LA MÉFIANCE des Italiens, ou pour le moins d’une partie de la population, à l’égard des génériques s’expliquerait par un problème de sémantique. C’est du moins l’avis de Silvio Garattini, pharmacologue et directeur de l’institut pharmacologique Mario Negri à Milan. « En italien, l’adjectif générique a une connotation négative », estime Silvio Garattini. Dans un article publié par le quotidien milanais « Il Corriere della Sera », ce pharmacologue explique que le terme générique indique simplement les caractéristiques fondamentales qui distinguent une catégorie, un groupe de personnes ou des choses, et non pas les caractéristiques individuelles.
Alors que faire ? Changer l’appellation des génériques ? « Impossible, le principe du générique étant d’indiquer le principe actif. Donner des noms aux génériques veut dire revenir à la case départ, c’est-à-dire aux produits de marque », explique la pharmacienne Livia Guerra.
Pour rompre le mur de la méfiance des Transalpins, Silvio Garattini préconise une bonne campagne de communication. Objectif : expliquer aux consommateurs l’importance des principes actifs d’un produit pharmaceutique, qu’il ait un nom ou pas. « Dès le départ, il y a eu un problème de communication énorme. On n’a jamais parlé du produit en lui-même en ce qui concerne les génériques. Alors les Italiens ne comprennent pas grand-chose », estime le pharmacologue. Sémantique ou pas, le problème est toujours identique : l’importance pour les consommateurs italiens de la marque de fabrique d’un médicament considéré comme une preuve de garantie et de bon fonctionnement pour enrayer les maladies.
« Ce travail de terrain devrait être effectué par les médecins et les pharmaciens », estime pour sa part Claudio Di Stefano, président de la Fédération nationale des jeunes pharmaciens, la FENAGIFAR. C’est ce que souligne une étude publiée par l’institut de recherche DOXA, qui réaffirme l’importance de la relation entre le patient, le médecin et le pharmacien. Même si, à l’ère d’Internet, les consommateurs ont pris l’habitude de se perdre dans les méandres de la Toile pour chercher des explications. « Notre clientèle ne s’est jamais posée de questions sur le terme générique. Elle nous demande si un générique est aussi efficace qu’un médicament princeps. Je leur conseille d’essayer, en leur soulignant la gratuité du générique et en leur disant que si le produit ne fonctionne pas, ils peuvent toujours acheter le princeps. Avec un peu de démagogie, on résout les problèmes ! », estime pour sa part la pharmacienne Maria Volpi.
Toutefois, les chiffres publiés en mars dernier par Assogenerici, l’association nationale des producteurs de génériques semblent donner tort au Pr Garattini. D’un bout à l’autre de la péninsule, et notamment dans les régions du sud de la botte, la progression du volume des ventes est constante depuis deux ans. « La crise est à l’origine de l’augmentation des ventes de génériques. La sémantique en pharmacologie, les Italiens s’en moquent ! », assène le pharmacien Paolo Pagano.
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