« LA POLITIQUE du développement du générique en France est un succès, à la fois économique, sanitaire, mais aussi pour les économies collectives, se félicite Pascal Brière, président du Gemme, en ouverture de la 3e conférence annuelle de l’association. En 10 ans, 13 milliards d’euros d’économies ont été réalisés grâce au générique. La production est quasi exclusivement française et européenne et le secteur offre 12 000 emplois. » Il souligne également l’intérêt de la chaîne logistique courte, « qui est une chance pour la sécurité sanitaire dans un contexte de tension mondiale sur les approvisionnements ». Cependant, il met en garde les pouvoirs publics contre la tentation de baisser à nouveau les prix des génériques : « l’économie du médicament générique est fragile et les industriels arrivent tout juste à équilibrer leurs comptes ».
Erick Roche, vice-président du Gemme, ajoute que « les industriels du générique contribuent à 6 % des économies sur le médicament aujourd’hui, ce qui est très lourd ». Il rappelle notamment les 200 millions d’euros de baisses de prix supportés par le générique cette année et estime que les génériqueurs sont « totalement étranglés ». Selon lui, de nouvelles baisses de prix auraient de lourdes conséquences sur les coûts de production et de distribution.
De son côté, Mathilde Lignot-Leloup, directrice déléguée à la gestion et à l’organisation des soins de la caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM), rappelle que « la maîtrise des coûts de la santé passe par des baisses de prix de médicaments ». Elle reconnaît néanmoins qu’« elle devrait aussi passer par des réorganisations plus lourdes du système de santé ». Mais ces changements prennent plus de temps et ont des conséquences moins immédiates et moins visibles que des baisses de prix.
Augmenter la confiance dans le générique.
Pour les industriels, une manière plus simple de faire des économies, et moins pénalisante pour eux, serait d’encourager la prescription des génériques. « En France, le pharmacien continue seul à soutenir la politique du générique, regrette Erick Roche. Les médecins n’ont pas changé leur comportement, malgré la rémunération sur objectifs de santé publique qui les encourage à prescrire dans le répertoire. La mention non substituable continue à être très présente sur les ordonnances, certainement pour une grande part à la demande des patients. » Une étude réalisée par Occurrence Healthcare chez 308 pharmaciens a en effet montré que 19 % des ordonnances portaient la mention NS. « Il faudrait une campagne des pouvoirs publics pour redonner confiance aux patients », réclame Erick Roche. De son côté, Victor Lino Mendonça, chef du département Pharmaceutical policy and economics à l’organisation européenne du générique, s’étonne d’un débat sur la qualité du générique en France « qui n’existe pas dans d’autres pays ». « Tous les médicaments ont des effets secondaires, mais les autorités sanitaires européennes garantissent la qualité et l’efficacité des génériques. Il faut leur faire confiance », préconise-t-il. Il recommande également d’inciter les médecins à prescrire en DCI, à l’aide de logiciels d’aide à la prescription, d’informer les acteurs des coûts de santé et d’instaurer un honoraire de dispensation pour les pharmaciens.
Pour sa part, Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), plaide à nouveau pour un accord tripartite entre médecins, pharmaciens et CNAM, afin de redynamiser le marché. Une action qui serait également bénéfique pour l’assurance-maladie, car, comme le souligne Erick Roche « un point de prescription supplémentaire pourrait générer 78 millions d’euros d’économies additionnelles. Et on atteindrait 1 milliard si on passait de 36 % à 50 % de prescription dans le répertoire ». Exactement le montant des baisses de prix de médicaments envisagées dans le plan de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2014…
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