mention NS ne figure pas sur l'ordonnance et à tenir bon face à la pression du patient pour qu’il avance les frais s’il refuse le générique. Cette position commune des médecins et des pharmaciens permet donc de parler d’une seule voix aux patients, résume François Bachert, co-titulaire de la pharmacie de Westhoffen. Il ajoute que certains patients ont certes tenté leur chance dans des officines un peu plus éloignées, mais les DAM sont intervenus auprès de ces pharmacies pour les prévenir également de l’action engagée, et elles ont donc adopté la même attitude.
Les premiers résultats de ces actions ont été obtenus rapidement : le taux de NS sur les ordonnances des médecins, qui tournait entre 16 et 21 %, est tombé à 3 %, et les pharmaciens ont vu leur taux de délivrance dépasser les 90 %, alors qu’il oscillait auparavant entre 80 et 82 %. En outre, souligne la Caisse, les médecins qui redoutaient une fuite de leurs patients vers d’autres confrères ont vu qu’il n’en était rien, et beaucoup estiment avoir retrouvé du « temps médical », puisqu'une fois la question réglée avec leurs patients, ils n'ont plus à s'expliquer et à négocier avec eux à chaque fois.
Cette expérience locale a réussi grâce à la très bonne entente entre les médecins, les pharmaciens et le délégué du secteur, souligne M. Bachert. « Avant son lancement, Westhoffen faisait partie des 10 secteurs du Bas-Rhin les plus mauvais en matière de générique, alors que maintenant, nous faisons partie des dix meilleurs et nous sommes même cités en exemple », ajoute-t-il.
La procédure s’est renouvelée en 2018 dans les secteurs de Gries, Meistratzheim et Reichstett, ainsi qu’à Haguenau, deuxième ville du département, ce qui a impliqué des rencontres plus nombreuses en raison de la taille de la ville et de la présence d’un hôpital important. Toutes ces actions, selon leurs initiateurs, permettent de s’affranchir de la pression parfois forte des patients, lesquels sont informés aussi qu’ils subiront dès 2020 un reste à charge s’ils refusent le générique, conformément au PLFSS 2019.
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %