FIN SEPTEMBRE, la ministre de la Santé Marisol Touraine, renouvelait son soutien aux pharmaciens en s’affirmant résolument contre la vente de médicaments hors officine, et en particulier en hypermarché. En revanche, elle indiquait que certains produits ayant une autorisation de mise sur le marché (AMM) pourraient perdre leur statut de médicament. « Que l’on regarde s’il y a des produits qui ont besoin encore aujourd’hui d’être appelés médicaments, je crois que c’est utile (…) Est-il nécessaire que le Fluocaril soit vendu uniquement en pharmacie ? Je pense que non. »
Isabelle Adenot, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) s’est à son tour exprimé en faveur d’un nettoyage de la liste des médicaments. Dans « Le Monde » du 2 octobre dernier, elle indiquait déjà : « Du moment qu’on retire le statut de médicament à des produits qui n’ont aucun danger, comme c’est le cas du Fluocaril, ça ne pose aucun problème qu’ils soient vendus ailleurs qu’en pharmacie. » La présidente de l’Ordre s’est montrée de nouveau particulièrement convaincue par la nécessité de dépoussiérer les AMM, jeudi dernier, dans son discours lors de la convention de synthèse de l’Opération Jeunes. « Le médicament dans sa définition a changé en 2007, lors d’une transposition du droit européen, et il se définit notamment par sa fonction pharmacologique. Cela signifie que des produits totalement inertes, non résorbés, non métabolisés, sans action pharmacologique, peuvent sortir de la liste des médicaments. Je pense par exemple à l’huile de paraffine ou à la vaseline. »
Pour autant, la présidente insiste bien sur le fait que « les médicaments doivent rester exclusivement dans les circuits pharmaceutiques, il n’est pas question de les retrouver dans des centrales d’achat non pharmaceutiques ou sur des étagères peintes en vert en dehors des pharmacies ». Un groupe de travail réunissant des représentants des ministères de l’Économie et de la Santé, le CNOP et les syndicats de pharmaciens, avec l’aide de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) œuvre actuellement à ce « dépoussiérage ». À noter que les pastilles Valda, citées par Marisol Touraine comme pouvant perdre leur statut de médicament, n’ont plus d’AMM depuis 2009, à la demande du laboratoire exploitant de l’époque, GlaxoSmithKline (depuis les fameuses pastilles ont été rachetées par le laboratoire belge Omega Pharma).
Renouer le dialogue.
Isabelle Adenot a choisi, dans son discours, de revenir sur la grande mobilisation de la profession le 30 septembre dernier, satisfaite d’avoir vu une très large majorité des confrères côte à côte pour défendre leur idée de la pharmacie de demain. « Nous voulons des réformes pour progresser et non pour régresser. Rappelons que tout a pris forme en juillet, lorsque les pharmaciens ont été traités de voleurs en toute impunité, sur la base d’un rapport faux et non publié. Nous n’avons pas rompu le dialogue avec notre ministre, Marisol Touraine, car elle est vigilante et n’accepte pas l’inacceptable. Mais nous renouons le dialogue avec le ministre de l’Économie car il a changé d’axe, il quitte ses préjugés et se concentre désormais à la modernisation des professions. Même s’il est trop tôt pour connaître la finalité de ces échanges, je crois pouvoir affirmer que notre mobilisation et la présentation de nos fondamentaux, ainsi que nos propositions pour faire évoluer la profession, ont permis de modifier les mauvaises perceptions de départ sur notre métier. »
Isabelle Adenot appelle par ailleurs à faciliter la circulation de capitaux, les achats groupés et les services entre établissements pharmaceutiques. « Il faut aussi travailler à faciliter les regroupements. Clairement, les SISA sont un repoussoir, un échec. Les professionnels de santé veulent travailler ensemble, mais il y a des verrous à faire sauter. » Quant à l’ouverture du capital des officines à des non-pharmaciens, le CNOP y reste très fermement opposé, mais il est favorable à la prise de participation des jeunes dans l’entreprise officinale pour laquelle ils sont salariés. Un travail est en cours sur ce sujet et il a « 99 % de chances d’aboutir », prévient Isabelle Adenot.
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